Top-Philo.fr

La pensée d'un esprit libre

  • Augmenter la taille
  • Taille par défaut
  • Diminuer la taille

LUMIÈRE : MATIÈRE ET SPIRITUALITÉ


Étoiles

Pour certains d’entre nous, l’univers semble animé de conscience. Il est le théâtre universel dans lequel se joue la « divine comédie ». Cette pièce, qui revêt souvent des aspects dramatiques, a commencé, il y a bien longtemps, au sein même d’un éventuel Chaos Primordial. Elle aurait débuté lorsque pour la première fois la Conscience Divine, c’est-à-dire la Lumière, s’est mise à briller, à se réfléchir. Depuis cet instant, que toutes les traditions appellent Premier Jour, le mouvement est apparu, le statique est devenu dynamique et l’univers entier s’est mis en chemin vers la Lumière.

L’homme, en tant que créature douée de conscience réfléchie, participe de ce mouvement universel et contribue à son avancement. En tant que mystique, on peut considérer que l’homme, dans son incarnation terrestre, constitue un miroir de la Divinité, l’outil de sa propre réflexion. Certes, ce miroir paraît bien imparfait au regard de la mission qui est la sienne, mais le miroir, avant d’être parfait, n’est qu’un morceau de verre, un cristal de roche ou une plaque métallique. Ce n’est qu’aux prix de multiples polissages qu’il acquiert peu à peu et affine progressivement sa capacité de réflexion. Cette très longue opération est une abrasion, qui consiste à enlever progressivement, par friction avec un corps abrasif au grain de plus en plus fin, les défauts originels qui empêchent la lumière de se réfléchir correctement.


Le monde extérieur n’est que la projection de la lumière intérieure de chaque homme combinée au sein de l’humanité. Plus la conscience collective de l’humanité sera éclairée, plus le monde extérieur sera lumineux. La conscience collective est constituée de la somme des consciences individuelles, et par conséquent elle est en perpétuelle évolution.


Le mystique est un homme parmi les autres. Comme tous les hommes, il possède en lui une part d’ombre et une part de lumière. Ce qui fait de lui un être différent, c’est qu’il cultive consciemment la part de lumière qui est en lui, car il sait que c’est là que se situe sa propre essence divine, son âme. Dans l’humanité, nombreux sont ceux qui tentent de cultiver cette part de lumière par différents moyens. Le mystique, quant à lui, cherche simplement l’union avec cette parcelle divine qu’il reconnaît comme son Maître Intérieur. Il œuvre dans le grand laboratoire de la vie, pour réaliser le mariage mystique de l’âme et de la personnalité. Sa quête est donc avant tout une aventure intime, un voyage intérieur vers la source qui l’anime. La découverte progressive de cette source, qu’il considère comme son bien le plus précieux, le conduit à participer de plus en plus consciemment à l’enrichissement de la conscience du groupe humain. Il est donc un moteur dans le mouvement général de l’humanité vers la Lumière, c’est sa fierté, son désir, son devoir.



1 — LUMIÈRE COSMIQUE, LUMIÈRE DU MONDE.



1.1. — PHYSIQUE ET MYSTICISME.


Il y a des liens évidents entre la manière dont se manifeste à nous la lumière physique, celle à laquelle sont sensibles nos yeux, et la lumière cosmique, celle à laquelle est sensible notre âme. Aussi la connaissance de la lumière physique nous permet de retrouver des lois qui concernent la lumière cosmique à l’œuvre dans notre monde manifesté. Voilà ce que j’aimerais d’abord montrer.

Je vous montrerai ensuite que la théorie de la lumière physique a conduit au début du XX° siècle à une véritable révolution de la pensée, qui a obligé tout naturellement certains physiciens à se faire philosophes. Cette révolution a conduit le physicien à découvrir un autre niveau de réalité qui obéit à des lois que la Métaphysique connaît bien.

Nous verrons enfin que certains concepts, forgés par le physicien pour rendre compte de l’observation, pourraient lui permettre de renouer avec une véritable philosophie de la nature. Il faut entendre cette expression au sens où l’entendaient les grands théosophes du passé comme Jacob Böhme et autres.



1.2. — LA RÉFLEXION


Tous, nous connaissons bien le phénomène de la réflexion par lequel la surface qui sépare l’air de l’eau, ou bien l’air et le verre, renvoie la lumière qu’elle reçoit dans une autre direction. Tout se passe comme si la lumière rebondissait sur la surface de séparation comme une balle lancée sur un mur. On dit alors que cette surface agit comme un miroir. Celui-ci permet de voir ce qui envoie la lumière, de voir la source de la lumière. La source s’y reflète. Tout objet qui se reflète dans un miroir est pour celui-ci une source de lumière. Notons que seul le miroir nous permet de nous contempler et d’avoir une idée de notre apparence. Mais nous savons bien qu’il existe d’autres miroirs qui nous renvoient une image bien plus importante de nous-mêmes, image qui parfois d’ailleurs ne nous plaît guère et qui nous trouble : ce sont tous les êtres humains avec qui nous communiquons. D’une certaine manière ils nous renvoient la lumière que nous leur envoyons. Sans les êtres qui nous entourent, pourrions-nous vraiment nous connaître ? La Lumière cosmique, elle aussi, pour prendre conscience de sa vraie nature, a besoin de se refléter dans l’homme.



1.3. — LA RÉFRACTION


La lumière physique peut aussi traverser la matière transparente. À la surface de séparation de l’air et de l’eau par exemple, on observe alors le phénomène de réfraction qui vient du latin « refractere », briser. C’est l’expérience classique du bâton plongé dans l’eau, qui apparaît comme brisé à la surface de séparation d’avec l’air. Ici, le milieu qui reçoit la lumière la fait changer de direction, mais aussi il lui fait subir une transformation. Par exemple la lumière du soleil, composée comme nous le savons d’une gamme de couleurs, peut se décomposer. On observe cet effet dans l’atmosphère lorsque, un orage ayant purifié l’air ambiant de toutes les particules en suspension, la lumière du soleil subit la réfraction à travers les fines gouttelettes d’humidité encore en suspension dans l’atmosphère. En réalité, toute surface optique, c’est-à-dire toute surface séparant deux milieux différents, est le siège des deux phénomènes à la fois : une partie de la lumière, qui y tombe, est réfléchie et l’autre partie est réfractée.

