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Il est 7 h 09 en ce jour du 24 avril 2006, mon train quitte la gare de Deauville en direction de Paris Saint-Lazare. Enfin ! je suis concrètement sur le départ d'un périple en Égypte, organisé sous les aspects touristiques, culturels et initiatiques, que j'ai moult fois rêvé puis remis pour diverses causes depuis 8 ans. Soudain le haut-parleur annonce Paris Lazare, avec mes bagages, je me dirige vers la station de taxis et immédiatement je suis pris en charge en direction d'Orly Sud. À l'aéroport, je fais la connaissance de notre cicérone Jacques S. et de mes futurs compagnes et compagnons de l'itinéraire. Le groupe est cosmopolite : Paris, région parisienne, province, mais également : Belgique, États-Unis, Suisse, Île de la Réunion, Île Maurice, Guadeloupe, Côte d'Ivoire, Cameroun, République Démocratique du Congo, Haïti, etc.

Après un vol de 4 heures sans histoire, nous arrivons à l'aérodrome du Caire à 22 heures où nous attendons deux heures car nos passeports sont méticuleusement examinés ainsi que nos propres personnes et nos bagages, car il vient d'y avoir récemment un attentat dans le sud de l'Égypte. Ceci fait nous nous dirigeons vers l'hôtel Mövenpick (5*) de l'aéroport du Caire.

2° JOUR : LE CAIRE / ASSOUAN

Nous nous levons à 2 heures 30 du matin, sans avoir fermé l'œil une seconde pour certains d'entre nous. Après le petit-déjeuner pris à 3 heures du matin nous partons à 3 heures 30 pour l'aéroport en direction d'Assouan.

Cette ville appréciée de tous, belle et paisible, est surnommée  la perle de l'Égypte ». À notre arrivée, nous sommes conduits à l'hôtel Oberoï (5*) sur l'île Éléphantine. Cette île est située au nord de la première cataracte du Nil. Elle possède nombreuses ruines de plusieurs temples dont celui dédié à Khnoum, le dieu égyptien à tête de bélier. Il était le dieu de la crue du Nil. C'était aussi un dieu créateur qui modèle les humains sur un tour de potier. On a trouvé, entre autres, à Éléphantine des ostraca et surtout un lot important de papyrus araméens datant du ~ V° siècle (~ 498 - ~ 399). Ces documents témoignent qu'une colonie juive vivait dans l'île autour d'un temple consacré à Yahvé. Le temps nous étant compté nous n'avons pu visiter les temples de Satet et Héqaib ainsi que le nilomètre, le musée, les îles Kitchener et de Séhel et le parc archéologique d'Éléphantine. L'après-midi, nous visitons le marché nubien typique et coloré. Le soir nous dînons dans un restaurant typique nubien avec vue sur le Nil.

3° JOUR : ASSOUAN / ABOU SIMBEL / ASSOUAN

Tôt le matin, nous prenons l'avion pour aller à Abou Simbel à 280 Km au sud d'Assouan sur la rive gauche du Nil. Sur les sept temples construits par Ramsès II, celui d'Abou Simbel, ou Ibsamboul, construit sur la rive occidentale du Nil est le plus impressionnant. Dans une falaise protégée par la déesse Hathor, Ramsès II fit bâtir deux temples pour célébrer l'union impérissable du couple royal. Ce sont les temples les mieux connus à la suite des travaux de démontage et de surélévation menés en 1966-68 par l'UNESCO à la suite de la mise en eau du lac Nasser. Pour nombres de personnes, Abou Simbel est le chef d'œuvre de Ramsès.

Temple de Ramsès II.

