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La pensée d'un esprit libre

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VÉRITÉ ! DIS-MOI QUI ES-TU ?


Vérité nue.

0 — INTRODUCTION


Pensée : « Il y a quatre obstacles principaux à la possession de la vérité, qui gênent tout homme, même instruit, et ne permettent qu’à un tout petit nombre d’acquérir une notion claire du savoir, ce sont : la soumission à l’autorité imparfaite et indigne, l’influence des coutumes, les préjugés populaires et la dissimulation de notre propre ignorance, accompagnée d’un déploiement vaniteux de notre connaissance ». ROGER BACON — OPUS MAJUS


Le mot VÉRITÉ est issu du latin veritatem, accusatif de veritas, « vérité », dérivé de verus, « vrai ». C’est la qualité de ce qui est vrai ; c’est-à-dire d’une adéquation entre une réalité connue, prouvée ou encore admise à ce jour, et l’homme qui la pense. La notion de « vérité », au centre de toute démarche de connaissance, enferme depuis l’Antiquité plusieurs ambiguïtés. Les concepts mêmes de « savoir » et de « connaissance » supposent l’établissement de certains types de rapports entre le sujet et l’objet, entre la conscience ou la pensée et le monde, rapports « corrects », conformes à une « réalité », et jugés « vrais ». De manière générale, les valeurs de vérité sont attribuées à des propositions, à des jugements, à des hypothèses, à des théories, à des opinions, tous exprimés dans une langue. La vérification consiste en l’attribution d’une valeur de vérité positive. Elle peut concerner l’application de procédures (calculs, démonstrations, déductions, etc.), ou bien le rapport d’une proposition (ou d’un ensemble de propositions) avec une connaissance acceptée de la réalité, connaissance acquise en science par l’observation et par l’expérience. Il nous faut encore distinguer entre la vérité comme norme du jugement et la vérité comme contenu d’affirmation. La première est nécessairement présupposée pour qu’on ait la notion du vrai et du faux ; elle est implicite et active, même chez ceux qui affectent le scepticisme. Au contraire, la seconde n’est présente qu’à mesure des exigences de chaque affirmation, soit que ces exigences correspondent de fait à la rectitude de la norme (en dehors même des vérifications théoriques) soit qu’on établisse en droit qu’elles lui correspondent en fait.


Quoique l’homme puisse penser, il doit faire face au concept vérité et en tenir compte durant sa vie terrestre. Sa réponse ou sa réaction à cette vérité déterminera, en grande partie, sa destinée, car l’homme doit toujours choisir entre deux alternatives. Certains esprits éclairés perçoivent la vérité au moyen du raisonnement, et sachant qu’une chose est vraie, ils la défendent, seuls si nécessaire. Ces hommes sont les grands poètes, les mystiques et les avatars. Ces hommes ont toujours été humbles et sans prétentions, cependant l’histoire a conservé la mémoire de ce qu’ils ont fait par leurs actes et leurs paroles comportant le signe de l’autorité, le son de la vérité. Comme le disait Amiel : « La vérité est le secret de l’éloquence et de la vertu, la base de l’autorité morale, c’est le plus haut sommet de l’art de la vie ».


Enfin, selon les mystiques, la vérité est cette grande lumière dont l’homme sent et touche les rayons et dont il peut se rapprocher de plus en plus, au fur et à mesure qu’il avance sur l’Éternel Sentier et qu’il se rapproche de sa source : c’est le manteau de Dieu, la Cause de toutes choses, le Tout en tout.


Ceci dit, nous allons essayez de proposer, ci-après, quelques modestes réflexions afin de tenter de définir ce qui se cache derrière le mot vérité.



I — RECHERCHE ET TENTATIVE D’ACQUISITION DE LA VÉRITÉ DEPUIS NOS ORIGINES CONNUES.


Le concept de vérité a toujours été un objectif intellectuel de l’homme depuis qu’il a cherché des réalités en relation avec la vie. Les réalités, qu’il espérait trouver, auraient expliqué le mystère de sa propre existence et son état éphémère, aussi bien que les causes sous-jacentes aux phénomènes. Connaître ces choses, d’après une base positive, constituerait pour l’homme une vérité. Par conséquent, l’homme considère la vérité comme ayant des qualités spirituelles ou morales, ou encore comme ayant des qualités empiriques et matérielles, elle est néanmoins ce à quoi l’intellect aspire. La recherche de la vérité implique qu’il y ait une matrice, un moule, à partir duquel furent tirées certaines réalités qui semblent inchangeables et qui paraissent gouverner éternellement certains conditions dans le cosmos. On admet généralement que si la vérité consiste à réaliser l’accord de la pensée et du réel quand on veut rendre compte du monde extérieur (comme c’est le cas dans le domaine scientifique avec les lois de la physique, par exemple) dans le cas des mathématiques, en revanche, elle vise seulement l’accord de la pensée avec elle-même, car ce qui caractérise ici, c’est la cohérence logique.


Cependant et malheureusement, beaucoup de nos idées, de nos notions sur les choses et de nos croyances peuvent être comparées à des objets anciens, oubliés dans un débarras et qui encombrent littéralement notre conscience. Nous avons hérité de certaines d’entre-elles. Ce sont les traditions qui nous ont été transmises par nos parents, par nos professeurs, par notre environnement civilisateur voire conditionné, qui nous les ont communiquées en toute bonne foi. Ceci admis, le chemin de la recherche est long et difficile et en examinant rétrospectivement les pensées de nos premiers ancêtres sur la vérité, beaucoup de celles-ci peuvent nous paraître grossières et élémentaires. Il est parfois difficile, lorsque nous tentons d’évaluer leurs conceptions, de comprendre comment ils ont pu nourrir certaines de leurs idées, qui, de toute évidence, nous paraissent erronées aujourd’hui. Tout ce que nous croyons maintenant, cependant ou tout ce que nous tenons pour vrai, n’est pas nécessairement le résultat d’une confirmation personnelle. Il y a beaucoup de choses dans notre religion, dans notre éducation (familiale, scolaire et sociétale) et même dans notre philosophie personnelle, que nous acceptons sans avoir l’expérience empirique correspondante. En d’autres termes, de nombreuses choses contribuent à notre connaissance sans que nous les ayons vues, entendues, perçues et encore moins étudiées, vraiment dans la réalité. Ce sont entièrement des jugements qui résultent de ce qui apparaît à notre raison comme une vérité évidente en soi. Nous arrivons à cette dernière selon notre catégorie mentale, c’est-à-dire selon l’étendue de notre conscience personnelle et les effets de notre milieu sur nous. Nous pouvons même, dans les vingt ans à venir, être tout désireux, ou contraint, d’abandonner une grande partie de ce que nous acceptons maintenant comme vérité. Une observation plus développée et une pénétration plus perspicace pourront avoir altéré nos croyances. Pour le moment, de telles vérités nous sont utiles ; elles remplacent l’ignorance totale. Elles sont une forme de connaissance qui nous donne la stabilité et sert de base à notre vie. Ainsi, même à notre époque, nous avons encore la même position intellectuelle que les Anciens. Une grande partie de notre connaissance est transitoire et disparaîtra lorsque nous acquerrons une vision mentale plus large. Bien qu’une grande quantité de détails, de points particuliers et de dogmes, considérés par les anciens comme la vérité, aient disparus sous l’effet d’une expérience plus vaste, les divisions fondamentales de la connaissance qu’ils ont établies demeurent, ainsi qu’un grand nombre de principes.


Même si une universalité de la vérité n’a jamais pu être établie néanmoins l’homme continue à déterminer sa vérité selon des opinions, des croyances et des perceptions. Cependant ces états d’esprit ne sont pas identiques :


Opinion : L’opinion générale n’est pas une preuve de vérité, car il a été maintes fois constaté que la majorité des hommes était souvent et en partie ignorante. Généralement, une opinion n’est pas une conclusion exhaustive de la raison, mais la préférence pour une idée qui est agréable pour l’expérience vécue par un individu ou un ensemble. Cependant, on peut considérer qu’il y a opposition entre la connaissance qui se démontre et l’opinion qui s’argumente. Enfin, avec un point de vue sociologique, on peut opposer les opinions privées et l’opinion publique, générale, partagée, majoritaire dans un groupe humain. L’opinion est principalement dépourvue de perception du résultat de l’expérience réelle et ce n’est pas un jugement final après une large évaluation d’une idée. Des idées telles que les opinions ne peuvent évidemment pas être considérées comme des vérités dans le sens où les vérités démontrées ont une nature uniforme. La première différence entre le savoir et l’opinion tient à l’incapacité de cette dernière à justifier sa vérité possible. Une opinion peut être vraie, mais elle est incapable de le prouver. De ce fait, elle est instable, car elle ne produit jamais de certitude. L’opinion, premier synonyme de la croyance, ne s’épuise pas à signifier le non/savoir, la non/vérité.