N’en est-il pas de même de la Lumière cosmique, elle pénètre les êtres, permettant à chacun d’en révéler des couleurs particulières ? N’est-ce pas ainsi, à travers son action dans la Création, que se brise l’Unité de cette Lumière cosmique, pour nous apparaître dans la diversité infinie de sa fragmentation ? N’est-ce pas aussi lorsque nous nous sommes purifiés le corps et l’esprit, que nous pouvons le mieux laisser se manifester la Lumière cosmique qui est en nous, et la laisser prendre alors la coloration que lui imprime notre personnalité profonde ? Du fait, cette Lumière cosmique est, elle aussi, destinée à être, d’une part réfléchie par nous-mêmes vers les autres, et d’autre part réfractée en nous, pour agir et nous transformer, chacun selon notre couleur propre. On peut dire aussi que la réflexion de la Lumière cosmique, c’est l’action, et que sa réfraction, c’est la contemplation.



1.4. — LA DIFFRACTION


Il existe une autre propriété de la lumière : elle peut se diffracter. La diffraction, c’est ce que qui se produit par exemple lorsqu’on observe un faisceau de lumière tombant d’un vitrail dans une église. Cette lumière n’est perçue que parce qu’elle éclaire les minuscules poussières en suspension dans l’air. Sans ces poussières, la lumière ne nous serait pas visible. En réalité, ce sont les particules de poussière que nous voyons. D’une manière générale, nous ne voyons jamais que les objets éclairés par la Lumière, et non la lumière ! La lumière physique ne se manifeste à nous que d’une manière dynamique pourrait-on dire, à savoir grâce à son action sur la matière. Voici ce qu’en disait un grand mystique Saint Jean de la Croix dans « La Nuit obscure de l’esprit » :


« Voici un rayon de soleil qui entre par la fenêtre. Plus il est pur et dégagé de particules, moins il est visible ; plus au contraire il y a de particules de poussière dans l’air, plus il semble perceptible à l’œil. Le motif de ce phénomène c’est que ce n’est pas que le moyen par lequel nous voyons tout ce qu’elle éclaire, et nous ne la voyons que par la diffraction qu’elle produit autour d’elle, sans cela on ne la verrait pas…

Voilà, ni plus ni moins, ce que produit ce divin rayon de la contemplation de l’âme. En investissant l’âme de sa Lumière, ce rayon divin dépasse les forces naturelles et affections naturelles qui lui étaient venues de la lumière naturelle… C’est ainsi en laissant l’âme dans le dépouillement et les ténèbres que ce rayon divin la purifie et l’éclaire de sa divine lumière ; l’âme ne s’en doute pas ; elle se croît toujours dans les ténèbres. C’est ce que nous avons dit du rayon du soleil qui, tout en se trouvant au milieu de l’appartement, reste invisible pour nous, s’il est pur et s’il ne rencontre pas quelque objet qui le reflète ou le diffracte. Mais quand cette lumière spirituelle qui investit l’âme rencontre quelque objet qui la reflète ou la diffracte, c’est-à-dire un point de perfection spirituelle qu’il s’agit de comprendre, si petit qu’il soit, ou un jugement vrai ou faux qu’il faut porter, aussitôt l’âme le voit et le comprend beaucoup clairement qu’avant d’avoir été plongée dans les ténèbres. »


Nous voyons ainsi, à propos de ces exemples simples, combien il est facile d’établir des analogies entre les propriétés de la lumière physique et celles de la Lumière Cosmique. Il est dès lors tentant de se demander si la connaissance de la nature profonde de cette lumière physique, aux propriétés si mystérieuses et si proches de la Lumière cosmique, peut nous aider dans la compréhension des lois cosmiques.



1.5. — LES VIBRATIONS ÉLECTROMAGNÉTIQUES


Jusqu’au milieu du XIX° siècle, on avait considéré la lumière comme formée de corpuscules matériels. C’est alors que fut découverte une propriété nouvelle de la lumière : celle de produire des interférences. Pour expliquer ces dernières, on a été obligé de considérer que la lumière n’était pas constituée de corpuscules mais plutôt d’ondes ayant les mêmes caractéristiques que les ondes électromagnétiques. Cette représentation permet alors d’expliquer toutes les propriétés de la lumière physique connues à cette époque. Selon cette théorie, la lumière visible ne couvre qu’une partie de la gamme des ondes électromagnétiques qui comprend le domaine des ondes radio, infrarouges, visibles, ultraviolettes et au-delà, les rayons X et les radiations plus subtiles. Remarquons que la chaleur, associée aux basses fréquences vibratoires de la lumière, apparaît comme la forme le plus dégradée de la lumière, celle qui est associée à la densité.



1.6. — LE PHOTON


Au début du XX° siècle, la découverte de l’effet photoélectrique vient de nouveau mettre à bas le bel édifice de la théorie électromagnétique, car l’effet photoélectrique ne peut pas s’expliquer par le caractère ondulatoire de la lumière : tout se passe ici comme si la Lumière était formée de grains ou quanta de pure énergie appelés photons. Remarquons que ce grain de lumière, le photon, a des propriétés particulières : c’est un corpuscule sans masse, il se meut dans le vide à la vitesse maximum possible que fixe la théorie de la relativité. Il est toujours en mouvement ; il ne se laisse ni capturer, ni observer. Du moins ce messager insaisissable, pure énergie, se transforme-t-il lorsqu’on le capture. La lumière est réellement condamnée au mouvement pour conserver son existence.



