0 — BRÈVE INTRODUCTION
Dieu ne communique jamais la sagesse mystique sans y joindre l’amour par lequel elle se répand. Saint-Jean de la Croix (1542-1591). La nuit obscure de l’âme.
D’une manière générale, la sagesse ou sapience (du grec sophia sagesse et en hébreu Hokmah) représente l’idéal supérieur de vie proposé par une doctrine morale ou philosophique. Dans le domaine philosophique, elle implique un système particulier de conduite de la vie par lequel on juge les choses en se mettant au-dessus des intérêts individuels, des accidents de la vie et des fausses opinions du plus grand nombre. Dans le domaine mystique, elle suppose l’engagement dans une voie spirituelle où un ensemble de valeurs et d’états transcendantaux sont recherchés et atteints par le travail mystique, intellectuel et physique. Dans la vie de tous les jours, le sage est guidé par la vertu et éclairé par la science, agit de la manière la plus conforme à la raison ; il implique plus de grandeur et une raison plus élevée que prudent.
1 — LA SAGESSE ET SES DIFFÉRENTES APPROCHES
1.1. — Approche mystique de la sagesse selon l’A.M.O.R.C.
L’A.M.O.R.C. (Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix) est un mouvement philosophique, initiatique et traditionnel mondial, non religieux, non sectaire et apolitique, ouvert aux hommes et aux femmes, sans distinction de race, de religion ou de position sociale.
Si la sagesse est souvent classée comme la dernière de douze vertus majeures c'est par ce qu'elle les contient toutes. Pour être plus précis et dans l’absolu, la sagesse peut être considérée comme la synthèse des onze vertus majeures suivantes : patience, confiance, tempérance, tolérance, détachement, altruisme, intégrité, humilité, courage, non-violence et bienveillance. Elle nécessite par excellence une grande maîtrise de soi et un certain degré de perfection. C’est pourquoi très rares sont les personnes qui peuvent être qualifiées de « sages ». En fait, seuls les Maîtres et les Initiés, de haut rang, semblent mériter un tel qualificatif, bien qu'ils s'en défendent pourtant. Quant au commun des mortels, il ne réunit au mieux que quelques-unes de ces qualités, ce qui est déjà appréciable. En outre, certains défauts sont plus négatifs que d'autres, on peut penser notamment à l'envie, à l'égoïsme et à l'orgueil. Mais quiconque en souffre et réussit à s'en défaire a beaucoup de mérite, tant sur le plan humain que sur le plan cosmique. À cet égard, rappelons-nous toujours que ce n'est pas le fait d'être imparfait qui est un péché majeur, mais le manque d'effort à se parfaire.
Indépendamment des vertus dont elle est la synthèse, nul ne peut nier que la sagesse est indissociable de la connaissance. C'est précisément pour cette raison qu'un ignorant ne peut être sage. Cela dit, encore faut-il s'entendre sur ce que l'on appelle « connaissance » D'un point de vue mystique, il ne s'agit pas du savoir intellectuel que certaines personnes se targuent de posséder et dont elles font étalage, le plus souvent sous l'impulsion de leur ego. En dernière analyse, un tel savoir est nécessairement relatif, arbitraire et limité, tant est vaste ce qu'il est possible d'apprendre sur le plan purement culturel. Par ailleurs, il est le propre de nos fonctions cérébrales et non de nos facultés spirituelles. Autrement dit, il concerne notre mental et ne dure donc qu'une seule vie, alors que la véritable connaissance fait partie intégrante de notre âme et demeure éternellement dans la conscience qui lui est propre.
Qu'est-ce que la connaissance au sens mystique de ce terme ? Conformément aux explications précédentes, elle est du domaine de l'âme. En fait on peut dire qu'elle correspond à la compréhension des lois cosmiques, c'est-à-dire des lois spirituelles, universelles et naturelles, telles qu'elles se manifestent en l'homme et autour de lui. Elle intègre également ce que l'on appelle couramment « l'expérience de la vie », c'est-à-dire l'aptitude à comprendre les aléas de l'existence et à s'adapter aux circonstances. Par extension, elle implique de connaître la nature humaine et de se connaître soi-même, car la manière dont nous jugeons les autres traduit souvent le regard que nous avons ou n'avons pas sur nous-mêmes. Quoi qu'il en soit, la véritable connaissance ne s'acquiert pas dans les livres aussi culturels soient-ils, mais dans les leçons que nous enseigne la vie quotidienne. En effet, ce sont ces leçons qui contribuent à notre évolution spirituelle, car elles font nécessairement appel à la conscience de notre âme et laissent une empreinte indélébile sur notre personnalité animique.
Mais, la connaissance, aussi prestigieuse soit-elle ne suffit pas à rendre sage celui qui la possède. Pour qu'il en soit ainsi, il faut qu'elle s'accompagne d'une mise en pratique correspondante. Dans le cas contraire, elle se limite à un savoir théorique n'ayant aucun intérêt, que ce soit d'ailleurs sur le plan spirituel ou sur le plan matériel. Cela signifie que la sagesse est l'application de ce que l'on connaît en matière de mysticisme et de philosophie, ce mot signifiant précisément « amour de la sagesse » ou « science de la vie », selon que l'on retient la définition ésotérique ou exotérique de ce terme. Être sage, au sens le plus large, c'est donc penser, parler et agir en conformité avec ce que l'on sait, et savoir ce que l'on connaît est conforme à la Sagesse Divine. En un mot c'est exprimer dans notre comportement la perfection de notre Moi divin, et ce, dans les aspects aussi bien matériels que spirituel de l'existence Cela implique naturellement un très haut niveau d'évolution.