Croyance : Elle peut être considérée comme une connaissance de remplacement, là où la connaissance acquise par les sens n’est pas possible. On pourrait dire que c’est la reconnaissance confiante (la foi) en des signes dont on ignore l’origine. Par exemple et entre autres, le judéo-christianisme fonde cette reconnaissance sur une parole révélée, issue de Dieu, qui suscite une réponse sous la forme d’un pacte d’alliance, seul capable de tirer l’humain du péché et l’assurer d’une vie éternelle. Dans ce cadre on passe de la croyance/opinion à la croyance/foi. Il n’en reste pas moins vrai qu’une croyance reste une connaissance de remplacement, là où une connaissance acquise par les sens n’est pas possible. Elle ne peut pas être une vérité, c’est-à-dire une vérité absolue, puisqu’elle n’est ni perçue ni conçue de la même manière par tous. Le mot croyance souffre de ce tiraillement entre l’opinion, appréciée négativement dans un système épistémologique et ontologique qui la met au bas des échelles de valeurs, et la foi, appréciée positivement dans un système de valeurs de caractères religieux.


Perception : Elle est produite par le contact de l’organe des sens avec l’objet. Elle désigne ce qui est recueilli par l’esprit, par l’intelligence, lors d’un processus de prise de connaissance. Cette conception ne semble pas étrangère à d’autres sphères culturelles, car dans la pensée indienne, la perception est la certitude d’un contact, d’une saisie concrète mais non encore verbalisée. Selon Kant dans Critique de la Raison pure : « La perception est la conscience empirique, c’est-à-dire celle qui est accompagnée de la sensation. Des phénomènes comme objets de la perception ne sont pas des intuitions pures (simplement formelles), comme l’espace et le temps (qui ne peuvent point être observés en eux-mêmes). Ils contiennent donc, outre l’intuition, la matière d’un objet général (par quoi ce qui existe dans l’espace ou le temps est représenté), c’est-à-dire le réel de la sensation, comme représentation purement subjective qui seule nous donne conscience de l’affection du sujet, et que nous rapportons toujours à un objet quelconque ». Aujourd’hui, ce n’est plus au philosophe qu’on demande qu’elle est la conception correcte ou l’usage pertinent du terme perception ou de ses équivalents. Les sciences biologiques et neurologiques ont pris le relais. Par contre, les anciens cyniques et cyrénaïques de la Grèce antique pensaient que la vérité était une perception — autrement dit, ce qui semblait réel à l’individu, sur le moment, était pour lui la vérité.


Il me semble particulièrement intéressant de compléter ce qui vient d’être dit par un extrait, ci-dessous, du « Discours de la méthode » de René Descartes, qui émet des propositions sur la vérité formelle et la vérité empirique.

« J’avais un peu étudié, étant plus jeune, entre les parties de la philosophie, à la logique, et, entre les mathématiques, à l’analyse des géomètres et à l’algèbre, trois arts ou sciences qui semblaient devoir contribuer quelque chose à mon dessein. Mais, en les examinant, j’ai pris garde que, pour la logique, ses syllogismes et la plupart de ses autres instructions servent plutôt à expliquer à autrui les choses qu’on sait, ou même, comme l’art de Lulle, à parler sans jugement de celles qu’on ignore, qu’à les apprendre. Et bien qu’elle contienne, en effet, beaucoup de préceptes très vrais et très bons, il y en a toutefois tant d’autres mêlés, qui sont ou nuisibles ou superflus, qu’il est presque aussi malaisé de les en séparer que de tirer une Diane ou une Minerve hors d’un bloc de marbre qui n’est point encore ébauché. Puis, pour l’analyse des anciens et l’algèbre des modernes, outre qu’elles ne s’étendent qu’à des matières fort abstraites, et qui ne semblent d’aucun usage, le première est toujours si astreinte à la considération des figures, qu’elle ne peut exercer l’entendement sans fatiguer beaucoup l’imagination ; et on s’est tellement assujetti en la dernière à certaines règles et certains chiffres, qu’on en a fait un art confus et obscur qui embarrasse l’esprit au lieu d’une science qui le cultive. Ce qui fut cause que je pensai qu’il fallait chercher quelque autre méthode qui, comprenant les avantages de ces trois, fut exempte de leurs défauts. Et comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu’un État est bien mieux réglé lorsque, n’en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées ; ainsi, au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j’aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne manquer pas une seule fois à les observer.

Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c’est-à-dire d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute.

Le second, de diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre.

Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusqu’à la connaissance des plus composés ; et supposant même de l’ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns et les autres.

Et ce dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.

Ces longues chaînes de raison, toutes simples et faciles dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m’avaient donné occasion de m’imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes s’entresuivent en même façon, et que, pourvu seulement qu’on s’abstienne d’en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit, et qu’on garde toujours l’ordre qu’il faut pour les déduire les unes des autres, il n’y peut en avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne le parvienne, ni de si cachées qu’on ne découvre. »



II — TROIS TYPES DE VÉRITÉ : RELATIVE, INTUITIVE ET ABSOLUE


Ce qui vient d’être exposé précédemment m’amène à tenter de décoder ci-après trois principaux types de vérités recensées à ce jour :


1) —Vérité relative


Les textes philosophiques nous rappellent souvent que la vérité est relative, c’est-à-dire liée aux sensations (donc aux cinq sens) que nous avons des choses extérieures. Si une expérience tombe dans le domaine des qualités de l’un ou de plusieurs de nos sens, c’est une sorte de vérité. En d’autres termes, si une expérience répond aux règles du juge de l’ouïe, ou celui de la vue, etc., elle devient pour nous une vérité. Il en est ainsi parce que l’expérience possède la réalité que nos sens confèrent aux impressions qui nous viennent du monde extérieur. Toutefois, nous savons aussi que ce qui a été autrefois accepté et qui fut proclamé dans les siècles passés comme étant une vérité a été souvent écarté dans les temps modernes. Les opinions changent à la suite d’une plus grande expérience. Un examen plus courageux et plus approfondi des choses de notre existence nous révèle qu’une bonne partie de notre vérité d’hier était en fait une erreur. Si nous admettons que la vérité est relative et qu’elle dépend de notre développement intellectuel et de l’étendue de notre vision mentale, nous devons comprendre que nous ne pouvons pas accepter comme immuable chacune de nos vérités relatives. Pourquoi ne rejetons-nous pas toute pensée, ou du moins, ne la considérons-nous pas avec scepticisme, si elle n’est pas mathématiquement démontrable ? Nous le pourrions mais, si nous le faisions, nous limiterions notre vie à l’étendue de notre capacité intellectuelle et de notre compréhension objective. Nous serions obligés de rejeter tout ce que nous ne pourrions pas saisir avec notre raison, ni percevoir avec notre intellect.


Ceci pourrait nous satisfaire si notre existence était entièrement limitée à nos seules perceptions, autrement dit à ce que nos sens physiques discernent et que notre conscience objective accepte. Or, nous sommes également le produit de nos sentiments de nos propres tendances, de nos expériences psychiques et émotionnelles. Il nous faut donc également prendre tout ceci en considération. Pourquoi, par exemple, une chose est-elle belle pour nous ? Nous ne pouvons trouver d’équations mathématiques pour déterminer si elle est belle ou non. Les choses que nous ressentons comme belles peuvent même ne pas avoir de forme aux proportions géométriques ou symétriques.


Nous parlons souvent de la beauté rude et sauvage de la nature. Nous entendons par là que bien qu’elle ne présente pas d’uniformité ou d’ordre rigoureux, son ensemble nous imprègne de l’idée de sa beauté. Par ailleurs, nous ne pouvons pas prouver que quoi que ce soit dans le monde est absolument bon ou mauvais. La condition ou la chose que nous qualifions de bonne peut, en certaines circonstances, être également mauvaise si nous pensons qu’elle l’est. Néanmoins, bien qu’elles ne soient pas strictement démontrables de façon scientifique, les notions que nous avons de la beauté, du bien, du mal, etc… gouvernent en fait notre existence et constituent une partie de notre vie.