1.7. — ONDE OU CORPUSCULE


Il a donc fallu accepter de conférer à la lumière physique un comportement double et contradictoire, celui d’onde et de corpuscule, que bien des physiciens se refusèrent pendant longtemps à accepter. C’est que ces deux approches, corpusculaire et ondulatoire, sont inconciliables dans la logique de notre monde sensible, dirions-nous. Qu’y a-t-il d’incompatible entre ces deux représentations ? Une onde, une vibration occupe tout l’espace, théoriquement jusqu’à l’infini, elle y présente en chaque point un état différent, comme une ride à la surface de l’eau ; un corpuscule occupe au contraire un espace extrêmement réduit en dehors duquel il n’existe pas. Pour ce qui est de la lumière physique, onde et corpuscule, il faut admettre qu’il n’existe ainsi aucune façon de nous la représenter à la fois comme onde et comme corpuscule. Il faut admettre que certaines de ses propriétés s’expliquent très bien si on lui prête le caractère d’une onde, et que certaines autres, incompatibles avec ce caractère ondulatoire, s’expliquent au contraire fort bien si on la considère comme composée de grains, ou quanta, porteurs d’énergie, les photons. Et pourtant nous observons bien les effets de la lumière qui dérivent des deux aspects inconciliables de sa nature.

Quant au physicien, on peut dire qu’il a résolu son problème aujourd’hui : renonçant à la possibilité de se représenter physiquement les phénomènes, il a construit un modèle abstrait, purement mathématique, une théorie qui concilie l’approche ondulatoire et l’approche corpusculaire et qui est capable de rendre compte des phénomènes observés. Il est ainsi capable de dire le comment mais pas de dire le pourquoi. Cette théorie de la lumière est considérée comme la plus au point des théories physiques. Ainsi notre grain de lumière et plus généralement, comme nous le verrons, toute particule quantique, peuvent être décrits approximativement en termes soit de corpuscule classique, soit d’onde classique, mais la particule quantique elle-même n’est ni corpuscule ni onde. Ces deux aspects inconciliables, contradictoires, apparaissent comme deux aspects complémentaires de la particule.



1.8. — UN AUTRE NIVEAU DE RÉALITÉ


Bien entendu, notre logique habituelle n’est pas compatible avec cette idée de complémentarité. Certains physiciens, devenus philosophes par la force des choses, se demandent si la logique ne devrait pas s’adapter aux niveaux de connaissances auxquels elle se rapporte. Ainsi celle qui permet de se rendre compte des manifestations à l’échelle quantique, par exemple, ne pourrait-elle pas être différente de celle gouvernant le monde manifesté directement à nos sens ? Et si une logique différente apparaît nécessaire, ne faut-il pas voir là, la preuve que nous venons d’accéder à un niveau de réalité, celui du monde quantique ?



1.9. — DUALITÉ, LOGIQUE DE LA CONTRADICTION


Mais, pour ceux qui sont familiers des enseignements de la Tradition, s’agit-il vraiment d’une découverte et d’une révolution ? Ou du moins, la révolution ne vient-elle pas de ce que la physique, par l’observation de la nature, redécouvre une loi mystique bien connue qui s’appelle Loi de dualité ? Ainsi, par exemple, c’est bien une dualité Lumière/Ténèbres qui est à l’origine de la Création. Il tentant d’associer ici le concept de Lumière à celui d’onde et d’expansion, et le concept de Ténèbres à celui de corpuscule et de contraction. On ne peut s’empêcher d’être frappés par le rapprochement qui semble s’imposer ici, avec cette même logique contradictoire que développe Jacob Böhme, le grand théosophe allemand du XVI° siècle. Lorsqu’il explique la structure ternaire de la Réalité non encore manifestée, déterminée par l’action de trois principes, indépendants mais interagissant, tous les trois à la fois : force négative correspondant aux ténèbres, force positive correspondant à la lumière et force conciliatrice correspondant à ce qu’il appelle « extra génération ». C’est une dynamique de contradiction qui est à l’origine de l’interaction de ces trois principes et qui permet justement la manifestation.



1.10. — LA LUMIÈRE ARCHÉTYPE DE L’ÉTOFFE DE L’UNIVERS


« L’électromagnétisme quantique » est la théorie mathématique qui avait pour objet de fournir une théorie de la lumière capable de rendre compte de ses caractères corpusculaire et ondulatoire. Le succès de cette théorie ont incité les physiciens à en appliquer les méthodes à toute la faune peuplant le monde qu’on appelle sub-nucléaire, les particules quantiques, qui sont les constituants de l’univers. Ainsi toutes ces particules, qui constituent le substrat de la Création, ont-elles, comme la lumière, une double nature, à la fois ondulatoire et corpusculaire. On ne saurait trop souligner ici le rôle d’archétype que la lumière a joué en physique pour ouvrir la voie à une nouvelle compréhension du monde : c’est elle qui a servi de modèle pour expliquer le comportement de la matière. En somme la lumière a permis de poser un « regard » sur le monde dans tous les sens du terme.



1.11. — LE CHAMP ET L’INTERDÉPENDANCE QUANTIQUE


Cette théorie, ainsi étendue à l’ensemble des particules élémentaires, fait appel à une notion qui me semble particulièrement intéressante pour le mystique : la notion de champ. J’en arrive ainsi au troisième point où je voudrais vous montrer que la physique moderne peut conduire tout naturellement à une véritable philosophie de la nature. On considère que toute particule modifie par sa présence les propriétés de l’espace qui l’entoure : on dit qu’elle crée un champ. Elle « sensibilise » en quelque sorte l’espace autour d’elle. De sorte que chaque point de cet espace devient apte à communiquer une force. Et cette force n’attend en quelque sorte qu’une occasion pour se manifester : ainsi, en attendant de devenir active, elle est potentielle. La présence d’une deuxième particule permettra à cette force de se manifester et de passer ainsi d’un état de potentialité à un état d’actualité.

En réalité, lorsque plus de deux particules sont en présence, toutes contribuent à construire un champ résultant et, en contrepartie, chacune d’entre elles subit l’influence de ce même champ. Aussi, lorsque l’état d’une seule de ces particules est modifié, c’est tout le champ résultant qui l’est à son tour, entraînant alors une action sur toutes les autres particules : elles sont toutes interdépendantes ! Notre monde est un monde de particules interdépendantes. Au niveau de la réalité quantique, tout est lié ! Ne voilà-t-il pas, appliqué au domaine de la physique, l’illustration d’une loi que les mystiques connaissent bien ?