Après avoir monté une dénivellation de plus de cent mètres, notre visite de ce grand temple de Ramsès II commence par la vue splendide d'une immense façade creusée dans la falaise et flanquée de quatre statues colossales du pharaon (20 mètres de haut) avec à leurs pieds, les statues nettement plus petites de sa femme Néfertari, de sa mère Montouïa, des princesses Nebittaoui et Bentaouat, du prince Amen-her-Khopshef et d'autres encore. Ce temple rupestre fut orienté, à l'origine, de manière à ce que deux fois par an (le 21 octobre et le 19 février), le soleil puisse pénétrer jusqu'au fond du sanctuaire pour revitaliser les statues des dieux honorés ici : Ptah de Memphis, Amon-Rê de Thèbes, Rê-Horakhty et Ramsès II lui-même. Au-dessus de l'entrée, un relief présente une image du roi sous les traits d'Horus, le soleil levant, soutenant le disque Rê. La frise de corniche supérieure représente des cynocéphales et des babouins rendant hommages aux premiers rayons du soleil. De part et d'autre de la façade, nous pouvons constater la présence de deux sanctuaires secondaires, celui de gauche étant dédié à Thot et celui de droite, une chapelle à ciel ouvert, à l'astre solaire, mais leur accès est interdit aux visiteurs. Nous franchissons maintenant le pylône qui est en fait une surface aplanie du flanc de la falaise et nous faisons quelques pas pour atteindre la salle-cour couverte qui est soutenue par huit piliers massifs ornés de statues de Ramsès II. Celui-ci est représenté sous sa forme osirienne et coiffé de la couronne de Haute-Égypte à gauche et du pschent, la double couronne à droite. La décoration des parois est portée sur de nombreuses scènes militaires avec Ramsès II montré comme garant de la pérennité de l'Égypte. Notamment sur deux niveaux superposés de la paroi droite est peinte la fameuse bataille de Qadesh semi gagnée sur les Hittites, mais présentée ici comme un haut fait de gloire. La paroi gauche expose, entre autres, des scènes de couronnement où l'on voit le roi agenouillé devant un arbre et Thot, ce dernier grave sur les fruits de l'arbre le nom de Ramsès. Au-dessous, d'autres scènes guerrières sont représentées, notamment une attaque de chars contre une citadelle, un combat de Ramsès contre deux Libyens, et enfin un défilé de prisonniers devant le pharaon. Nous visitons très rapidement les chambres annexes où étaient déposés les objets précieux du culte, avant de pénétrer dans la salle hypostyle soutenue par quatre piliers ornés de scènes d'offrande. Sur les parois figurent la procession de la barque sacrée d'Amon-Rê ornée à l'avant et l'arrière d'une tête de bélier. Au Nord nous apercevons Ramsès II sous l'aspect d'un Horus à tête de faucon. Dans la barque, Néfertari, pieds nus, joue du sistre.

Nous finissons la visite de ce temple en pénétrant dans le sanctuaire, ou saint des saints ou en encore à l'époque ptolémaïque le naos. Dans tous les temples, le sanctuaire abritait la statue du dieu, déposée dans un tabernacle de pierre (naos) fermé par une porte. Chaque jour, le grand prêtre, qui y entrait seul, en brisait les sceaux pour un face-à-face mystique avec la divinité. Il accomplissait alors les rites destinés à maintenir la présence divine. Pour ce sanctuaire, nous sommes exceptionnellement en présence de quatre statues taillées à même la roche du lieu. De gauche à droite, il y a Ptah, Amon, Ramsès (qui ici se présente comme un dieu) et Rê-Horakhty qui semblent tous veiller sur la barque sacrée sise devant eux.