Puisque la sagesse est l'aptitude à penser, à parler et à agir conformément à la Sagesse Divine, elle implique la maîtrise de la pensée, de la parole et de l'action. Être sage en action, c'est appliquer quotidiennement l'adage : « Bien faire et laisser dire ». Autrement dit, c'est faire le bien sans se préoccuper du jugement d'autrui, tant « la critique est facile et l'art difficile ». Mais c'est également ne pas faire pour les autres ce qu'ils ont intérêt à faire eux-mêmes, ceci afin de les responsabiliser et de les inciter à s'assumer par eux-mêmes. En ce sens on doit penser que l'assistanat, dans quelque domaine que ce soit, est une entraide illusoire à plus ou moins long terme, car il place ceux qui en bénéficient en état de dépendance et contribue à annihiler leur propre esprit d'initiative et d'entreprise. Dans les cas extrêmes, il cultive en eux la paresse et les encourage d'avantage à revendiquer des droits qu'à assumer leurs devoirs. À ce sujet, rappelez-vous les paroles de Pythagore : « Ce n'est pas aider autrui que de faire les choses à sa place, à moins qu'il en soit vraiment incapable et que ce soit bien de le faire pour lui ».
Qu'en est-il maintenant de la sagesse en parole ? Pour répondre à cette question, il suffit peut-être de citer cette maxime très connue : « Si ce que tu veux dire n'est pas plus beau que le silence, alors abstiens-toi de parler ». Il est effectivement sage de ne pas parler si ce que l'on s'apprête à n'a aucun intérêt véritable, afin, précisément, « de ne pas parler pour ne rien dire ». Il faut également savoir se taire lorsque notre interlocuteur est incapable de comprendre le sens de nos propos ou risque de les utiliser pour nous faire du tort. Il en est de même lorsqu'un rapport de force se crée au cours d'une conversation, afin d'éviter qu'elle se transforme en une joute verbale aussi nuisible qu'inutile Dans l'absolu, la parole ne devrait servir qu'à exprimer des pensées constructives, à transmettre des messages utiles et à communiquer en toute tolérance. Tel est précisément l'usage qu'en fait un sage.
Pour des raisons évidentes, on ne peut être sage en action et en parole si on ne l'est pas en pensée, car ce que l'on fait et dit est généralement le reflet conscient ou inconscient de ce que l'on pense. Certes, il est vrai que l'on peut dire parfois des choses que l'on ne pense pas, notamment sous l'effet de la colère. Mais dans ce cas, il s'agit précisément d'un manque de sagesse, car nous devons apprendre à maîtriser nos impulsions négatives, lesquelles sont en elles-mêmes l'expression d'un état intérieur discordant. D'une manière générale, nous pouvons considérer que penser sagement, c'est faire en sorte que Dieu pense à travers nous, tout en étant conscient qu'Il le fait. En un mot, c'est être le miroir mental de la Pensée Divine, comme l'homme peut la réfléchir, au sens le mystique de ce terme.
Il est intéressant à noter que dans la Kabbale, la sagesse est opposée à la folie. Or, être fou, c'est manquer de conscience, au sens d'être inconscient de ses paroles et de ses actes, le plus souvent en raison de déficiences mentales. Mais c'est également agir sciemment à l'encontre d'autrui. Dans le cas extrême, c'est même utiliser son intelligence à des fins négatives, voire destructrices, d'où l'adage bien connu « science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». Pour s'en convaincre il suffit de penser à certaines applications de la science, notamment dans le domaine militaire. On peut d'ailleurs se demander pourquoi certains scientifiques mettent leur savoir au service du mal et de la destruction. En dernière analyse, je pense que c'est parce qu'ils manquent considérablement d'humanité et agissent sous l'influence d'une conception matérialiste de l'existence. C’est probablement aussi parce qu'ils souffrent de problèmes psychologiques divers, car le fait d'avoir un intellect puissant ne met personne à l'abri de ses propres démons.
Pour clore ce chapitre, on dira que tout individu, quelles que soient ses croyances et ses convictions, éprouve une certaine admiration à l'égard des personnes que l'on dit sages et qui le sont vraiment. Pourquoi ? Tout simplement parce que chacun de nous aspire plus ou moins consciemment à le devenir. Or, cette aspiration prouve en elle-même que l'homme, bien qu'imparfait, ressent au plus profond de lui-même le désir de se parfaire. Autrement dit, elle témoigne du fait que nous possédons une âme qui nous incite à devenir meilleurs en pensée, en parole et en action. S'il en est ainsi, c'est parce que nous sommes d'origine divine et évoluons de vie en vie vers la perfection de notre propre nature. En ce sens, nous sommes tous destinés à incarner sur Terre la Sagesse du Tout, considéré comme l'Intelligence Universelle qui a créé tout ce qui a été, est et sera. Et cette Sagesse Divine, c'est au plus profond de nous-mêmes qu'il faut nous évertuer à la rechercher. »
1.2 — Huit clefs de Sagesse selon l’Islam
La pratique de la sagesse est universelle et existe sous toutes les latitudes. Je reprends ici quelques lignes d’Abou Ahmed Mohammed Ibn Mohammed Ibn Mohammed El Ghazali (1072-1127) dans « Le Maître et son disciple ou les huit clefs de la Sagesse ». Dans cet ouvrage, le disciple rend compte à son Maître des huit clefs de la sagesse qu’il a découvertes et expérimentées durant son ascèse.
1° clef — J’ai observé ce monde et je me suis aperçu que chacun est amoureux de quelqu’un ou de quelque chose, et qu’il s’y accroche sa vie durant ; or, à son enterrement, l’objet aimé le quitte. Je me suis alors efforcé de n’avoir pour amour que celui de faire le Bien, pour qu’à mon enterrement, mon bien-aimé soit enterré avec moi.
2° clef — J’ai longtemps médité sur les paroles de Dieu : « Celui qui craint Dieu et, qui s’empêche de faire le mal, sa récompense est le Paradis ». J’ai compris alors que les paroles divines sont la Vérité. Je me suis alors consacré à ne faire que le Bien, jusqu’à ce que je me sente fondu tout entier dans cette vérité.
3° clef — J’ai vu que toute personne qui possède un bien ou un objet précieux le cache et le protège avec avidité, alors je me suis souvenu des paroles de Dieu : « Ce que vous possédez finit, mais ce qui est chez Dieu ne finit jamais ». Alors, chaque fois qu’un bien précieux me tombe entre les mains, je l’offre à Dieu, pour qu’il me garde.
4° clef — J’ai vu que dans ce bas monde les gens se vantent entre eux, qui de richesse, qui de descendance noble, qui de progéniture ou d’alliance. J’ai médité, et trouvé que tout cela n’est rien, et suis revenu aux paroles de Dieu : « Le meilleur d’entre vous est le plus pieux ». Je me suis efforcé de l’être, pour mériter d’être accepté dans le Royaume de Dieu et être considéré parmi les meilleurs.