1.12. — LE VIDE QUANTIQUE ET LA CRÉATION


En fait, dans cette théorie, le photon y apparaît comme une granularité, une sorte de singularité du champ électromagnétique lui-même. D’une manière plus générale, dans cette théorie, lorsqu’on l’applique à toutes les particules qui peuplent l’univers, on est arrivé à considérer que chaque particule est le résultat d’une excitation ou quantum d’un champ. Ainsi il n’y a pas de particules soumises à des forces, mais des champs en interaction. Et la réalité que nous observons, c’est-à-dire le monde qui nous entoure est le résultat de ces interactions. Remarquons que l’espace où règne le champ, entre les particules, c’est le vide. Et nous voyons tout de suite que ce vide-là, celui du physicien, n’a rien à voir avec le vide auquel nous pourrions penser en général : il est riche de potentialités, il est partout en attente d’interactions. Dans ce vide peuvent apparaître ou disparaître des particules nouvelles comme résultat des effets dynamiques créés par les particules en présences. Cette démarche amène le physicien à considérer la matière comme actualisation de potentialités contenues dans un champ. Cette démarche ne peut nous laisser indifférents. Car la transposition de cette affirmation dans un langage mystique pourrait s’énoncer ainsi : le vide cosmique est le siège de vibrations locales qui peuvent donner naissance à la densité.



1.13. — MANIFESTÉ ET NON-MANIFESTÉ


On peut dès lors affirmer que la réalité sous-jacente (ou encore le non manifesté) est constituée par les champs, tandis que la réalité manifestée est celle des particules. Il est très difficile, bien sûr, de visualiser une telle représentation de la réalité. Pourtant, cette manière de présenter les choses offre l’avantage de monter clairement l’unité du monde : on y voit coexister le manifesté, ou plus exactement le non manifesté en attente de manifestation, c’est-à-dire les champs. Pourquoi n’essayerions-nous pas de nous appuyer sur ces concepts de la physique pour nous permettre une représentation de lois mystiques ? Ainsi, pourquoi ne pas introduire le concept de champ dans le domaine mystique ? Il pourrait ici aussi donner lieu à tout un formalisme qui permettrait peut-être de rendre certaines notions mystiques plus faciles d’accès à notre compréhension. Ne pourrions-nous pas, par exemple, considérer que l’âme universelle est un champ dont les granulations ou quanta sont les âmes personnalités, ces granulations demeurant dans un état virtuel lorsqu’elles sont en attente d’incarnations. Quoi qu’il en soit nous commençons à percevoir, me semble-t-il, un lien entre ces nouveaux schémas représentatifs de la physique moderne et la description des principes à l’œuvre dans les mondes manifestés et non manifestés qu’on peut trouver dans les grands textes mystiques.



2 — INFLUENCE DE LA LUMIÈRE SUR LA SANTÉ


Nous n’accordons pas assez d’importance à la valeur curative de la lumière. Le Soleil était pourtant considéré en ancienne Égypte comme la source de la guérison. Les philosophes grecs recommandaient les bains de soleil. À la fin du XIX° siècle, il y eut de nouveau une grande vogue pour la balnéothérapie, souvent associée aux cures thermales. Par la suite, les découvertes qui portèrent sur la composition du spectre solaire, notamment les ultraviolets, poussèrent la médecine à utiliser leur rayonnement. Aujourd’hui on parle plutôt des méfaits du Soleil, des risques de cancer de la peau liés à certains ultraviolets. En fait, on ne fait en cela que de reconnaître notre impuissance à maîtriser les vertus de la lumière, pourtant cette lumière du Soleil est la source principale de la vie e de l’énergie sur la Terre. D’un point de vue métaphysique et mystique, la lumière visible et sa représentation, le Soleil, ne sont pas pour nous l’essentiel. Nous parlons du feu comme d’un principe chargé de lumière, le mot principe signifiant : « au commencement », à l’origine, c’est-à-dire que nous nous référons à des principes présents au commencement des choses créées, de l’être et de son attribut principal : la plus grande Lumière. Il y a en fait les principes que sont le feu, mais aussi l’eau, l’air et la terre. Ces quatre principes contiennent donc l’essence de la lumière : ils sont la mémoire et la manifestation visible et c’est en ce sens que l’on peut dire que d’une part, les quatre principes contiennent tous une parcelle de la Lumière divine, et d’autre part, la lumière visible n’est qu’une infime partie parcelle des manifestations de la Lumière éternelle et divine. Vu sous cet angle métaphysique, ce n’est donc pas seulement la lumière qui est importante pour la santé, c’est la lumière tout entière, c’est-à-dire la plus grande Lumière qui contient à elle seule toute la lumière de l’univers. On peut définir globalement la lumière comme l’expression vibratoire de toute la Création, la plus grande Lumière étant la source d’une énergie qui se manifeste sous des aspects vibratoires et ondulatoires de fréquences plus ou moins élevées, formant ce qu’il serait judicieux de dénommer ici, le « Clavier cosmique ». Chacune des octaves de ce clavier, depuis l’Esprit qui forme la matière jusqu’à l’Essence cosmique d’où tout provient, reste liée à l’ensemble dans une loi d’harmonie, d’interdépendance et de synchronisme.

Chacune des vibrations du Clavier cosmique constitue en outre une lumière particulière qui se manifeste selon une double nature, une double polarité. On parlera de polarité positive et de polarité négative comme c’est le cas pour l’électricité. La polarité négative étant plus proche de la matière, elle a tendance à se condenser pour prendre une nature corpusculaire grâce à sa nature cohésive, tandis que la polarité positive, qui est extensive, est plutôt ondulatoire comme cela se manifeste pour les cercles concentriques formés à la surface de l’eau. Ayant considéré la nature des forces de la lumière, nous devons à présent analyser ce qu’est la santé. Toujours d’un point de vue métaphysique, la santé est à la fois un état d’équilibre et un état d’harmonie de l’être incarné ; car l’être est double en nature et triple en manifestation. De ce que nous venons de dire sur la Lumière, nous pouvons déduire que la santé est l’état d’équilibre des deux polarités positives et négatives de toutes les vibrations qui forment notre triple manifestation, au niveau physique, celui de l’esprit, au niveau psychique, celui de notre moi psychique, celui de notre moi psychique incarné et au niveau spirituel, celui de notre âme-personnalité. Chacun de ces plans constituant une infinité de vibrations que nous appellerons lumière physique, lumière psychique et lumière spirituelle.