Réflexions initiatiques. Nous restons seuls quelques minutes dans le sanctuaire pour méditer sur les cérémonies initiatiques qui y eurent lieu du temps où les Mystères Égyptiens (cette Science de la Vie et de la Mort) avaient cours. C'est sur la base de ces Mystères que furent fondés les Mystères de Delphes, d'Olympie, de Dodone, plus encore ceux d'Éleusis, d'Argos et de Chypre, mais aussi les Mystères hébraïques, notamment la Kabbale. Chaque sanctuaire de la plupart des grands temples accueillait ces cérémonies. Bien que ces mystères fussent initialement sous la protection d'Isis et d'Osiris, ils furent par la suite sous la protection d'autres dieux du panthéon égyptien. Fait très exceptionnel pour un sanctuaire il y a ici quatre dieux. Amon qui est le dieu suprême ou dieu cosmique, son nom signifie le  caché ». Créateur et organisateur de tout ce qui existe, il revendique comme Ptah l'ennéade d'Héliopolis, et pour ne pas être en reste, avec Rê, il s'identifie avec le soleil et devient Amon Rê. Ptah fut le grand dieu tutélaire de Memphis, ou il est le plus vénéré depuis la troisième dynastie et où il figure souvent en triade avec Sekhmet (son parèdre et déesse lionne) et Néfertoum (le dieu lotus). Il est encore Ta-Tenen (la terre qui se soulève), la personnification de la colline primordiale. La difficulté était grande pourtant, de proclamer l'existence d'un dieu unique en présence d'Amon-Rê, de Rê-Horakhty et de Ptah. Après l'épisode d'Aton, une précision ingénieuse arrange tout : les trois dieux sont ramenés à l'unité de l'essence divine, dont Amon est le nom caché, Rê est la face et Ptah le corps. Dans ce quatuor, Ramsès II peut être vu comme déifié ou accompagnant l'action des trois dieux. Nous essayons de méditer sur les types d'initiations qui devaient avoir lieu en ce sanctuaire.

Temple de Néfertari dit aussi d'Hathor

En sortant du temple de Ramsès II nous prenons à gauche pour rejoindre un autre temple rupestre ou spéos, plus petit et dédié à Hathor (déesse de l'amour et de la joie) en l'honneur de la femme de Ramsès II, Néfertari. La façade est ornée de six statues colossales de 10 mètres de haut, disposées de part et d'autres de la porte et représentant la reine entre deux statues du souverain. Le spéos est composé d'une façade, d'une salle-cour, d'un vestibule et d'un sanctuaire. Dans la salle-cour, à ciel ouvert, les piliers sont à chapiteaux  hathoriques », alors que ceux du grand temple sont  osiriens ». À l'intérieur est représenté le couronnement de la grande épouse royale que Ramsès aima pour l'éternité ; dans cette Nubie au cœur de feu, Pharaon immortalisa cette reine exceptionnelle qui eut la joie de voir Abou Simbel terminé avant de partir sur les beaux chemins de l'au-delà. Temple-couple, hymne à l'amour sublimé par la vision du divin. De la salle-cour, trois passages conduisent au vestibule, dont le central était réservé au Pharaon. Nous admirons sur une paroi latérale supérieure la barque d'Hathor naviguant au milieu des papyrus avec Ramsès déposant des offrandes sur un petit autel. Sur une autre paroi, Néfertari est couronnée par Isis et Hathor. Nous entrons ensuite dans le sanctuaire. Sur la façade Ouest de ce sanctuaire très réduit, on peut voir Hathor sous la forme d'une vache surgissant de la montagne et protégeant le roi.

Nous rentrons à Assouan et déjeunons. Ensuite nous nous transférons sur le bateau  Sonesta Sun Godness » avec tout l'après-midi de libre. Au coucher du soleil, nous faisons une promenade sur le Nil en felouque telle qu'elle devait glisser au fil du vent et du courant depuis plusieurs millénaires sur ce somptueux fleuve qui paraît hors du temps et de l'espace. À un moment nous voyons sur la rive ouest la colline au flanc de laquelle furent creusés, durant l'Ancien Empire, les tombaux des princes d'Éléphantines, de hauts dignitaires chargés de garder la frontière Sud de l'Égypte. Le soir nous dînons et couchons sur le bateau.