5° clef — J’ai vu des gens s’insulter, se maudire, s’entredéchirer par envie, et je me suis souvenu des paroles de Dieu : « Nous leur avons partagé leurs biens dans ce monde ». Aussi j’ai soustrait toute envie, délaissé les gens et compris que le partage des biens terrestres provient de Dieu, donc je me suis gardé de ne pas me faire d’ennemis.
6° clef — J’ai vu que les gens s’attaquent les uns les autres, s’entre-tuent, se déchirent mutuellement par les actes et par la parole, sans aucune raison valable, alors je me suis souvenu des paroles de Dieu : « Satan est votre ennemi, prenez-le pour votre ennemi ». Donc je l’ai pris pour mon ennemi, et j’ai pris toute la précaution de le garder à distance loin de moi, puisque Dieu a témoigné qu’il est notre ennemi. De ce fait je me suis épargné de faire de mes semblables mes ennemis.
7° clef — J’ai vu que les gens utilisent tous les moyens, même vils, pour parvenir à obtenir le pain quotidien, et je suis souvenu des paroles de Dieu : « Il n’y a pas de créature sur Terre à laquelle je n’aie réservé sa nourriture ». J’ai constaté alors que j’étais l’une de ces créatures !
8° clef — J’ai constaté que chaque créature compte sur une autre créature, qui sur une ferme, qui sur un commerce, qui sur un métier, qui sur sa force corporelle, et chacun compte sur l’autre, alors je suis revenu aux paroles divines : « Qui compte sur Dieu, Dieu lui vient en aide » J’ai compté alors sur Dieu, Il est mon Seul Appui et mon Seul Soutien.
Le Maître, après avoir médité un long moment, lui dit. — Que Dieu te vienne en aide et éclaire ton chemin, j’ai étudié la Torah (l’Ancien Testament) l’Évangile, le Zab Our (les Psaumes de David) et le Fourquan (le Coran), j’ai trouvé que la vie du mystique s’articule autour de ces huit clefs aussi bien sur terre que dans le ciel, et tous ceux qui parviennent à les trouver et à en déchiffrer les mystères, son les élus de Dieu pour accomplir Son œuvre, et tous les biens de ce monde et ceux de l’au-delà tournent autour de ces huit leçons. Quant à celui qui les applique, c’est comme s’il avait suivi des préceptes des Quatre Livres. Et ceux qui parviennent à comprendre le sens profond et mystique de ces clefs sont les sages qui se sont adonnés à l’étude des mystères de l’au-delà, mais point ceux qui gaspillent leur vie à la recherche des biens éphémères de la vie terrestre.
1.3. — Petits fragments de Sagesse selon la Bible
Voici un court passage des Psaumes, livre premier :
« Psaume I — Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs, mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, et qui médite jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, qui donne son fruit en sa saison, et dont le feuillage ne se flétrit point : tout ce qu’il fait lui réussit.
Il n’en est pas ainsi des méchants : ils sont comme la paille que le vent dissipe. C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement, ni les pécheurs dans l’assemblée des justes ; car l’Éternel connaît la voie des justes, et la voie des pécheurs mène à la ruine ».
D’une manière générale, les ouvrages bibliques sont considérés comme des livres de sagesse avec pour but de l’enseigner.
1.4. — Petits fragments de Sagesse selon le Tao te king de Lao Tseu
Voici quelques lignes du passage : Le Sens (la Voie), chapitre VII
Le Ciel est éternel et la Terre durable.
Ils sont durables et éternels,
Parce qu’ils ne vivent pas pour eux-mêmes
Voilà ce qui les fait vivre éternellement.
Par suite le Sage :
Parce qu’il s’efface,
Il apparaît au premier rang.
Il se dépouille de lui-même,
Et son essence subsiste.
En ne voulant rien avoir en propre
Lui-même n’accomplit-il pas ce qui lui est propre ?
La Voie du Ciel c’est de favoriser sans nuire
La Voie du sage, c’est d’agir sans lutter.
1.5. — Quelques fragments de Sagesse selon la Bhagavad-Gita
Pour être totalement conforme à l’esprit de cette sagesse voici, ci-dessous, quelques extraits du livre « La Bhagavad-Gita telle qu’elle est » Éditions Bhakti vedanta 1975.
« …Absorbé dans le service de dévotion, le sage prend refuge en le Seigneur et renonçant en ce monde aux fruits de ses actes, s’affranchit du cycle des morts et des renaissances. Il parvient ainsi à l’état qui est par-delà la souffrance… » Verset 51
« …Quand ton intelligence aura traversé la forêt touffue de l’illusion, tout ce que tu as entendu, tout ce tu pourrais encore entendre, te sera indifférent… » Verset 52
« … Quand ton mental ne se laissera plus distraire par le langage fleuri des Védas, quand il sera absorbé dans la réalisation spirituelle, alors tu seras en union avec l’Être Divin… » Verset 53-54
« … Le Seigneur bienheureux dit : Quand un homme, Pãrtha, s’affranchit des milliers de désirs matériels créés par son mental, quand il se satisfait dans son vrai moi, c’est qu’il a pleinement conscience de son identité spirituelle. Celui que les trois formes de souffrance ici-bas n’affectent plus, que les joies de la vie n’enivrent plus, qu’ont quitté l’attachement, la crainte et la colère, celui-là est tenu pour un sage à l’esprit ferme ». Verset 55-56
« … Celui qui, libre de tout lien, ne se réjouit pas plus dans le bonheur qu’il ne s’afflige du malheur, celui-là est fermement établi dans connaissance la absolue. Celui qui, telle une tortue, rétracte ses membres au fond de sa carapace, peut détacher de leurs objets les sens, celui-là possède le vrai savoir… » Verset 57-58
« … Même à l’écart des plaisirs matériels, l’âme incarnée peut encore éprouver quelque désir pour eux. Mais qu’elle goûte une joie supérieure, et elle perdra ce désir, pour demeurer dans la conscience spirituelle… » Verset 59
« … Forte et impétueux sont les sens, ô Arjuna ; ils ravissent même le mental de l’homme de sagesse qui veut les maîtriser. Qui restreint ses sens et s’absorbe en Moi prouve certes intelligence sûre. En contemplant les objets des sens, l’homme s’attache ; d’où naît la convoitise, et de la convoitise la colère… » Verset 60-62
« … La colère appelle l’illusion, et l’illusion entraîne l’égarement de la mémoire. Quand la mémoire s’égare, l’intelligence se perd, et l’homme choit à nouveau dans l’océan de l’existence matérielle. Qui maîtrise ses sens en observant les principes régulateurs de la liberté reçoit du Seigneur Sa pleine miséricorde et se voit ainsi libéré de tout attachement comme de toute aversion… » Verset 63-64
« … Les trois formes de souffrance matérielle n’existent plus pour celui que le Seigneur a ainsi touché de Sa miséricorde immotivée. Devenu serein, son intelligence ne tarde pas à s’affermir. L’être inconscient de son identité spirituelle ne peut ni maîtriser son mental, ni affermir son intelligence ; comment, dès lors, connaîtrait-il la sérénité ? Et comment sans elle, pourrait-il goûter au bonheur ? Comme un vent violent balaie sur l’eau une nacelle, il suffit que l’un des sens entraîne le mental pour que l’intelligence soit emportée. Aussi, ô Arjuna aux bras puissants, celui qui détourne ses sens de leurs objets possède-t-il une intelligence sûre ? … » Verset 65-68.