La santé est aussi un état d’harmonie entre ces divers plans de notre être entre eux et avec le plan spirituel qui est la source de notre existence, cette harmonie nécessite une prise de conscience ou encore une élévation de conscience vers la plus grande Lumière. C’est cela qui permet de maintenir à la fois la santé physique, la santé psychique et la santé spirituelle. Nous pouvons alors dire que nous sommes en bonne santé sur les trois plans de notre être. La lumière influence la santé car elle produit la conscience en se réfléchissant d’un plan sur l’autre. La plus grande Lumière est donc le niveau le plus élevé de conscience, bien au-delà de tout ce que l’homme peut concevoir. Or ce qui dirige notre santé, les fonctions involontaires de notre corps physique et psychique, c’est justement cette lumière supérieure, cette conscience supérieure. C’est ce plan supérieur de conscience qui guérit le plan physique par l’intermédiaire des autres plans psychique et spirituel. Nous devons donc apprendre à concentrer notre conscience, à la tourner à l’intérieur de nous-mêmes, pour nous unir à cette lumière spirituelle qui est en nous.

La science admet l’influence de la lumière physique, mais elle n’admet pas encore nettement qu’il puisse exister une sorte de lumière psychique comme celle dont il est ici question, et pourtant tous s’accordent pour reconnaître ce que l’on nomme la psychosomatique. Or, qu’est-ce que la psychosomatique ? C’est l’interférence du mental ou de la lumière physique avec le psychisme, c’est-à-dire la lumière vibratoire psychique, elle-même plus ou moins pénétrée par la Lumière et la conscience spirituelle. D’un concept, matérialiste de la vie, basé sur la seule biochimie, nous serons tôt ou tard bien obligés de reconnaître que tout est vibrations et que celles-ci sont en fait de la lumière comme c’est le cas pour les corpuscules électroniques qui forment la matière. Je vais donc à présent évoquer successivement la lumière physique, puis la lumière psychique et enfin la lumière spirituelle et leurs influences sur la santé.



2.1. — LA LUMIÈRE PHYSIQUE ET LES COULEURS


Le Soleil et la lumière physique affectent aussi le cycle de nos glandes endocrines, notamment la pinéale (épiphyse) et la pituitaire (hypophyse). Ils nous influence également de manière indirecte, par les pigments qui, dans la nature, captent et engrangent la lumière dans des molécules à la base de la vie de nos cellules sur le plan métabolique : ces pigments dont d’ailleurs pour la plupart des vitamines, qui par définition, sont porteurs de vie et donc de lumière. Parmi les vitamines, on peut citer le carotène ou vitamine A végétale, de couleur orangée et anti-dégénérative, les vitamines C rouge orangé, toniques et stimulantes, les vitamines B de couleur jaune qui aident à transférer la force vitale dans les cellules et favorisent de ce fait la croissance cellulaire, etc. Cela nous amène à considérer le rôle des couleurs en relation avec les vertus curatives de la lumière physique et les divers traitements holistiques basés sur celle-ci. L’influence du soleil, de la lumière physique est donc essentielle pour le corps physique qu’elle stimule ainsi que notre moral, notre intellect, notre vie et nos glandes endocrines. La lumière est aussi véhiculée dans le corps par les hormones. Il se peut que ces que ces substances biochimiques soient capables de véhiculer une parcelle de la lumière des centres psychiques. Ces centres reçoivent leur énergie du moi psychique et correspondent chacun à une glande ou un plexus nerveux du corps humain.



2.2. — LA LUMIÈRE PSYCHIQUE


Cela nous conduit à présent à considérer la lumière psychique qui est à l’origine de la force vitale. La force vitale est à l’origine de la Vie et dépend de la lumière spirituelle qui est en nous. C’est cette lumière qui dirige les fonctions vitales du corps, le système sympathique en est le support. Bien qu’il n’y ait pas de couleur à proprement parler à ce niveau, la lumière psychique, lorsqu’elle est projetée dans les aires visuelles à partir de la glande pinéale, peut aussi prendre la forme de couleurs psychiques. La lumière psychique est un mouvement lumineux, une force de nature spirituelle. Elle se manifeste de manière indépendante avec le premier souffle de vie : lorsque notre âme-personnalité pénètre dans le corps physique à la naissance, ce qui sera le temple de notre âme, celle-ci est accompagnée de sa propre lumière spirituelle ; elle prend le relais de la lumière psychique qui était déjà dans le corps du bébé en provenance de la mère. À ceci près que ce qui est alors la lumière psychique venue du fœtus est sans personnalité puisque c’est la mère qui le nourrit comme elle nourrirait l’un de ses propres organes.

De même, à ce stade qui précède la naissance, la lumière spirituelle de l’âme est également impersonnelle tant que l’enfant n’a pas fait l’apprentissage de son propre Moi. À la première inspiration, le souffle de vie et avec lui la force vitale et la lumière spirituelle pénètrent dans le corps du nouveau-né, et il devient une âme-personnalité vivante. C’est ensuite par la projection spirituelle à travers ses cinq sens vers le monde physique qu’il commence à percevoir sa propre existence comme séparée du reste de la Création dont il perçoit le reflet. C’est cette projection par les portes des cinq sens qui produit la prise de conscience de son indépendance et donc de sa personnalité. À la naissance, la lumière spirituelle est d’abord focalisée dans le centre psychique du thymus, puis de là, elle gagne le cœur et se projette ensuite dans les centres supérieurs, par le système sympathique, ensuite elle gagne le système cérébrospinal ; parallèlement, les centres donnent leur cycle aux glandes endocrines.