Comme exemple, d’une vérité qui paraissait absolue et qui est devenue relative, nous pouvons prendre, entre autres, cet extrait du Figaro du 23/09/2011 sur la vitesse de la lumière : Je cite :

« La physique moderne tremble sur ses bases. Les effrontés : une équipe de chercheurs du CNRS qui pourrait bien avoir découvert des particules capables de voyager plus vite que la lumière. Une révolution, mieux, un cataclysme scientifique si énorme que Dario Autiero et ses collègues, de l'Institut de physique nucléaire de Lyon, se demandent bien où se cache l'erreur dans leur expérience. Mais après six mois de vérifications, les doutes s'estompent. »

Première publication : « Depuis les premiers résultats, en mars dernier, nous avons fait des vérifications au niveau du CNRS, puis après au niveau de l'expérience internationale Opera, qui travaille sur le détecteur de neutrinos. On n'a rien trouvé, et comme l'information commençait à fuiter, on a décidé de la rendre publique maintenant », explique au quotidien Stavros Katsanevas, directeur adjoint de l'institut national de physique nucléaire et de physique des particules du CNRS. Du coup, l'équipe du CNRS a publié ses résultats cette nuit sur le serveur public arXiv, précise le Figaro.

« 60 nanosecondes d’avance. Concrètement, l'écart de vitesse a été mesuré sur le détecteur Opera dans le laboratoire du Gran Sasso, situé sous le massif italien du même nom. Les neutrinos “superluminiques“ — particules élémentaires qui apparaissent en très grande quantité lors de réactions nucléaires — produits par l'accélérateur du CERN ont été détectés à Gran Sasso en moyenne avec 60 nanosecondes (soit 60 milliardièmes de seconde) d'avance par rapport à la lumière. Une avance limitée certes, mais inédite et incompréhensible dans l'état actuel de nos connaissances. Face à ce Big-Bang scientifique, les spécialistes demandent que l'expérience soit reproduite ailleurs, avec une autre équipe, rapporte le journal. Car les enjeux scientifiques sont considérables. Si les résultats de l'équipe du CNRS sont validés, c'est l'un des fondements de la théorie d'Einstein sur la relativité qui s'écroule ouvrant par là même des perceptives physiques jusque-là impensables. »


Avec ce qui vient d’être dit, on peut avancer que la nature de la vérité et celle de la fausseté sont relatives. Elles sont liées à nos organes des sens, à notre conscience et à notre raisonnement, souvent conditionnés par notre environnement civilisateur, et elles sont également liées au type de vibrations (car tout est vibrations) qui nous atteignent en provenance du monde physique ou matériel. Elles sont donc nettement des vérités relatives. Ces dernières ont également été désignées par des philosophes sous le nom de vérités contingentes, parce que leur qualité de vérité dépend de divers facteurs. Pouvons-nous nous fier aux vérités relatives, et le devons-nous ? Une vérité réelle du monde extérieur est donc une vérité qui est liée aux qualités de nos sens objectifs. C’est une expérience qui semble avoir quelque archétype ; c’est-à-dire une contrepartie extérieure qui correspond à l’idée que nous avons. Nous avons une idée qui surgit dans notre conscience par l’intermédiaire de nos sens. Nous lui appliquons les règles ou les qualités propres aux sens. Si elles se confirment, nous acceptons l’idée comme vraie, parce qu’il semble y avoir, alors, quelque chose d’extérieur de nous-mêmes qui participe à l’idée. C’est ce type de vérités qui a donné naissance au vieil axiome : « voir c’est croire ». Ceci est traduisible par un constat issu de nos sens actuels tels qu’ils sont capables de percevoir, voir et comprendre. Donc en général, la vérité d’une expérience vécue par l’intermédiaire de nos sens objectifs se trouve en accord avec sa qualité sensorielle. Si un certain nombre de personnes voit quelque chose presque comme nous, ceci est relativement suffisant pour en faire une vérité des sens.


En une première conclusion, la vérité, dite relative, est ce qui est réel pour notre conscience mais celle-ci ne peut pas contacter en direct le monde extérieur à nous. De plus notre être (corps et conscience) possède certaines limitations qui nous amènent à avoir des notions telles que les catégories. C’est de celles-ci que viennent les vérités évidentes en elles-mêmes. Donc, la vérité semblerait donc ne pas avoir de réalité positive ou absolue. N’existe-t-il pas de choses ou de conditions, malgré les limitations de nos facultés et de notre compréhension, qui soient des vérités absolues dans l’univers ? Par absolu, admettons que nous entendons ce qui a une plénitude de nature (plénière ou complète).



2) —Vérité intuitive


Le terme d’intuition désigne généralement la manière d’être d’une connaissance qui comprend directement son objet, par un contact sans support avec lui, et sans secours des signes et des procédés expérimentaux. À ces caractères d’immédiateté on relie en général d’autres caractères, celui d’une pensée anticipatrice qui devance les preuves, ou d’une compréhension profonde qui va de l’apparence vers la réalité des choses. Cette acception générale laisse place à de nombreux types de l’intuition, s’échelonnant entre l’appréciation sensible et l’intellection pure. L’existence, ou la nature de l’intuition qui concerne des domaines complexes et variés, appelle elle-même une justification, ou une interprétation, et la notion a constamment reçu des élaborations philosophiques. On peut suivre un courant majeur, partant de la philosophie classique, et qui met au centre les pouvoirs d’une intuition intellectuelle indépendante de l’expérience et contrôlant le discours. Cependant, l’usage du terme d’intuition connaît certaines ambiguïtés de principe, car on peut opposer la connaissance intuitive à toute connaissance utilisant les techniques et les signes, ou bien au contraire chercher la liaison ou l’interpénétration de ces modes de connaissance. On peut aussi considérer l’intuition comme une faculté d’inspiration, appelée par certain « petite voie intérieure » et son analyse attentive nous incite à constater qu’elle est nécessairement un fragment de la conscience universelle qui réside au-dedans de nous. Nous pouvons appeler celle-ci, conscience cosmique, conscience psychique, inspiration ou de tout autre nom qui peut nous convenir, mais il semble évident que la source de cette connaissance est en dehors de nous-mêmes. Alors que le raisonnement analytique à sa source de connaissance dans nos facultés cérébrales, on a l’impression que la petite voix (souvent dite intérieure) réside bien en nous mais, a cependant sa source de connaissance en dehors de nous. Nous constatons ainsi qu’il y a deux sources de connaissance entièrement différentes en origine et en nature : la conscience psychique (se manifestant par l’intuition) et la conscience objective/subjective (se manifestant par toutes les facultés cérébrales). Cependant, dans notre société, on apprend à l’homme à utiliser son cerveau, à l’exclusion de tout autre moyen de connaissance et de compréhension, dans l’idée qu’il pourra acquérir un pouvoir dynamique dans les affaires de ce monde. Toutefois, essayons de garder à l’esprit que notre petite voix intérieure est une partie de la conscience universelle qui réside en nous et qu’elle ouvre la porte à ce qu’on appelle à la vérité intuitive.


La vérité intuitive est donc bien fille de l’intuition (une des vérités de Monsieur de la Palice), cependant notion assez incertaine dans l’usage général et qui caractérise un type de rapport entre sujet et objet de connaissance, rapport immédiat et direct, parfois considéré comme une évidence, ce qui lui permet de servir de base au raisonnement discursif, parfois comme une donnée sans concept, pouvant provenir d’une sorte d’instinct ou même relevant de l’inconscient, parfois, enfin, comme une relation dynamique et intime entre le sujet connaissant l’objet. L’intuition est considérée comme une forme de connaissance, directe et immédiate qui ne recourt pas au raisonnement. Elle est également une connaissance immédiate par un sujet de ses états de conscience.