Etc.
1.6. — Quelques fragments de la sagesse selon l'Évangile de de Matthieu (11 v 25 à 30)
« …25 — En ce temps-là, Jésus prit la parole, et dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la Terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi. Toutes choses m’ont été données par mon Père, et personne ne connait le Fils, si ce n’est le Père ; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevrez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. »
2. — APPROFONDISSEMENT DE SA CONDUITE VERS UN IDÉAL DE SAGESSE
Au-delà des onze vertus, déjà citées mais non développées ici, devant être intégrées pour aspirer à un certain niveau de sagesse, il nous faut tenter d’identifier les défauts et les qualités indispensables afin d’établir un modèle de conduite à tenir dans notre existence quotidienne. Quoique je ne puisse décemment me qualifier de sage, je vais néanmoins tenter de recenser les qualités et devoirs majeurs à acquérir ou à développer ainsi que les principaux défauts majeurs qui doivent être atténués sinon éliminés de notre existence. Ce n’est, bien entendu, qu’une ébauche eu égard à l’ampleur du sujet et à la voie unique de chacun.
2.1. — Qualités et états d'esprit à acquérir ou à développer vis-à-vis de soi-même
Application : Ne jamais remettre au lendemain ce que l’on peut faire le jour même. Nous devons, jour après jour, accomplir notre tâche et notre développement personnel en ignorant la paresse, le mauvais moral, et toutes les interruptions plus ou moins bien fondées de nous-mêmes et de notre environnement, etc. Il s’agit donc d’une attention suivie, soutenue, persévérante : bien qu’elle puisse n’avoir point de succès, l’application suppose toujours la volonté de savoir, d’expérimenter et d’intégrer en soi.
Considération personnelle : Se mettre en harmonie avec son être intérieur pour découvrir les obligations de la vie, afin d’être guidé sur toutes les voies de son destin. Ceci implique une estime de soi basée sur une profonde introspection. Savoir écouter et interpréter sa petite voix intérieure.
Contentement : Notre passage sur cette Terre est fixé par un destin issu de la volonté du Tout et de notre propre voie d’évolution. Ce destin est assujetti aux lois de cause à effet. Toutes les difficultés que nous rencontrons viennent de notre propre folie, notre orgueil, notre conditionnement sociétal, notre fantaisie désordonnée. Se satisfaire de peu, voilà la plus grande des sagesses.
Courage : Nous sommes confrontés dans notre vie aux ennuis, infortunes, périls, désirs, douleurs, blessures morales et physiques et autres. Nous devons garder la route de notre destin, quoi qu’il arrive, avec esprit noble et grandeur d’âme. On part au combat et l’on revient victoire en main.
Émulation : Il est normal, que jour après jour, nous nous élevions en nous-mêmes et dans la société afin d’accomplir notre mission sur la Terre. Ceci doit être fait sans un cœur assoiffé d’honneurs et une oreille prenant plaisir à la voix de la louange. Nous mortels, il nous faut nous élever au-dessus de la poussière dont nous sommes faits et exalter notre désir pour les choses de valeurs spirituelles et matérielles bien comprises. Il nous faut grandir, être le meilleur, sans abaisser pour cela nos concurrents par des méthodes malhonnêtes. Ne faisons jamais comme l’envieux, qui est toujours irrité et amer, qui crache son venin sur tout ce qui bouge et qui essaie de déprécier ceux qui lui sont supérieurs. Il est irrité et amer, il n’est que haine, malice, dépréciations des autres. Il médite en permanence la mauvaise action. Il nous faut développer intellectuellement et psychiquement cette ardeur noble qui nous pousse à imiter et même à surpasser par des efforts louables et généreux ce que l’on admire dans les autres.
Modestie : Comme de simples vêtements rendent plus belle une femme, un comportement modeste est le plus bel ornement de la sagesse intérieure. Le premier pas vers la sagesse est de savoir que nous sommes nés mortellement ignorants.
Prudence : L’homme prudent est celui qui, apportant en tout la réflexion, évite de faire ce qui pourrait lui nuire, cela en calculant par avance la portée et les conséquences de ses actes ; il suppose le soin de son intérêt personnel et un certain sentiment de crainte.
L’homme prudent, ne parle qu’a bon escient, ne se moque de personne, ne se glorifie en aucune façon, n’émet aucune plaisanterie douteuse. Il se contente de ce qu’il a, en fonction de sa condition. Il ne dépense pas tout ce qu’il possède, car la providence de sa jeunesse peut être la consolation de sa vieillesse. Il doit être circonspect dans la prospérité, frugal dans l’abondance et observateur des expériences des autres. Il doit rencontrer les maux de la vie comme un homme qui va au combat et qui revient victoire en main.