Dans le même temps, l’âme prend conscience des émotions élevées que l’enfant développe en présence de ses parents et des autres êtres avec lesquels il communie, mais aussi dans son propre monde imaginaire et psychiquement sans l’invisible avec lequel il reste très longtemps lié. Ces émotions sont celles de l’amour universel maternel et paternel, puis peu à peu, l’être prend conscience de lui-même, c’est-à-dire qu’il développe les qualités de son âme. Il manifeste les traits de caractère les plus marquants qui sont ceux de la lumière de son moi psychique, tels que la compassion, la paix, la joie, la sérénité spirituelle, etc. Tout au moins, c’est ce qui devrait normalement ce passer au cours des premiers temps de l’incarnation ; malheureusement, l’emprise du monde matériel, les stress et le refus de reconnaître, lors de l’éducation, l’existence de phénomènes métaphysiques, créent des pensées discordantes nées du mental et de la conscience objective : ces pensées détournent l’énergie lumineuse psychique, la réduisant l’influence positive à la lumière spirituelle dans le corps psychique. Cela retentit sur les centres psychiques qui perdent de leur efficacité puis sur les glandes endocrines avec lesquelles ces centres correspondent.

Or, c’est de cette énergie, captée par le premier souffle et par la suite à chaque respiration que dépend la perception de la plus grande Lumière en nous, et c’est cette énergie psychique de la respiration qui donne la pleine conscience et constitue la polarité positive de la Force Vitale. Depuis nos centres psychiques, cette énergie rayonne à travers les plexus sympathiques qui sont en quelque sorte des transformateurs d’énergie psychique en énergie magnétique et électrique.

Cette énergie nerveuse sympathique véhicule en elle l’énergie psychique dans tout le système sympathique, où elle se condense dans les ganglions sympathiques et vers les fibres nerveuses sympathiques, notamment des mains. C’est l’ensemble de cette circulation d’énergie qui est ce que l’on appelle la Force Vitale. Cette force à donc besoin, pour se manifester, de deux énergies complémentaires : l’une est captée par la respiration, c’est la polarité psychique et positive de la Force Vitale, l’autre est captée par la nourriture et sous l’effet du contact avec la Terre, en relation avec la polarité magnétique terrestre et elle est de nature négative. Notre être psychique reste toujours lié à sa source cosmique notamment par l’intermédiaire du Soleil et sa lumière induit dans notre être des pensées et des émotions élevées et du courage. Cela augmente le tonus psychique et le moral.



2.3. — LA LUMIÈRE SPIRITUELLE


Pour terminer, j’aborderai la Lumière spirituelle : notre être baigne dans un océan de lumière qui attend pour se manifester que nous nous harmonisions avec Lui. Son essence se manifeste par les quatre principes ou états de la manifestation de son énergie : l’eau, l’air, la terre et le feu. Dans ces quatre principes, nous tirons notre existence tant physique que psychique, car ils sont la manifestation de la Vie. Mais ces quatre principes ne sont pas tels que nous les percevons par nos sens. Nous devons, pour faire appel à eux, laisser notre conscience psychique les pénétrer et nous mettre en union harmonieuse avec eux. La lumière spirituelle produit la conscience spirituelle dans notre être, à condition de nous tourner vers elle. Nous la percevons grâce à la méditation et ceci devient alors un exercice de régénération, tant psychique que physique. La méditation permet de stimuler la production de la Force Vitale. Notre être se comporte alors comme une sorte de transformateur capable de se charger de cette énergie, de cette Lumière et de cette force pour nous ou pour autrui.



3 — CONCLUSION


Avec les quelques réflexions qui précèdent, j’ai essayé de montrer, à propos de la lumière, que certaines lois de physique peuvent servir de point d’appui pour une méditation sur les lois par lesquelles agit la Lumière cosmique. J’ai montré, à propos d’un exemple que la physique, des deux derniers siècles, avait découvert que d’importantes lois mystiques étaient inscrites au cœur de la matière. Je viens de souligner que certains que certains concepts de la physique moderne mériteraient peut-être d’être utilisés pour la présentation des Lois de la Tradition. Il nous a été possible d’entrevoir ainsi le lien très réel qui existe entre la physique moderne et la Tradition. L’astrophysicien Michel CASSÉ (Du vide et de la création) a dit : « La physique moderne nous invite à faire un rêve non dans l’imaginaire mais dans la réalité ».

Pour terminer, laissons la parole au poète Novalis (Hymne à la nuit) :


« Quel être doué d’intelligence n’aime avant tout la Lumière, merveille des merveilles de l’espace qui l’entoure ? Source rayonnante de joie, onde irisée, omniprésente et douce à l’éveil du jour ! les vastes mondes stellaires dans leur course incessante l’aspirent tel un principe de vie baignant et dansant parmi son flot azuré — le minéral étincelant qui l’absorbe, immuable — le végétal pensif, nourri de sève — l’animal ardent, indomptable, multiforme — et l’homme enfin, superbe étranger à la démarche légère, au regard profond et aux lèvres délicatement entrouvertes sur un verbe mélodieux.

Lumière souveraine de la nature, qui appelle toute force vive à d’innombrables métamorphoses, qui noue et dénoue perpétuellement ses alliances et nimbe de son image céleste chaque être ici-bas, révélant par sa seule présence la prodigieuse splendeur des règnes de ce monde. »


Rien ne repose ; tout remue ; tout vibre. LE KYBALION



Philippe Lassire



VOS COMMENTAIRES


Je vous ai découvert, il y a peu de temps sur ce site, et depuis j’ai lu la totalité de vos travaux. Ce dernier article me dépasse un peu eu égard à l’ampleur du sujet, mais je vais le relire autant de fois qu’il le faudra. Bravo et continuez à nous transmettre votre sagesse le plus longtemps possible.