Depuis les temps les plus anciens, les philosophes ont proclamé que la vérité intuitive, appelée aussi connaissance intuitive, est de la plus haute qualité. Toute vérité (de type connaissance intuitive) n’est pas probante, du moins pas immédiatement. Elle est cependant, si claire et par elle-même si évidente, qu’il semble inutile de la soumettre à la vérification. La connaissance intuitive apparaît comme une partie fondamentale du Moi, de notre être lui-même, au point que la nier reviendrait à nier notre propre existence consciente. Même les plus critiqués des philosophes modernes, qui n’ont pas souvent fait preuve de sympathie et de compréhension envers la métaphysique et le mysticisme, accordent à la connaissance intuitive une place de choix dans l’entendement humain. L’extrait sur l’intuition, du célèbre philosophe américain John Dewey, en donne une idée, ci-après.


« Tout acte concret de connaissance implique une intuition de Dieu, car il implique une union du réel et de l’idéal, de l’objectif et du subjectif. Il suffit clairement de reconnaître que tout acte de connaissance est une intuition complète de la vérité et que cette vérité est la manifestation complète des activités d’unification et de discrimination de l’intelligence. Tout échec à saisir la vérité ou toute affirmation que l’ultime réalité est inconnaissable, revient simplement à mettre l’accent sur l’une de ces opérations à l’exclusion de l’autre. C’est l’intuition de Dieu, comme intelligence parfaitement réalisée, qui forme le côté cognitif de la conscience religieuse. C’est la forme de connaissance la plus concrète et la plus développée, mais en même temps, elle est impliquée et comprise dans tout acte de connaissance, quel qu’il soit. En un mot, il y a plus de vérité dans la forme la plus simple de connaissance qu’il peut en être apporté par notre Science ou notre Philosophie la plus complète. La Science et la Philosophie sont les procédés de systématisation et elles trouvent leur fonction à enrichir la première et l’ultime intuition ». JOHN DEWEY 1859-1952.



3) — Vérité absolue et absolu


Absolu : Avant d’essayer d’aborder la vérité absolue, il nous faut établir quelques réflexions sur le mot absolu. Le sens de ce terme paraît, d’entrée de jeu, nécessairement équivoque et polémique. L’absolu est le corrélat et contraire du relatif, c’est donc une négation. Mais une notion d’où l’idée de rapport est absente et soustraite aux limitations, affranchie des variations, et désigne donc positivement, l’achevé ou le parfait. Cette ambiguïté sémantique ne relève donc pas d’une indécision de vocabulaire : elle connote une difficulté qui inaugure le débat philosophique suscité par le concept. L’absolu a-t-il un sens ou non, existe-t-il ou non ? Et puisque absolu signifie inconditionné, principe sans principe, l’absolu est mis en question pour toute recherche du vrai, tout système philosophique en exprime une conception particulière. Dans un concept théologique, c’est la question de Dieu, de sa présence ou de son absence, de son affirmation ou de sa négation, qui est posée par le mot « absolu ». Mais parallèlement, étant donné qu’absolu signifie ce qui est par soi, indépendamment de toute autre chose, le problème de la liberté, concrète ou illusoire, se trouve ainsi posé. Si les religions ont toutes un projet commun, c’est dans la mesure où chacune prétend accéder à l’absolu. Mais il est à remarquer que l’homme en a élaboré des conceptions fort différentes, alors que la simplicité du concept paraît requérir à priori une pensée identique, dans le cadre d’une logique univoque. Pour qui veut en préserver la pureté et la rigueur, l’absolu demeure négation radicale de toute relation, et ne peut être altéré et contredit par des dogmatismes particuliers qui tentent de lui donner une figure déterminée. De nombreux philosophes ont travaillé sur des concepts comme : absolu et négation, absolu et humanisme, absolu et système, etc. Il s’agit là de vastes programmes de réflexion, impossible à écrire en quelques lignes. Par contre, il serait utile pour notre compréhension de respecter le plein sens et la nécessité de l’absolu comme concept, en reconnaissant dans l’énoncé de cet argument, que l’absolu n’est tel que s’il est liberté absolue. Penser, en effet, que la liberté est illusoire, c’est toujours la relativiser pour considérer exclusivement soit son sens négatif (indépendance) soit son sens positif (l’acte de détermination). Mais si la liberté absolue exige l’unité de la négation et de l’affirmation, si elle doit être pensée comme l’absolue détermination de soi par soi, force est sans doute de conclure qu’elle ne peut pas être, que l’absolu, ou Dieu existe nécessairement.


Vérité absolue : Nos notions intérieures, ou les choses que nous leur attribuons, sont souvent acceptées comme des vérités tant que la preuve n’est pas faite qu’il s’agisse d’erreurs. Elles sont, cependant des vérités relatives. Au fur et à mesure que nous en rejetons certaines, d’autres les remplacent. Plus nous pensons, plus nous avons d’activité mentale, et plus s’accroît le nombre de vérités relatives dons nous faisons l’acquisition. Une vérité absolue, quant à elle, n’est pas seulement une vérité démontrable, mais une vérité qui ne dépend pas de l’interprétation et de la traduction de l’homme pour pouvoir exister. Elle est aussi absolue que l’homme lui-même. L’homme peut ne pas être tel qu’il pense être mais, du moins, il est. Ceci s’applique également à la vérité absolue. Un exemple de vérité absolue réside dans le fait que l’être est. Il existe une sorte d’état, de condition, d’énergie ou d’influence en nous ou autour, qui nous permet d’établir l’ensemble des conceptions que nous avons de toutes les autres choses. Donc, la base d’une vérité absolue doit être nécessairement son caractère fixe, sa permanence, sa nature non changeante. Il devrait y avoir dans l’univers certaines choses qui s’opposent au mouvement et au changement ou qui soient en conflit avec eux. Si ce qui semble au repos, comme un bloc de pierre par exemple, n’est qu’une illusion due à son changement progressif et imperceptible, de même les vérités absolues pourraient être également une illusion. Elles pourraient être ce qui, pour notre conscience ou pour celle de l’humanité, passe par un changement si progressif qu’il est imperceptible. Bon nombre de vérités absolues naissent des catégories de la conscience humaine, comme il est dit souvent. Ce sont des modèles qu’assument nos expériences, à cause de la manière dont nous sommes constitués sur les plans physique et mental. Par conséquent, tant que la conscience humaine continuera d’avoir certaines limitations, ces modèles persisteront. En d’autres termes, tant que les hommes resteront fondamentalement les mêmes dans leur conscience, ils conserveront ces notions, puisque celles-ci semblent avoir persisté aussi loin que remonte dans le temps la mémoire humaine, les hommes admettront donc que de telles notions sont réelles, qu’elles existent séparément des hommes, que ce sont des vérités éternelles ou absolues.


Cependant, certaines vérités absolues semblent pouvoir être démontrées par l’intellect, d’autres non. Nous connaissons intuitivement des vérités absolues que les sciences physiques actuelles n’ont pas encore la possibilité d’analyser. Nous avons l’impression de faire l’expérience subjective de leur existence aussi nettement, sinon plus, que si nous les sentions ou les voyions de manière objective. Pourtant, nous ne pouvons pas prouver leur existence à la conscience objective par aucun processus scientifique. Par exemple, tout être humain, normalement conscient, sait intuitivement qu’il existe dans l’univers une force de liaison qu’il peut, selon son choix, dénommer : conscience, loi, ordre, substance ou énergie. Cette force amène toutes les choses à avoir une relation commune ou une influence l’une sur l’autre. Même l’athée et le déiste extrême sont d’accord sur cette sensation intuitive de la vérité absolue. Ils ne diffèrent que sur sa définition. Cette dernière, par conséquent, qui résulte de leur interprétation de la vérité intuitive, devient la vérité relative, transitoire et souvent erronée. Au cours notre évolution psychique, nous arriverons certainement à concevoir qu’il n’existe pas de vérités absolues. Rien n’est éternellement ce qu’il semble être. La permanence est une limitation de notre être physique et intellectuel. Ce qui semble limité doit l’être à cause de quelque chose. Si comme beaucoup les pensent, les vérités absolues sont divines, qu’est-ce donc qui limite le Divin ? Dans l’état actuel de nos observations, il nous faut admettre qu’il ne peut y avoir de permanence, mais seulement des changements. En outre, si l’idée de vérités absolues est due aux limitations actuelles de notre conscience ces vérités absolues doivent disparaître. Pour la énième fois, je ressors mon exemple tous terrains : « Jusqu’à au moins 1600 de notre ère, il était dit par l’ensemble de la civilisation chrétienne que la terre était plate, certains, comme Giordano Bruno, payèrent de leur vie sur le bûcher d’avoir osé dire que la terre était ronde ». Par analogie, prenons la prétendue vérité absolue qu’il existe un Dieu. Elle se résume au fait que depuis des milliers d’années, une partie de l’humanité est consciente sur les plans émotionnel et psychique, d’une certaine condition ou expérience éprouvée qu’elle nomme Dieu. D’autres encore essaient d’expliquer une lacune dans leur expérience, essaient de trouver la cause de l’existence, et ils donnent à cette lacune, à cette cause le nom de Dieu. Quand ils définissent leurs sentiments, leurs idées ou leurs expériences comme des vérités absolues, ils se limitent eux-mêmes. Ils confinent ce qu’ils tiennent pour Dieu à une conception fixe, en étant incapables de la pousser plus loin et d’arriver à une opinion plus élevée. Il semble plus raisonnable de dire que Dieu, en tant que type d’expérience, existe, plutôt que d’essayer de conférer à cette expérience, ou à Dieu Lui-Même, des qualités limitatives et déterminées, appelées vérités absolues. Peut-être les anciens mystiques furent-ils conscients de cette nécessité puisqu’ils disaient très souvent que Dieu est ineffable et impénétrable. Pour être honnêtes avec nous-mêmes, il vaut mieux éviter de déclarer des vérités absolues et s’en tenir seulement à celles qui sont relatives et évidentes en elles-mêmes. Ces dernières sont des vérités qui sont relatives pour nos sens et pour les limites de notre conscience. Nous savons qu’elles peuvent changer et qu’elles changeront effectivement, sous l’impact de différentes impulsions provenant du monde de nos sens et si notre conscience s’étend au-delà de ses catégories actuelles.