Tempérance : C’est une vertu dans le sens le plus absolu du mot. Elle impose une règle raisonnable non seulement pour la quantité, mais encore pour le choix et la nature des actions à mettre en œuvre : « La simple raison commande la sobriété ; la sage philosophie conduit à la frugalité ; la vertu exige la tempérance ». C’est une vertu qui modère la passion et prévient tout excès dans quelque genre de plaisir que ce soit.
Le meilleur moyen que l’homme a d’approcher du bonheur est de se réjouir d’avoir la compréhension et la santé. Les courts moments de réjouissance et d’orgie sont généralement suivis de pénibles jours de souffrance et d’abattement. Il s’ensuit la honte et la maladie, le désir et les soins, enfin la repentance. Affaibli par le badinage, dorloté dans le luxe, amolli par la paresse, la force abandonne nos membres et la santé notre constitution
2.2. — Principaux devoirs sociaux à mettre en œuvre
Bienveillance : Elle implique soit le désir de faire le bien, soit simplement une disposition à écouter favorablement les personnes autour de nous. Le bienveillant a pour devoir d’être ami de l’homme, car c’est son intérêt que celui-ci soit son ami. Comme la rose exhale un parfum, le cœur du bienveillant produit de bonnes œuvres. Il est heureux du bonheur et de la prospérité de son voisin. Il évite les calomniateurs, les fautes et les erreurs des hommes lui font mal au cœur. Il fait le bien et recherche l’occasion de le faire, soulage l’opprimé et se libère lui-même. Le bienveillant, selon sa largesse d’esprit, comprend avec sagesse le bonheur de tous les hommes, et avec la générosité de son cœur s’efforce de réaliser ce bonheur.
Charité : C’est la vertu qui porte à désirer et à faire le bien de son prochain, en général par principe de religion et/ou de spiritualité. Bienheureux l’homme qui cultive en lui les graines de la bienveillance car les résultats en lui deviendront charité et amour et la bonté jaillira de lui. Cet homme aide ses semblables et se réjouit à faire prospérer son entourage ; et à un certain degré spirituel il participe au bien de l’humanité toute entière. Il ne blâme jamais son prochain, fuit les racontars envieux et malveillants et ne répète pas les calomnies. L’homme charitable chasse de sa mémoire et de son cœur la vengeance et la méchanceté. Il ne rend pas le mal pour le mal, il ne hait personne y compris ses ennemis, mais en retour à leur injustice il s’exprime par une remontrance amicale. L’homme charitable a de la compassion pour les peines et les anxiétés humaines et s’efforce d’alléger le poids de leurs infortunes et s’emploie à leur réussite. Il calme les haines, apaise les querelles des gens coléreux et évite les méfaits des conflits de l’animosité. Au lieu de cela il apporte la paix et la bienveillance à son entourage.
Gratitude : Il s’agit d’un sentiment affectueux qui naît dans notre cœur à la suite de bienfaits, de services reçus ; il implique des actions par lesquelles on s’acquitte d’obligations contractées. Dans ce cas, le cœur compatissant de l’homme se plaît à rendre le bienfait rendu. Il reconnaît volontiers ses obligations, il a un sentiment noble d’estime et d’amour pour son bienfaiteur.
Justice : Dans toutes les démocraties, la paix de la société dépend de la justice, le bonheur des individus relève de la jouissance en toute sécurité de leurs possessions. Pour être en harmonie avec ces concepts, il nous faut garder les désirs de notre cœur dans les limites de la modération, que la main de la justice nous conduise dans le droit chemin. L’homme ne doit jamais être jaloux des biens de son voisin et même respecter tout ce qui est sa propriété. Dans ses relations avec ses semblables, il doit être impartial et juste, et doit agir avec eux comme il voudrait qu’ils agissent envers lui. L’homme juste n’opprime pas le pauvre et ne prive pas l’homme laborieux de ses biens. L’homme juste doit toujours agir pour tenter de payer la totalité de ses dettes matérielles et/ou spirituelles.
Sincérité : Elle se rapporte surtout aux choses du cœur et désigne la qualité qui consiste moins à parler librement dans l’intérêt de son interlocuteur. De Jaucourt en donne cette définition : « La morale de la plupart des gens, en fait de sincérité, n’est pas rigide : on ne se fait pas une affaire de trahir la vérité par intérêt, ou pour se disculper, ou pour excuser un autre ». L’homme sincère est amoureux de la beauté de la Vérité ; l’hypocrisie et la fourberie n’ont pas place en ses paroles, il a horreur du mensonge et veille constamment à dire la vérité.
2.3. — Principaux devoirs envers soi-même
Respect de son corps : Bien peu de gens sont totalement conscient que leur corps est le temple de leur âme et ils n’élèvent que très rarement leur esprit vers leur infinie sagesse intérieure afin de voir la toute puissance divine étalée en eux. Mais pour que cette sagesse puisse être atteinte, il faut que leur corps soit impeccable, extérieurement et intérieurement. Ils doivent se poser la question suivante : Pourquoi la conscience est-elle en moi et d’où provient-elle ?
Usage des sens : Il ne faut jamais se vanter de notre corps, car il n‘a pas été formé par notre esprit et nos désirs, mais par l’impulsion de l’Âme en nous. Le maître de maison n’est-il pas plus honorable que ne le sont les murs de sa maison. Il faut que l’homme accepte que son âme fasse agir et diriger son corps qui est comme le globe terrestre, que ses os en sont les piliers qui le soutiennent sur sa base. Comme de l’océan proviennent les sources dont les eaux retournent en ses abîmes par les fleuves, ainsi sa vie ne tire sa force que de la terre et même y retourne.
L’Âme humaine et ses attachements : Les miséricordes physiques qui nous sont accordées sont : la santé, la vigueur et la proportion. La plus grande en est la santé. Ce que la santé est au corps, l’honnêteté l’est pour l’Âme. Il nous faut rechercher l’Âme par ses facultés et la connaître par ses vertus. L’âme désire s’instruire du monde de la matière et aime la discrétion. La fin de la quête est la vérité, elle la découvre par la raison et l’expérience et la perception du Soi.
Etc., etc., etc.