Je vous remercie de me communiquer si gentiment vos impressions. Dans ce domaine de la lumière (physique, mais aussi spirituelle, donc métaphysique) nous avons tous une réflexion à accomplir. Par cette réflexion, l’homme découvrira qu’il est un observateur privilégié placé entre deux plans : le microcosme et le macrocosme. De ce nouvel acquis, et continuant son évolution, l’homme deviendra un point vivant d’interrogation. La perception de la création par l’intermédiaire de son sens de la vue lui paraîtra limitée. Fermant les yeux et ouvrant sa conscience, c’est par un long travail qu’il se mettra à l’écoute de ses autres capteurs que sont entre autres : la glande pinéale, la glande pituitaire, le système nerveux sympathique, devenant ainsi récepteur et conscient d’autres vibrations, tous aussi réelles, mais en dehors de la lumière visible, complétant ainsi sa perception et par conséquent son évolution. Comprenant enfin que la lumière visible n’est qu’un maillon de la longue chaîne qu’il découvre, il s’intégrera avec émerveillement dans cette unité. Le grand poète toulousain Maurice Magre l’avait merveilleusement résumé en une phrase : «  L’amour divin est l’amour de la lumière et celui qui le pratique devient semblable à ce qu’il aime ».


On connaît la complainte de Guillaume Apollinaire :

«  Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine 
»

Écoulement perpétuel, chanté, déploré par combien de poètes, mais aussi point fixe :

« Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure 
»

À la fin de son oeuvre (Le temps retrouvé), Marcel Proust décrit les hommes « comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle restreinte qui leur est réservée dans l'espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu'ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes — entre lesquelles tant de jours sont venus se placer — dans le Temps ».

D'abord le passé n'est pas simplement «  passé » ; à jamais disparu. Freud note : «  Rien, dans la vie psychique, ne peut se perdre, rien ne disparaît de ce qui s'est formé, tout est conservé d'une façon quelconque et peut reparaître dans certaines circonstances favorables ». Le travail de Bergson dans «  Matière et mémoire » arrivait à semblable conclusion : la mémoire conserve intégralement le passé.

Mais comment se fait-il que l'apparent écoulement de la durée soit en réalité suppression et conservation ? Hegel notait qu'il y a dans la réflexion une sorte de suppression qui est aussi conservation ; c'est la sens du mot allemand «  aufhebung ». Et Spinoza apporte la réponse quand il dit que nous sentons et nous expérimentons que nous sommes éternels ; cela signifie que le moment que nous vivons alors est «  passage à une perfection nouvelle plus grande, vécu dans la joie, découverte, comme en un éveil, comme dans l'allégresse du soleil levant ». Ainsi, dans la durée de notre existence, avons-nous un certain sentiment d'éternité ?
Notre subjectivité reste toujours «  en situation », mais, dans cette condition même, l'être humain est capable de récapituler de telles situations, de s'élever à la réflexion, de se reprendre. Ce n'est pas l'éternité absolue, dont Spinoza nous dit qu'elle est «  la jouissance infinie de l'être ». Notre durée peut continuer indéfiniment, elle forme ainsi une unité, mais elle n'a pas la puissance de se produire elle-même — alors que l'éternité est «  la nécessité de l'être ».
Déjà dans le Timée, Platon posait la question de l'âme : «  En vertu de son affinité avec le ciel, cette âme, notre génie, nous tire loin de la terre, car nous sommes une plante, non point terrestre mais céleste ».
Il pensait que l'âme avait pré-existé au corps. Dans une existence antérieure, elle avait eu connaissance des Idées, dont elle n'avait plus, dans sa condition terrestre, qu'un souvenir que Platon appelait «  réminiscence ».

Chaque être étant unique, chacun désire suivant sa manière d'être, qui est aussi, sa manière de connaître. Qui a des idées hédonistes et épicuriennes désire des choses périssables, qui est raisonnable désire comprendre. L'intelligence désire toujours comprendre mieux, augmenter sa faculté de penser. C'est pourquoi ceux qui s'élèvent à la connaissance découvrent, au fur et à mesure de leur évolution, leur faculté d'entrevoir..., comme probabilité, cette possible éternité.


Chère Armelle, merci de ton très beau commentaire au travers des écrivains et des poètes que tu cites. Tout ce que tu rapportes de ces hommes de plumes ne fait que me confirmer dans la voie que j’aie prise. L’écrivain et le poète sont les sentinelles avancées du constat de ce que nous serons dans les temps futurs.


«  Fermant les yeux et ouvrant sa conscience... »

Votre propos me renvoie directement à la «méditation mentale», Ph. lassire. Celle qui nous permet de brancher notre antenne intérieure vers ce monde de lumière que vous évoquez si justement.
En ésotérisme, on parle de 5° règne, celui des Idées, celui des Maîtres, dont les vibrations descendent jusqu'à l'initié qui lui-même les transformera en informations.

Interdépendance, champs vibratoires, Force Vitale, évolution des consciences vers un monde d'Unité, tels sont en effet les grands postulats de tous les enseignements mystiques de Blavatsky, Alice Bailey ou Steiner.


Chère Littlestella

Je suis très sensible à la gentillesse de votre appréciation sur mon texte et à l’étendue de vos connaissances en ce qui concerne la spiritualité. Je vois que nous avons navigué de concert dans certains domaines métaphysiques. Mais ce qui est intéressant à voir c’est le résultat que l’on obtient par la pratique. La méditation fait passer progressivement de la conscience objective, puis subjective, ensuite psychique, pour aboutir pour les plus avancés à la conscience spirituelle. On passe de quelques centaines de vibrations à la seconde en un nombre parfois illimité en ce qui concerne les illuminés. Cette expérience épanouit non seulement la Force Vitale en nous mais l’harmonisation des champs de conscience en les mettant au diapason correspondant à notre possibilité maximum dans cette incarnation.
En tant que petite étoile (Littlestella), vous avez néanmoins la magnitude spirituelle de Sirius, et je vous souhaite la plénitude de vos facultés spirituelles.


Je pensais connaître des choses sur la lumière, mais vous avez largement amélioré mes connaissances. Récemment, j’ai entendu des personnes qui parlaient en ésotérisme de spectre de la lumière.
Je ne suis pas très sûr d’avoir bien compris, alors pouvez-vous m’éclairer un peu ?