En résumé, les probables et réelles vérités absolues sont les réalités d’une force universelle que nous percevons intuitivement avec une conviction satisfaisante et que nous pouvons parfois démontrer objectivement. Les vérités relatives sont acquises par un processus d’analyse des choses que nous connaissons, afin de trouver en elles certains éléments qui se conformeront aux vérités absolues que nous sentons vaguement ou incomplètement et que, nous tentons d’exprimer. Par conséquent, il nous faut apprendre à discerner ce qu’est la vérité absolue. Pour tenter de montrer la place que ces vérités absolues occupent dans l’ensemble de l’existence humaine sur ce plan, des vérités relatives doivent être nécessairement développées. Celles-ci consistent en affirmations qui ne peuvent ni être mises en doute sur le moment, ni réfutées par quiconque. Le temps entraîne un changement de quelques unes de ces vérités relatives, mais jamais des vérités absolues.



III — CONCLUSION


— Alors Vérité, ai-je réussi à cerner ce que tu es ?


— En vérité, Ami philosophe, pas complètement ! Pour cela, il te faut continuer à travailler et à méditer afin de mettre au diapason tes trois plans de conscience (conscience objective, conscience psychique, conscience spirituelle) afin d’être en harmonie avec l’univers dans ses trois entités (le Tout, l’Âme Universelle et le Noùs). C’est un très long voyage, très souvent semé d’illusions, d’embuches et bien d’autres choses, notamment la solitude. Bon courage dans ta démarche !



NB — Pour les chercheurs en approfondissements spirituels, reportez-vous sur ce site au thème « Dodécade et Sophia = Kabbale et Cabale ».



Philippe Lassire



VOS COMMENTAIRES


Mon très cher Philippe,
Je passe quelques jours à Port of Spain, ce lieu où nos merveilleux souvenirs communs sont restés. J’en ai profité pour venir sur ton site et y lire cet article et une fois de plus c’est un excellent travail de ta part. Le sujet n’était pas facile car de nombreux auteurs ont traité de ce thème comme notamment Aristote, Augustin d’Hippone, l’École de Mégare, Thomas d’Aquin, René Descartes, Baruch Spinoza, Emmanuel Kant, Hegel, etc., etc. Il te fallait éviter les répétitions et je pense que tu as réussi notamment dans l’utilisation de cette trilogie : vérité relative, vérité intuitive et vérité absolue. Je te donnerai plus de détails par mail.
Avec ma plus profonde amitié.
Rani Tara


Ma très Chère Princesse,
Je suis toujours très touché par tes si justes commentaires et le rappel que tu fais des moments inoubliables que nous avons passés ensembles dans cette magnifique île. Aux auteurs très connus que tu as cités je me permets de proposer ces quelques lignes sur la vérité de François de Salignac de la Mothe-Fénelon (1651-1715) dans « Les Aventures de Télémaque, fils d’Ulysse » :
« Si l’on pouvait goûter la vérité toute nue, elle n’aurait pas besoin pour se faire aimer, des ornements que lui prête l’imagination : mais la lumière pure et délicate ne flatte pas assez ce qu’il y a de sensible en l’homme ; elle demande une attention qui gêne trop son inconstance naturelle. Pour l’instruire, il faut lui donner non seulement des idées pures qui l’éclairent, mais encore des images sensibles qui l’arrêtent dans une vue fixe de la vérité. Voilà la source de l’éloquence, de la poésie et de toutes les sciences qui sont du ressort de l’imagination. C’est la faiblesse de l’homme qui rend ces sciences nécessaires. La beauté simple et immuable de la vertu ne le touche pas toujours. Il ne suffit point de lui montrer la vérité, il faut la peindre aimable. »
On constate donc que la spiritualité et la science sont les deux principales approches de la Vérité. Toutes deux cherchent la vérité à notre sujet et à propos de notre univers; toutes deux sont en quête de réponses aux grandes questions. Ce sont les deux faces d'une même médaille.

Voilà ma très Chère Princesse, en restant toujours impressionné par ta profonde et très riche culture occidentale (j’aimerais être aussi éclectique dans ta propre culture), je te remercie encore de cette fidélité à mon égard.
Également avec ma plus profonde amitié et à très bientôt.


Bonjour Philippe,
Récemment, avec mes élèves, nous avons étudié la réalité et l’avons complétée par votre excellent travail sur la vérité, car la réflexion philosophique tend à réduire la notion de réalité à celle de vérité. Qu’est la réalité, sinon l’essence de l’événement? Mais l’essence est vraie, et non réelle. Toute réalité semble donc avoir besoin d’une vérité qui la fonde, et sans laquelle elle ne serait qu’apparence. Car les lois établies par l’esprit fondent les phénomènes qui en découlent et s’en déduisent. Par conséquent, au lieu de croire avec le sens commun, que la réalité est antérieure à la vérité, une idée ne pouvant être dite vraie que par rapport à une réalité préalable, ne faut-il pas avouer que toute réalité est posée et reconnue par la raison ? En d’autres termes, le réel est seulement le vrai. Sous cette forme, l’idéalisme n’est pas directement subjectiviste, il ne nie pas la réalité extérieure au nom d’un sujet personnel, conscient et substantifié. Mais il remarque que la vérité est la condition de toute affirmation de la réalité, et n’a elle-même de sens que par l’esprit.
De Rio, mes élèves et moi vous adressons toute notre amitié et souhaitons que vous continuiez le plus longtemps possible ce remarquable site.

Olivia


Bonjour Philippe,
Je continue à rester une fidèle lectrice de tous vos articles et je viens de prendre connaissance avec beaucoup d’intérêt de votre analyse sur la vérité. Vous m’avez réellement ouvert de nombreuses portes de réflexion. Ce qui m’a fait me poser plusieurs questions. Faut-il maintenant, par delà la succession des paliers scientifiques, admettre des vérités d’ordre philosophique. L’empirisme logique le nie encore. Selon lui, les énoncés de la métaphysique ne sont ni vrais ni faux, ils sont dénués de sens, viciés soit par des fautes de vocabulaire (employant des mots auxquels ne s’attache aucun sens précis), soit par des fautes de syntaxe logique (qui peuvent être masquées par la correction grammaticale). Il faut cependant se rappeler que, dans une philosophie encore plus qu’ailleurs les propositions s’organisent, ou du moins visent à s’organiser, en un système, de sorte qu’avec chaque système, les mots fondamentaux se colorent de nuances différentes. Ainsi, comme vous le mettez si bien en valeur, le mot vérité n’a pas le même sens chez différents philosophes. C’est des rapports mutuels entre les termes que ceux-ci prennent leur sens, et c’est par la cohérence du système, dans la mesure où celui-ci n’est nulle part, pas expressément contredit par l’expérience, qu’on juge la vérité du mot vérité. Si cette relativité du vrai fait échec au dogmatisme, elle ne conduit pas pour autant au scepticisme. Dans la plupart des domaines, une proposition n’a de sens, et par conséquent une valeur de vérité, que par rapport à un ensemble contextuel, plus ou moins vaste. Mais une fois intégrée dans cet ensemble, vraie ou fausse. Je ne sais pas si j’ai été très claire, mais je suis sûre que vous me comprendrez.
Je vous souhaite bonne continuation et merci encore de tout ce que vous nous apportez.
Bien amicalement à vous.