2.4. — Quelques principaux défauts que l'Homme se doit à maîtriser
Il est difficile, dans le cadre de ce bref exposé, de faire le bilan détaillé de la totalité des défauts à atténuer, voire à supprimer. Je me contenterais donc de ne citer ici que quelques principaux cas majeurs qui nuisent considérablement à l’évolution spirituelle de l’homme, à savoir : arrogance, chagrin, colère, convoitise, crainte, cruauté, désir malsain, égoïsme, envie, faiblesse, haine, inconstance, insuffisance des connaissances, jugement inapproprié, misère, orgueil, prodigalité, tristesse du cœur, vanité, vengeance, etc. Il nous faut également tenir compte comment l’homme intègre les manifestations possibles de son karma actuel (prospérité et adversité, souffrance et maladie) et comment il traite ses avantages humains et sociaux par rapport à ses semblables (noblesse et honneurs, science et érudition).
3. — CONCLUSION
Pour résumer tout ce qui vient d’être décrit, La voie de la sagesse dans la vie, consiste à fondre notre moi personnel dans la Conscience Universelle, de la même manière qu'une ride, à la surface de la mer, se mêle au reste des eaux et disparaît à la vue. Comme guide de sa recherche personnelle, le postulant en sapience étudie la sagesse accumulée au cours des âges, tout comme le savant étudie les méthodes et les faits antérieurs avant d'entreprendre sa propre expérimentation. Une grande partie de sa démarche est basée sur l'intuition et l'inspiration qui, pour lui, sont la sève de son progrès vers l'illumination. Ce n'est que lorsqu’il est parfaitement conscient du fait qu’il est réellement une partie du Tout, qu’il peut être sûr d'être en harmonie avec cette Conscience. Plus il est seul avec lui-même et devient un seul cœur, plus il comprendra sans effort les choses les plus élevées, car il recevra d’en haut, la lumière et la sagesse. Il constatera alors : qu’il ne peut y avoir une plus haute conception de la connaissance cosmique et qu’il ne peut exister une plus haute sagesse que celle qui est indiquée par le mot « omniscience » ; qu’il ne peut y avoir de plus grand pouvoir que celui qui est défini par le mot « omnipotence » ; qu’il ne peut y avoir de conception plus large de la présence totale de cette sagesse et de ce pouvoir que celle impliquée dans le mot « omniprésence ». Et enfin que la pensée humaine ne peut concevoir de qualité — ou attribut — de la personnalité intérieure d’une plus grande promesse et plus grande puissance que celle qui existe dans les mots « amour et universel ».
Philippe Lassire
VOS COMMENTAIRES
Je suis littéralement impressionnée par ton remarquable travail sur la sagesse, aussi permets-moi de te féliciter et de te remercier pour ta contribution à notre évolution à tous. Je suis de surcroît très émue que tu aies cité quelques extraits de la Bhagavad-Gita, eu égard à mes origines. Puisque tu as couvert un large champ philosophique sur le sujet, je me permets d’ajouter, à ton exposé, un extrait du chapitre, ayant pour titre « L’invité de la Sagesse » sis dans le livre « L’œil du prophète » de Khalil Gibran, chez Albin Michel :
« Dans la nuit silencieuse, vint la Sagesse. Elle s’arrêta près de mon lit et me regarda avec les yeux d’une mère aimante. Puis étanchant mes larmes, elle dit : “J’ai perçu les sanglots de ton esprit et je suis venue te consoler. Ouvre-moi ton cœur, et je remplirai de lumière. Demande moi le chemin de la vérité et je te l’indiquerai“.
Et je répondis à son invite par ces questions :
“O sagesse, qui suis-je, et par quel chemin suis-je arrivé à cet endroit effrayant ? Dis-moi quels sont ces espérances, ces multiples écrits et ces étranges formes ? Quelles sont ces pensées qui sillonnent le dôme de ma conscience comme des envolées de pigeons ? Quelle est cette poésie des passions, cette prose de désirs ? Quel est ce mélange de tristes effets et de joyeuses réactions qui étreignent mon âme et ceignent mon cœur ? À qui appartiennent ces yeux qui sondent mes profondeurs et qui cependant fuient mes douleurs ? Quelles sont ces voix éplorées en mémoire de mes jours écoulés et tantôt mélodieuses en souvenir du temps de mon enfance ? Quelle est cette jeunesse qui se joue de mes désirs et qui se rit de mes sentiments, insoucieuse des actions d’hier, heureuse de la petitesse d’aujourd’hui et dédaigneuse de la lenteur de demain ? Quel est ce monde qui me conduit je ne sais où et qui s’humilie comme moi aux pires ignominies ? Quelle est cette terre aux mâchoires béantes avide d’engloutir nos corps, aux seins déployés désireux de loger l’avidité ? Qui est cet homme qui se contente du zénith de la fortune sans être marié à ses abîmes et ce qui ose quémander un baiser sur la joue de la vie, alors que son visage est giflé par la mort ? Qui est cet homme qui achète un instant de plaisir contre une année de repentir et se livre au sommeil quand les rêves l’appellent ? Qui est cet homme qui est emporté par les flots de l’ignorance vers les antres des ténèbres ? O Sagesse, dis-moi, que sont toutes ces choses ?“
Et la Sagesse de répondre :
"L’homme aime à contempler le monde avec les yeux d’un dieu et à saisir les secrets de l’au-delà par la pensée humaine ; et ce n’est que pure sottise. Va dans les champs et regarde l’abeille voler par-dessus les fleurs et plus loin l’aigle fondre sur sa proie. Entre dans la demeure de ton voisin et admire l’enfant émerveillé par le feu de l’âtre cependant que sa mère vaque aux soins du ménage. Sois pareil à l’abeille et ne gâche pas en vain tes jours de printemps à contempler les allées et venues de l’aigle. Sois pareil à l’enfant qui se réjouit de ces flammes et qui laisse sa mère s’affairer.
Tout ce que tu vois est de tout temps à toi. Ces innombrables livres, ces étranges images et ces belles pensées ne sont que des fantômes d’esprits qui ont vécu bien avant toi. Ces paroles que tu tisses sont autant de fils de la toile qui te relie à autrui. Ces événements heureux ou tristes sont les graines semées par le passé dans le champ de ton âme afin que l’avenir les récolte. Cette jeunesse qui jongle avec tes désirs n’est-ce point elle qui ouvrira la porte de ton cœur pour qu’y pénètre la lumière ?