La lumière immobile, au cœur de l’univers, était et est encore un sujet qui intrigue certains savants. Mais c’est le spectre de la lumière — à la fois en tant que phénomène physique et en tant qu’image ésotérique — qui a le plus d’attrait universel. Le spectre de la lumière, dans son sens métaphysique, a été employé comme une «  Échelle philosophique des Lumières » pour expliquer la transformation de l’énergie correspondant aux centres psychiques de l’homme. La psyché paraît subir un processus cyclique par lequel l’énergie est libérée et la personnalité de l’âme — par le caractère de l’individu — est transformée.
Il existe une correspondance physique fascinante à cette transformation psychique : le processus de photosynthèse qui fournit l’énergie nécessaire pour soutenir presque toute la vie cellulaire sur terre. Une représentation simple de ce processus réside dans la combinaison du dioxyde de carbone et de l’eau pour transformer l’énergie rayonnante du soleil en une énergie de forme utilisable par la vie cellulaire en faisant avancer l’expression de la vie. Pour certains, le processus de photosynthèse paraît être un processus linéaire, c’est-à-dire un développement évolutif des événements. Mais c’est en même temps un cycle qui recommence là où il finit. De cette manière, le cycle de la photosynthèse reflète le principe cosmique d’éternel recommencement tout comme dans les Mystères Égyptiens, où le Dieu Osiris personnifiait le renouvellement éternel de la vie. Et, comme dans le processus de la photosynthèse, la lumière du soleil est transformée en une forme d’énergie utilisable par sa vie cellulaire, de manière analogue, un processus, à l’intérieur de la psyché, libère l’énergie en permettant à la personnalité de l’âme de subir une transformation.
J'ose espérer avoir répondu à votre interrogation et je vous souhaite une excellente réflexion


Mon très Cher Philippe,

Je suis très impressionnée par ce travail perlé sur la lumière, dont j’apprécie tous les éclairages physiques et spirituels.

Ce sont les chemins qui mènent à la réalisation de l’être spirituel et physique. Alors le corps devient une planète et un cosmos à part entière ; il renferme en lui toutes les capacités, toutes les possibilités, toutes les douleurs mais aussi tous les chemins menant à la délivrance.
Mon âme t’accompagne pour la continuation de ce débroussaillement de l’être physique et mon affection te suit dans les méandres de la vie.

PS J’ai déjà mis ce texte pour ton article dans «  Esprits Libres ».


Merci de tes chaleureux encouragements et aussi de continuer à t’intéresser à mes écrits.
Je constate qu’avec le temps tu es devenue encore plus pointue dans le domaine de la spiritualité.

L’orientation que tu exposes m’a fait méditer à nouveau sur le spectre de la lumière, dans son sens métaphysique, c’est-à-dire comme une «  Échelle des Lumières » philosophiques pour expliquer la transformation de l’énergie correspondant aux centres psychiques de l’homme. La psyché paraît subir un processus cyclique par lequel l’énergie est libérée et la personnalité — par le caractère de l’individu — est transformée. Il existe une correspondance physique fascinante à cette transformation psychique : le processus de photosynthèse, mais c’est un sujet ardu que l’on ne peut traiter dans un commentaire.

Mon âme te rejoint encore aujourd’hui, comme elle le fit ce fameux jour où nous découvrîmes ensemble un des aspects du Nirvana.


J’ai lu et relu plusieurs fois votre écrit et je commence à bien m’en imprégner.

Quelques récentes lectures complémentaires, traitant du sujet, associent en parallèle au mot Lumière les concepts Vie et Amour. Cela semble aller de soi instinctivement, mais j’aimerais que vous apportiez en quelques mots votre propre analyse à l’existence et à la manifestation de cette trilogie. J’ai l’habitude d’écrire dans d’autres domaines, mais je reconnais humblement que je ne suis pas formée à manier ces concepts spécifiques, chacun sa spécialité. En vous remerciant à l’avance, je réitère toute mon estime au travail que vous accomplissez, au-delà des querelles dites philosophiques et religieuses habituelles présentes dans bien des blogs traditionnels.

Avec toute mon estime, je vous souhaite bonne chance et bon courage.
Amélie N.

PS J’ai déjà mis ce texte dans Esprit Libre pour être sure que vous en aurez connaissance rapidement.


Merci Amélie de l’intérêt que vous portez à mes essais de réflexion.
En quelques phrases, j’ai déjà apprécié beaucoup de choses en ce qui vous concerne, et j’espère modestement, à l’avenir, pouvoir toujours satisfaire vos interrogations et attentes.

Les concepts Lumière, Vie et Amour furent déjà symbolisés en langage hiéroglyphique dans les temples de l’Égypte Ancienne. Bien qu’à première vue ils semblent représenter trois grandes lois de l’univers, une méditation profonde révèle qu’ils ne font qu’un. Par la lumière vient la vie, que nous le considérions du point de vue scientifique ou spirituel. De la lumière et de la vie vient l’amour. Lorsque l’initié Égyptien (antique) dit «  Vie », il n’entend pas seulement le simple fait d’exister ; il évoque la vie immortelle, la vie éternelle, l’existence de l’âme. Or, nous ne pouvons connaître la vie éternelle tant que nous demeurons dans l’obscurité faite d’ignorance, de superstition, de scepticisme, de haine, de peur et d’intolérance. La lumière de la connaissance, la lumière de la compréhension, la lumière du Tout, donnent la vie éternelle, et lorsqu’on est animé d’une telle lumière et d’une telle vie, on possède l’amour, le plus grand pouvoir de l’univers.
Les initiés, d’hier et d’aujourd’hui, disent toujours que tout doit être fait au nom de l’amour, pour l’amour et par l’amour. L’amour du Tout est l’amour suprême, l’amour de l’homme pour le Tout et pour l’âme universelle, une de ses manifestations, est un reflet de cet amour. L’amour de l’homme pour l’humanité est le principe de l’amour divin rendu actif et manifeste.

Je souhaite avoir répondu à votre attente, et j’espère correspondre très rapidement avec vous sur d’autres sujets.


Envoyer un commentaire

 
Philippe Lassire
Philippe Lassire
Auteur du site
top-philo.fr



W3C/XHTML      W3C/CSS