Bonjour Philippe,
Tout d’abord, selon la tradition occidentale et avec beaucoup d’estime, je vous adresse tous mes vœux pour vous et votre famille. Un de mes vœux est également que vous continuez le plus longtemps possible votre remarquable travail si compréhensible pour toutes les origines ethniques, de culture française, qui lisent vos textes.
Je considère que l’acquisition de la vérité est une des qualités de la VOIE, selon LAO TSEU dans le TAO TE KING :
« La voie est omniprésente, elle peut être à droite et à gauche. Tous les êtres lui doivent existence, jamais elle ne se refuse à eux. L’œuvre accomplie, elle ne s’en attribue pas la possession. Elle vêt et nourrit tous les êtres, et ne se prétend pas leur maître. Puisque constamment elle est sans convoitise, on peut la qualifier de petite. Puisque tous les êtres dépendent d’elle, sans la connaître comme leur souveraine, on peut la qualifier de grande. Par suite, le Sage : jamais ne se magnifie ; c’est pourquoi, il mène à terme son Grand Œuvre… ».
Je vous souhaite une longue prospérité dans votre voie.


Très cher Philippe,
Je vous présente mes meilleurs vœux, et dans ceux-ci la continuité de votre très intéressant travail sur ce site, que je consulte très régulièrement. Comme vous le signalez, la vérité est un vaste programme malgré que ses valeurs soient tout simplement au nombre de deux : le vrai et le faux, encore faut-il pouvoir définir et analyser à chaque fois ce qui est, eu égard à nos cultures respectives et au conditionnement inconscient qui en découle. La recherche de la vérité passe par des analyses multiples qu’elles soient sur le plan objectif et subjectif ou sur le plan psychique. C’est un vaste programme que je vous laisse bien volontiers à continuer d’analyser.
Je souhaite, de tout cœur, que vous poursuiviez sur cette belle voie autant que vous le pourrez et le voudrez afin de valoriser nos connaissances et nos sentiments à tous.
Avec toute mon amitié et mon affection.


Bonjour Philippe
De Vera Cruz, je vous adresse tous mes vœux de bonheur et de santé, ainsi qu’une bonne continuation sur ce site que chacune et chacun de nous apprécient particulièrement. Enfin toutes mes félicitations pour ce grand travail sur la vérité. En ce qui concerne cette dernière, il nous faut comprendre que les choses fondamentales doivent être souvent enseignées par touches successives pour nous amener à la compréhension de la vérité, afin de ne pas être désorienté trop brutalement. Tout le monde a entendu parler de « Maya, la Grande Illusion » des orientaux. Toute la vie est un immense rêve, celui de la vie, dont il faut s’éveiller, duquel il faut s’arracher afin d’accéder à un nouvel état qui est le véritable éveil, la véritable naissance, la vie véritable, car toute existence n’est qu’apparence.
Pour terminer, je vous annonce que vous resterez à jamais un instructeur pour moi et je vous en remercie chaleureusement. Je vous adresse toute mon estime et espère pouvoir vous rencontrer un jour.

Consuelo.


Merci à vous toutes de vos bons vœux et à mon tour je vous adresse les miens ainsi qu’à tous les lectrices et lecteurs de ce site. Chacun de vos messages est toujours rempli d’intelligence et de sagesse et très complémentaire du sujet traité. Pour être en totale harmonie avec vous je vous dédie ces quelques vers célèbres de William Blake (1757-1827) :
« Voir un univers dans un grain de sable
Et un paradis dans une fleur sauvage,
Tenir l’infini dans la paume de la main,
Et l’éternité dans une heure. 
»
Une phrase du Maître Jésus paraît également répondre parfaitement à notre quête intérieure qui se teinte au départ, par les diverses individualités animées, cependant, d’une même identité : « Vous connaîtrez la Vérité et la Vérité vous affranchira ». C’est cette vérité, Une sous le multiple, que nous recherchons tous, vérité supérieure qui se dessine , se précise et nous libère progressivement de l’esclavage de nos anciennes limitations. C’est cette vérité à laquelle nos méditations transcendantales nous conduisent, élargissant le cercle restreint de notre compréhension, nous faisant pénétrer dans le royaume supérieur de la vie, de la lumière et de l’amour.
Je vous embrasse et au plaisir de nos prochaines correspondances.


Très cher Philippe,

On retrouve, dans votre écrit cette appréhension des choses philosophiques avec la hauteur et la largeur de vision qui vous est coutumière et je comprends que le texte ait le succès qu’il mérite.
Je soumets ici, à votre sagacité, mon intuition sur les concepts qui y sont discutés.

Je commencerai par formuler la nuance que je perçois entre savoir et connaissance : Pour moi la connaissance est le savoir que nous avons intégré, si notre ouverture de conscience nous a permis de le faire. Ce processus d’intégration fait qu’un concept nous apparaît alors véritable au sens de « Vérité ». Notre connaissance deviendrait dans cette idée la consolidation de nos vérités plus ou moins partagées.
Notre niveau de conscience peut aussi être trop étroit ou pas assez mûr à un instant T, pour assimiler ce savoir, soit par peur ou tout autre tabou psychique, soit par incapacité à le concevoir, alors nous n’intégrons pas ce qui nous est proposé, cela pourra, cependant, nous être proposé à nouveau plus tard.
Nous pouvons aussi accéder à un savoir ayant un processus d’intégration tellement rapide qu’il en est fulgurant : c’est peut être que l’intuition et la vérité intuitive nous apparaissent.
Il me semble en être ainsi, autant au niveau individuel qu’au niveau collectif. Ainsi, l’ouverture moyenne de la conscience humaine permet, aujourd’hui, d’accéder à des concepts dématérialisés telle que la physique quantique, la possible vitesse de la lumière dépassée avec une humilité et un degré d’acceptation qui tranche avec le matérialisme chevronné des siècles passés ; Mais les consciences d’aujourd’hui naissent dans un monde ou les échanges, l’information sont aussi parfaitement dématérialisés donc il y a possibilité d’intégration. Un enfant qui voit apparaître sur le portable sans fil de ses parents de nouvelles images n’aura pas de mal a intégrer le fait que la matière est plutôt constituée de phénomènes vibratoires et propagateurs que d’atomes et de vide
Ainsi, l’intelligence cosmique et universelle nous offre une réalité à intégrer et nous en faisons ce que notre conscience nous permet d’en faire. S’il y a intégration, la vérité nous apparaît, sinon nous restons dans une vérité intérieure très personnelle et très relative qui nous apparaîtra plus tard avoir été une erreur, lorsque nous serons mûrs pour l’intégrer.
Le miracle de cette intelligence cosmique, c’est de savoir nous la présenter à nouveau (les faits sont têtus disent les scientifiques).
Notre conscience s’ouvre avec notre évolution aussi bien individuelle que collective : c’est à nous d’être prêts à accueillir, c’est a dire de nous ouvrir et d’observer sans jugement, la réalité qui se propose à nous. C’est pourquoi le champ de la vérité s’ouvre quand nous identifions les freins qui, jusque-là, nous avaient empêchés son intégration. N’oublions jamais la magnifique mention de Thalès de Milet (-625 -547) qui figurait au fronton du temple d’Apollon à Delphes « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ». Le fait d’identifier et de comprendre nos tabous psychiques ouvre évidemment notre champ de conscience et nous permet d’accéder à un niveau supérieur de vérité. Dans ce scénario, il y a parfois des erreurs de casting avec des personnages qui ont des degrés individuels de consciences beaucoup trop avancés pour le niveau collectif de conscience de l’époque où il sont nés : la vie est alors très difficile pour eux : comme par exemple Bruno Giordano, martyr brûlé sur un bûcher parce qu’il avait osé affirmer que la terre était ronde et qu’elle tournait autour du soleil.
Dans ce contexte, la vérité ne serait que notre intégration de ce qu’il nous est donné de connaître en fonction de notre ouverture de conscience. Elle est nécessairement relative, peut être intuitive si cette intégration est immédiate. Elle peut être aussi démontrée, si elle est passée par les arcanes rationnelles de notre cerveau gauche (autre processus d’intégration possible).
Je suppose que la vérité absolue serait celle produite par une conscience totalement ouverte qui n’existe probablement pas à l’échelle humaine …
Voici pour les pensées que votre article m’inspire…
Pour finir je vous propose cette citation d’Albert Einstein :
« L'idée que l'ordre et la précision de l'univers, dans ses aspects innombrables, serait le résultat d'un hasard aveugle, est aussi peu crédible que si, après l'explosion d'une imprimerie, tous les caractères retombaient par terre dans l'ordre d'un dictionnaire ».