Cette terre à appétence vorace n’est-ce point elle qui délivrera ton âme de la servitude du corps ? Ce monde qui avance de concert avec toi n’est-il pas ton cœur ? Et ton cœur n’est-il pas l’univers ? Cet homme que tu juges si médiocre et si ignorant n’a-t-il pas surgi du sein de Dieu afin de t’apprendre le bonheur dans la douleur et d’acquérir la connaissance par l’ignorance ?
Ainsi parla la Sagesse.
Puis elle posa la main sur mon front brûlant et me dit : “Avance et ne t’arrête point. Car avancer, c’est aller vers la perfection. Marche sans craindre les épines ou les pierres tranchantes dont est parsemé le sentier de la vie, car elles ne rejettent que le sang impur“ ».
Mon très Cher Philippe, voici ma modeste contribution au très intéressant travail que tu fais. Je t’embrasse très affectueusement et à bientôt par mail ou sur ce site.
Merci de ta si gentille contribution et de ton soutien, dans ce dom aine si vaste et si difficile. C’est vrai que j’ai voulu t’honorer tout en élargissant mon champ de conscience. Tu fus mon initiatrice dans le domaine du Tantrisme et en hommage à cet inoubliable passé, je te cite ces quelques lignes du livre « Le Tantrisme – une voie de libération immédiate » de Bernard Baudouin — ÉDITIONS DE VECCHI.
« Pour qui accède à l’intelligence, dépasse les apparences immédiates, parvient à se détacher de la notion illusoire d’existence, la sagesse n’est pas loin. Encore faut-il s’entendre : parvenir à la sagesse ne signifie pas pour autant se retrancher du monde, sombrer dans une non-existence aux accents de nihilisme.
De ce point de vue le tantrisme va plus loin que le bouddhisme primitif : atteindre la sagesse infinie et jouir de l’état de Bouddha n’a pas de sens véritable que pour autant qu’il s’agit ensuite de « se vouer au salut de tous les êtres restés prisonniers des souffrances du monde illusoire ».
Autrement dit, la véritable sagesse n’a pas de sens individuel ; elle ne trouve sa pleine expression — sa justification fondamentale — que dans le dépassement de soi pour parvenir à une compassion sincère envers les autres : L’union du prajnâ, l’intelligence discriminative, et d’upâya, le moyen ou la compassion agissante, est comme celle de l’eau et du lait, sans dualité.
C’est l’essence du dharma (dharmatattva), à quoi l’on ne peut rien ajouter et dont ne peut rien retrancher. Elle est libre de la double notion de sujet et d’objet, libre de l’être et du non-être, de caractérisation et de caractéristiques ; sa nature est pure et immaculée. Ni duelle, ni non duelle, paisible et auspicieuse, elle réside également en toutes choses, elle, l’immuable (union d’) Intelligence et Moyen, que chacun peut connaître par soi-même. C’est là ce qu’on appelle le séjour suprême et merveilleux de tous les Bouddhas, la sphère du Dharma (dharmadhâtu), le facteur divin de la perfection de félicité ».
Je sais que tu vas parfaitement comprendre ces quelques lignes et qu’elles vont te rappeler certains moments formidables que nous passâmes ensemble. Ma très Chère Princesse Tara, je termine cette brève réponse en t’embrassant très fort.
Bien amicalement et encore bravo.
Aujourd’hui, il faut être un être d’exception et avoir une immense culture pour pouvoir absorber et faire la synthèse utile et transcendante de la quelque centaine, au moins, des doctrines et écoles de philosophie. Elle commence, à ma connaissance, à Académie et finit à Zététique. Pour aller au plus simple, la philosophie idéale serait celle qui prône un juste équilibre entre la matérialité et la spiritualité, c’est-à-dire entre la dimension matérielle de l’existence et sa dimension spirituelle. Mais il est relativement difficile d’établir une distinction très nette entre une philosophie spiritualiste et une religion, quelle qu’elle soit, car toute croyance religieuse reconnaît l’existence de Dieu et de l’âme humaine. Cependant, à la différence du religieux, le philosophe ne se limite pas à étudier un credo particulier et à le suivre aveuglément dans sa vie quotidienne. Autrement dit, il n’est pas prisonnier d’un système de pensée aussi noble qu’il puisse être, y compris celui des Livres de sagesse.
Depuis l’origine des civilisations, les hommes ont écrit des Livres de sagesse (ou livres sapientiaux), en général des ouvrages bibliques, tels que Job, les Proverbes, l’Ecclésiaste, etc. qui se donnent pour but d’enseigner la sagesse. On trouve également des ouvrages de sagesse dans le tout Moyen-Orient, notamment en Babylonie (Poème du Juste souffrant, Théodicée babylonienne, le Dialogue du Pessimisme, etc.). L’Égypte n’est pas en reste avec des ouvrages comme : la Sagesse pour Kagemni (III° dynastie), les Maximes de Ptahhotep (V° dynastie), les Instructions pour Merikaré (IX° dynastie), les Instructions d’Amennembat (IX° dynastie), etc. Naturellement les pays d’Extrême-Orient ne sont pas en reste avec la Bhagavad-Gita, le Tao Te King et bien d’autres. Tous ces livres sont d’essence religieuse et développent les règles de conduite vis-à-vis de Dieu et de son clergé, des rapports familiaux, de la société souvent sous l’aspect d’une instruction d’un père à son fils ou d’un maître à son disciple. Cependant, il ne faut pas oublier, que les codes de ces livres ont été établis à des époques précises et dans un contexte économique, social et religieux particulier. Autrement dit, beaucoup d’entre eux ont eu pour but de guider des peuples et des civilisations à une période cruciale de leur histoire et de leur avancement. De ce fait, toutes les règles qui en font partie ou qui en découlent n’ont pas nécessairement un caractère universel et permanent.
En conclusion, ni la philosophie, ni les Livres de Sagesse ne semblent mener directement à la Sagesse, sans une profonde évolution intérieure.
Je terminerai avec ces deux maximes de Sagesse suivantes :
« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux » Thalès de Milet.
« Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut » La Table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste.
Permettez-moi de vous adressez toute mon admiration et toutes mes félicitations pour la qualité, la justesse et l’étendue de vos thèmes philosophiques dans top-philo.
Je suis professeur de philosophie et de français à Rio de Janeiro et c’est par hasard que je vous ai découvert lors d’une consultation sur Internet. Pour moi, l’état de philosophie totale consiste à atteindre sur Terre un état de Perfection. Cependant, il est difficile d’imaginer cet état, car selon notre niveau personnel d’évolution, nous ne pouvons qu’imaginer les vertus qui caractérisent cet état. Cela dit, nous pouvons néanmoins affirmer qu’il correspond à une fusion définitive entre notre propre conscience et la Conscience Universelle.
Lorsqu’un être humain réalise une telle fusion, son comportement physique, mental, émotionnel et spirituel est alors totalement conforme aux lois divines et réfléchit pleinement la grandeur, la beauté et la sagesse de l’Intelligence Universelle.
Je vous souhaite bonne continuation et j’attends avec impatience de nouveaux sujets sur votre site.
Le terme « harmonie » désigne, au sens large, le rapport qui unit des éléments distinctifs en un tout cohérent, équilibré et organisé. Nous pouvons ainsi nous référer à « l’harmonie géométrique », qui unit quatre points distincts sur une même droite, à « l’harmonie poétique » qui associe des mots en un discours agréable, à « l’harmonie des couleurs » qui se dégage de lignes et de surfaces colorées que l’on prend plaisir à contempler, à « l’harmonie sculpturale » dans des formes qui présentent entre elles une proportion équilibrée, mais aussi à « l’harmonie musicale » que l’on perçoit dans un enchaînement mélodieux de sons. Dans un cas comme dans l’autre, on retrouve un rapport harmonique précis qui associe soit des points, des mots, des couleurs, des formes ou des notes de musique.
De tout ce qui précède, il est facile de comprendre que « l’Harmonie Universelle ou Cosmique » est basée sur un rapport que les hommes doivent établir d’une manière cohérente, équilibrée et organisée, entre eux-mêmes et ce Cosmique, cette énergie en action et par nature indéfinissable. La Sagesse peut se résumer à se mettre en harmonie avec cette énergie et ses lois. Ce qui est un travail sur soi d’un niveau extrême, comme j’essaie de l’expliquer dans cet exposé.
Je vous souhaite à mon tour bonne continuation dans vos travaux philosophiques sis dans votre beau pays que j’ai eu la chance de connaître naguère. Amitiés philosophiques et spirituelles sincères.
Je continue à lire avec beaucoup de plaisir et d’intérêt tous vos articles depuis l’origine de Top-philo. En ce qui concerne la sagesse nous ne sommes loin d’être tous au même niveau. S’il est exact que certains êtres se transcendent, il n’en est pas moins attristant de constater le peu de sagesse des hommes et des peuples. Il y a à l’heure actuelle dans le monde de nombreux conflits, de nombreuses guerres, de nombreuses agressions entre les pays et à l’intérieur des pays, simplement à cause d’un manque d’amour et de compassion. De ce point de vue, jamais le monde n’a connu une situation aussi grave que maintenant.
De nos jours, beaucoup de gens pensent qu’il y a des guerres et des menaces de guerre à cause de l’existence d’armes (nucléaires entre autres) immensément destructrices. Toutefois, il faut noter que ce ne sont pas les armes qui font la guerre mais les gens qui les emploient. C’est l’esprit des gens qui produit l’agressivité qui amène la guerre. Le simple fait d’éliminer les instruments de guerre n’éliminera pas la guerre. La même chose est valable pour la guerre économique. Pour éliminer la cause de la l’agressivité et de la guerre, il faut travailler au niveau de l’esprit individuel parce c’est de cet esprit que s’élèvent les émotions — la colère et la haine — qui conduisent à se battre.
Il peut y avoir de nombreuses causes aux conflits et à l’agressivité. Cela peut venir de toutes les causes que vous citez dans votre remarquable exposé. Tant que ceux qui nous dirigent ne nous donneront pas l’exemple en atteignant l’Éveil par la domination de leurs émotions perturbatrices, nous serons tous nous-mêmes sujets et victimes des errements destructifs de notre humanité. Cependant, l’idée la plus fondamentale de cette évolution vers la Tradition est celle de l’amour et de la compassion que l’on doit développer envers tous les êtres.
J’espère, par ces quelques lignes, avoir apporté ma modeste pierre à l’édifice sagesse. Je vous souhaite bon continuation pour l’œuvre que vous accomplissez et à bientôt sur ce site ou en messagerie.
Merci de votre riche commentaire, tellement en harmonie avec ce que j’ai écrit.
À chaque fois que vous écrivez, je vous imagine dans votre magnifique ville de Saint-Pétersbourg et son histoire (Pierre le Grand, Catherine II de Russie, etc.), son musée de l’Ermitage, l’un des plus grands musées du monde (1.000 salles et 60.000 pièces exposées), les écrivains qui y résidèrent : Pouchkine, Gogol, Dostoïevski; le théâtre Mariinski et les nombreux compositeurs qui y passèrent (Glinka, Moussorgski, Rimski-Korsakov, Tchaïkovski, Stravinski, etc).
Tout est propice à s’étendre, des arts à la métaphysique qui nous est si chère à tous les deux.
Avec toutes mes amitiés.
“Avance et ne t’arrête point. Car avancer, c’est aller vers la perfection. Marche sans craindre les épines ou les pierres tranchantes dont est parsemé le sentier de la vie, car elles ne rejettent que le sang impur.“
« Il y a, caché en l’homme, un trésor si remarquable et si merveilleux que les sages ont estimé que la parfaite sagesse consiste pour lui à se connaître, c’est-à-dire à découvrir le mystère secret qui se cache au-dedans de lui. Par conséquent, dans sa réflexion et sa recherche, il doit procéder avec la plus juste discrétion et le plus grand discernement, en partant du visible pour aller vers l’invisible, en partant de l’extérieur pour aller vers l’intérieur de son être secret et mystique. »
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