Je termine en vous souhaitant bonne continuation pour de nouveaux articles aussi intéressants.


Très chère Sophie,

D’abord merci de ce très beau commentaire et du rappel de la magnifique citation de Thalès de Milet. Comme j’essaie de l’expliquer la recherche de la vérité est un exercice de longue haleine qui existe depuis que les hommes sont entrés en réflexion. Pour étayer mon affirmation je vous livre quelques lignes de Platon « La République (chapitre VII – L’allégorie de la caverne) — collection Portique 33 »

Socrate — Maintenant repris-je, représente-toi notre nature, selon qu’elle est ou qu’elle n’est pas éclairée par l’éducation, d’après le tableau que voici. Figure toi des hommes dans une demeure souterraine en forme de caverne, dont l’entrée ouverte à la lumière, s’étend sur toute la longueur de la façade ; ils sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou pris dans des chaines, en sorte qu’ile ne peuvent bouger de place, ni voir ailleurs que devant eux ; car les liens les empêchent de tourner la tête, la lumière d’un feu allumé au loin sur une hauteur brille derrière eux ; entre le feu les prisonniers il y a une route élevée ; le long de cette route figure-toi un petit mur pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent entre eux et le public et au-dessus desquelles ils font voir leurs prestiges
Glaucon : Je vois cela.
Socrate : Figure-toi, maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des ustensiles de toute sorte, qui dépassent la hauteur du mur, et des figures d’hommes et d’animaux en pierre, en bois, de toutes sortes de formes ; et naturellement parmi ces porteurs qui défilent, les une parlent, les autres ne disent rien.
Glaucon : Voilà un étrange tableau et d’étranges prisonniers.
Socrate : Ils nous ressemblent ; répondis-je. Et d’abord penses-tu que dans cette situation ils aient vu d’eux-mêmes et de leurs voisins autre chose que les ombres projetées par le feu sur la partie de la caverne qui leur fait face ?
Glaucon : Peut-il en être autrement, s’ils sont contraints toute leur vie, de rester la tête immobile ?
Socrate : Et pour les objets qui défilent n’en est-il pas de même ?
Glaucon : Sans contredit.
Socrate : Dès lors, s’ils pouvaient s’entretenir entre eux ne pense-tu pas qu’ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes, en nommant les ombres qu’ils verraient ?
Glaucon : Nécessairement.
Socrate : Et s’il y avait un écho qui renvoyât les sons du fond de la prison, toutes les fois qu’un des passants viendrait à parler, crois-tu qu’ils ne prendraient pas sa voix pour celle de l’ombre qui défilerait ?
Glaucon : Si par Zeus.
Socrate : Il est indubitable, repris-je, qu’aux yeux de ces gens-là la réalité ne saurait être autre chose que les ombres des objets confectionnés.
Glaucon : C’est de toute nécessité.
Socrate : Examine maintenant comment ils réagiraient, si on les délivrait de leurs chaînes et qu’on les guérît de leur ignorance, et si les choses se passaient naturellement comme il suit. Qu’on détache un de ces prisonniers, qu’on le force à se dresser soudain, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière, tous ces mouvements le feront souffrir, et l’éblouissement l’empêchera de regarder les objets dont ils voyaient les ombres tout à l’heure. Je te demande ce qu’il pourra répondre, si on lui dit que tout à l’heure il ne voyait que des riens sans consistance, mais que maintenant plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit juste ; si enfin, lui faisant voir chacun des objets qui défilent devant lui, on l’oblige à force de questions à dire ce que c’est ? Ne croît-tu pas qu’il sera embarrassé et que les objets qu’il voyait tout à l’heure lui paraîtront plus véritables que ceux qu’on lui montre à présent ?
Glaucon : Beaucoup plus véritables.
Socrate : Et si on le forçait à regarder la lumière même, ne crois-tu pas que les yeux lui feraient mal et qu’il se déroberait et retournerait aux choses qu’il peut regarder, et qu’il les croirait réellement plus distinctes que celles qu’on lui montre ?
Glaucon : Je crois.
Socrate : Et si, repris-je, on le tirait de là par la force, qu’on le fît gravir la montée rude et escarpée, et qu’on le lâchât pas avant de l’avoir traîné à la lumière du soleil, ne penses-tu pas qu’il souffrirait et se révolterait d’être ainsi traîné, et qu’une fois arrivé à la lumière, il aurait les yeux éblouis de son éclat, et ne pourrait voir aucun des objets que nous appelons à présents véritables ?
Glaucon : Il ne le pourrait point, du moins tout d’abord.
Socrate : Il devrait en effet, repris-je, s’y habituer, s’il voulait voir le monde supérieur. Tout d’abord ce qu’il regarderait le plus facilement, ce sont les ombres, puis les images des hommes et des autres objets reflétés dans les eaux, puis les objets eux-mêmes ; puis élevant ses regards vers la lumière des astres et de la lune, il contemplerait pendant la nuit les constellations et le firmament lui-même plus facilement qu’il ne ferait pendant le jour et l’éclat du soleil.
Glaucon : Sans doute.
Socrate : À la fin, je pense, ce serait le soleil, non dans les eaux, ni ses images reflétées sur quelque autre point, mais le soleil lui-même, dans son propre séjour qu’il pourrait regarder et contempler tel qu’il est.
Glaucon : Nécessairement.
Socrate : Après cela, il en viendrait à conclure au sujet du soleil que c’est lui qui produit les saisons et les années, qu’il gouverne tout le monde visible et qu’il est en quelque manière la cause de toutes ces choses que lui et ses compagnons voyaient dans la caverne.
Glaucon : Il est évident que c’est là qu’il en viendrait après ces diverses expériences.
Socrate : Si, ensuite il venait à sa première demeure et à la science qu’on y possède, et aux compagnons de sa captivité, ne crois-tu pas qu’il se féliciterait du changement et qu’il les prendrait en pitié ?
Glaucon : Certes, si.
Socrate : Quant aux honneurs et aux louanges qu’ils pouvaient alors se donner les uns aux autres, et aux récompenses accordées à celui qui discernait de l’œil le plus pénétrant les objets qui passaient, qui se rappelait le plus exactement ceux qui passaient régulièrement les premiers ou les derniers, ou ensemble, et qui par là était le plus habile à deviner celui qui allait arriver, penses-tu que notre homme en aurait envie, et qu’il jalouserait ceux qui seraient parmi ces prisonniers en possession des honneurs et de la puissance ? Ne penserait-il pas comme Achille dans Homère, et ne préférerait-il pas cent fois n’être qu’un valet de charrue au service d’un pauvre laboureur et supporter tous les maux possibles plutôt que de revenir à ses anciennes illusions et de vivre comme il vivait ?
Glaucon : Je suis de ton avis, il préférerait tout souffrir plutôt que de revivre cette vie là.
Socrate : Imagine encore ceci, si notre homme redescendait et reprenait son ancienne place, n’aurait-il pas les yeux offusqués par les ténèbres, en venant brusquement du Soleil ?
Glaucon : Assurément si.
Socrate : Et s’il lui fallait de nouveau juger de ces ombres et concourir avec les prisonniers qui n’ont jamais quitté leur chaînes, pendant que sa vue et encore confuse et avant que ses yeux se soient remis et accoutumés à l’obscurité, ce qui demanderait un temps assez long, n’apprêterait-il pas à rire et ne diraient-ils pas de lui que, pour être monté là-haut, il en est revenu les yeux gâtés, que ce n’est même pas la peine de tenter l’ascension ; et, si quelqu’un essayait de les délier et de les conduire en haut, et qu’ils pussent le tenir en leurs mains et le tuer, ne le tueraient-ils pas ?
Glaucon : Ils le tueraient certainement.
Socrate : Maintenant, mon cher Glaucon, il faut appliquer exactement cette image à ce que nous avons dit plus haut, Il faut assimiler le monde visible au séjour de la prison, et la lumière du feu qui l'éclaire à la puissance du soleil. Quant à la montée dans la région supérieure et à la contemplation de ses objets, si tu la considères comme l'ascension de l'âme vers le lieu intelligible, tu ne te tromperas pas sur ma pensée, puisque aussi bien tu désires la connaître. Dieu sait si elle est vraie. Pour moi, telle est mon opinion : dans le monde intelligible l'Idée du Bien est perçue la dernière et avec peine, mais on ne la peut percevoir sans conclure qu'elle est la cause de tout ce qu'il y a de droit et de beau en toutes choses ; qu'elle a, dans le monde visible, engendré la lumière et le souverain de la lumière ; que, dans le monde intelligible, c'est elle-même qui est souveraine et dispense la vérité et l'intelligence ; et qu'il faut la voir pour se conduire avec sagesse dans la vie privée et dans la vie publique…

Ce passage de « La République » de Platon nous montre bien qu’il n’y a pas de vérité universelle comprise par tous les hommes mais des vérités relatives en fonction des niveaux d’évolution de chacun sur le chemin des trois plans de conscience (conscience objective, conscience psychique, conscience spirituelle). Chaque être quitte peu à peu sa caverne et au cours de ses différentes incarnations s’imprègne progressivement de la lumière universelle.

Très chère Sophie, merci encore de votre participation épistolaire et en retour, j’espère que ce complément platonicien vous apportera, ainsi qu’aux lecteurs du site, quelques motifs supplémentaires de réflexion sur la vérité et du cheminement que nous devons faire pour y parvenir.
Je vous embrasse très fort.
Philippe


Bonjour très cher Philippe,


Récemment je relisais votre glossaire et le terme amour, en connexion avec votre thème vérité, m'a inspiré quelques réflexions que je vous soumets ci-après afin de ne pas confondre l’amour, l’attachement et l’attirance.

L’attirance agit comme une « différence de potentiel » entre deux êtres : l’un ayant un besoin et l’autre lui permettant de le combler une partie « en plus » de l’un rencontre la partie « en moins » de l’autre et cela provoque une attirance d'autant plus importante que ce différentiel est grand ; le tout est de comprendre le manque. Pour peu que chacun ait des manques complémentaires à combler que l’autre peut remplir, alors l’attirance est réciproque toutefois cette attirance provient des manques de l’ego et alors l’insatisfaction réapparaîtra c’est pourquoi l’attirance n’est que transitoire.

L’attachement est une résistance de l’ego pendant la relation car elle est possession et après la relation parce que l’ego ne veut pas admettre qu’il ait pu se tromper. Il s’agit d’une adhérence à la situation du « ici et maintenant » qui fait revivre des moments passés ou les réarrange en « rejouant le match » d’une autre manière à l’infini ou en projetant des nouvelles possibilités de rencontres le plus souvent parfaitement irréalistes. Ainsi, l’attachement ralentit le processus de deuil entretenant l'illusion et empêche l’évolution et l’ouverture vers autre chose, d’autres relations…

L’amour doit s’entendre inconditionnel c’est-à-dire sans attachement et sans attirance probablement. Il s’agit d’une ouverture, d’une observation de l’autre en admirant la beauté de l’âme sans chercher à intervenir. On n’intervient pas lorsqu’on regarde un coucher de soleil : on se laisse pénétrer par la lumière, on apprécie l’instant sans rien faire pour le gâcher. On n’intervient pas non plus dans l’observation d’un bouton de rose on s’émerveille devant son parfum, le soyeux des pétales encore fermées et on attend patiemment l’ouverture de la fleur sans rien précipiter ni intervenir. Il faudrait considérer le cœur de chaque humain avec autant de délicatesse et laisser s’ouvrir le cœur de l’autre, l’intimité de l’autre sans rien faire qu’en ayant un regard bienveillant, en appréciant sans rien d’autre.

Un partenariat spirituel, c’est paraît-il aider l’autre à grandir en conscience
. Ici ce serait en laissant chacun dire ses échecs ses épreuves et en l’aidant à comprendre, à grandir en conscience de manière à ce que chaque cœur/fleur s’épanouisse au mieux des conditions possibles.
Pourquoi confondons-nous tous les termes d’attirance, d’attachement et d’amour ? Pourquoi a-t-on galvaudé le terme d’amour, au seul motif qu’il est la prédisposition de l’âme ?
Pourquoi les blessures de l’enfance et le manque d’amour de départ a-t-il créé des besoins qui abîment les relations suivantes ? Combien d’échecs relationnels nous faut il vivre pour comprendre tout cela ? Autant de questions posées et restées sans réponses pour ouvrir une méditation, une réflexion.

Je vous embrasse de tout cœur chère âme amie.

Sophie.


Très chère Sophie et âme amie,

D’abord toutes mes félicitations pour cette magnifique réflexion et ce très bon questionnement sur l’attirance, l’attachement et l’amour avec ses espoirs, ses promesses, ses désillusions et autres. Je crains de ne pas être à la hauteur pour pouvoir répondre totalement à votre questionnement, cependant je vais quand même essayer en commençant par brosser la situation de la terre et de ses habitants. Nous sommes 7 milliards d’êtres humains, tous distincts par leurs chromosomes, leurs nombres d’incarnations et leurs vécus ainsi que les leçons qui en ont été tirées pour chacun d’eux, tant sur le plan personnel, familial, scolaire, sociétal, etc., mais également sur le plan des incarnations (dans la mesure où l’individu a pu s’ouvrir sur cet univers). Que l’on le veuille ou non nous sommes des êtres totalement conditionnés devant toutes les manifestations de la vie en général. Néanmoins nous avançons de siècles en siècles, nous supprimons certains conditionnements et en créons d’autres. Pour atteindre la forme d’amour que vous exposez, il faut être capable de faire la symbiose, à l’état conscient, entre les trois êtres qui sont en nous : l’être spirituel, l’être psychique et enfin l’être physique. C’est l’objectif qui doit être poursuivi, mais très peu d’individus en sont conscients voire informés. Quand vous faites la symbiose entre les trois êtres alors vous êtes en harmonie avec l’ensemble de l’univers et c’est ce que l’on peut appeler l’amour absolu. Tout le psychisme de l’univers vous pénètre. Il nous faut de nombreuses incarnations pour atteindre ce que vous avez magnifiquement exposé et ce que je viens de dire. Fort de ce début de compréhension nous devons entamer le chemin cité ci-dessus et peu à peu les nombreuses remarques que vous faites se résorberont au profit d’une lumière intérieure. Mais sachez que ce long chemin est nécessaire car nous nous sommes incarnés purs sur le plan spirituel mais sans connaissance du monde matériel et nous finirons nos cycles d’incarnations toujours purs sur le plan spirituel mais pouvant participer à la maîtrise de la matérialisation de l’univers par la connaissance acquise. Quand chacun d’entre nous naît, une partie de sa personnalité se met en sommeil suivant le sexe qu’il a choisi. Cependant, dans sa vie il sera instinctivement à la recherche de cette partie provisoirement manquante qu’il essaiera de retrouver chez le partenaire du sexe opposé. Vu que nous sommes uniques le complément parfait est extrêmement rare et nous sommes déçus. Forts de ce constat, il nous reste à faire avec et aimer le mieux possible le partenaire qui est le plus complémentaire, tout en sachant que nous devons aimer l’ensemble de l’humanité car nous sommes tous des cellules du créateur.

J’ai fait de mon mieux pour essayer de répondre à votre peine intérieure et j’espère que cela vous aidera un tant soit peu.
Je vous embrasse de tout cœur chère âme amie.


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Philippe Lassire
Philippe Lassire
Auteur du site
top-philo.fr



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