4° JOUR : ASSOUAN / PHILAE / KOM OMBO / EDFU

PHILAE

Après un court trajet en autobus, nous prenons le bateau en direction de l'île de Philae, la perle de l'Égypte, l'île d'Isis, telle que la vit David Roberts dans sa splendeur d'origine. Menacé de destruction par le barrage d'Assouan, le temple fut démonté et reconstruit sur l'îlot voisin d'Agilkia. Située en amont de la première cataracte, à l'extrémité sud de l'Égypte et au cœur d'une région désertique brûlée par le soleil, Philae est une oasis de beauté et de spiritualité, ornementée de nombreux bosquets de lauriers roses et d'acacias. En quittant la rive, nous entrons dans le domaine enchanté de la grande magicienne Isis, qui ressuscita ici, dit-on, le cadavre d'Osiris et s'unissant ensuite à ce dernier, elle conçut leur fils Horus. Ultérieurement, elle y élut domicile.

À l'époque ptolémaïque, Philae était l'un des sanctuaires les plus importants d'Égypte et de Nubie. On y vénérait les dieux nubiens Arensnouphis et Mandoulis, Hathor et d'autres dieux inférieurs comme Imhotep. C'est sur cette île que vécurent les derniers initiés aux mystères d'Égypte, c'est ici que fut gravé le dernier texte hiéroglyphique, en 394 après JC. Mais la magie d'Isis n'a-t-elle pas triomphé ? Champollion découvrit la clé de la lecture de la langue des dieux, les hiéroglyphes ; et Philae fut sauvée des eaux. Ici, la lionne redoutable, venant du désert de Nubie, se transformait en une femme sublime, offrant au monde la vie, l'amour et la plénitude. En ce temple, dédié à Isis, règne une magie particulière, comme si sa grâce surnaturelle avait à jamais enchanté les pierres blondes et chaudes.

En quittant le débarcadère et nous dirigeant vers le temple d'Isis, nous longeons sur notre droite le kiosque de Nectanebo I° ou Nectanibis (l'un des derniers souverains indigènes de l'Égypte, de la XXX° dynastie) qui se présente sous la forme d'un portique monumental avec des colonnes restantes en mauvais état et aux dès hathoriques coiffant les chapiteaux. Les monuments primitifs du site datent du règne de Nectanebo I°, mais des pierres plus anciennes ont été trouvées lors du déplacement du temple sur l'îlot d'Agilkia. Nous nous engageons sur le dromos (la voie processionnelle qui fut construite sur plusieurs époques) bordé de colonnades diverses et longeons les portiques Est et Ouest à gauche et le temple d'Imhotep à droite, avec derrière, au loin, le kiosque de Trajan, construit à l'époque de l'empereur Trajan pour servir de reposoir, lors des processions, à la barque d'Isis. Avant ce transfert, la visite du temple partait du pavillon de Nectanebo I°, près du débarcadère, empruntait la première colonnade menant au premier pylône, traversait une deuxième colonnade pour aboutir au deuxième pylône, celui du temple d'Isis. Le site comportait encore un ensemble romain : temple d'Auguste, porte de Dioclétien, kiosque de Trajan, et un certain nombre de bâtiments religieux de l'époque chrétienne (églises coptes). Nous atteignons maintenant le premier pylône du temple d'Isis gravé, entre autres, des représentations rituelles du massacre des prisonniers perpétrés par le pharaon Ptolémée XII Philator Philadelphe, dit Aulète, coiffé du pschent (composé du bonnet blanc de la Haute Égypte à droite et de la couronne rouge du Nord à gauche). Comme nous le serons toujours, tout au long de notre itinéraire, nous sommes émerveillés de la beauté et de la proportion harmonieuse et idéale des personnages principaux (dieux et déesses, pharaons et pharaonnes, etc.). Nous avons la conviction que Phi le nombre d'or (1,616), ou son équivalent, devait être connu et utilisé des graveurs et des sculpteurs. Toujours sur le 1° pylône nous pouvons voir diverses scènes, telle celle du roi embrochant avec sa lance quatre prisonniers en offrande à Horus. Ou encore le sacrifice, devant Rê-Horakhty, d'une tortue. Eu égard à sa vie dans les marais, la tortue était assimilée à Seth et donc considérée comme un animal maléfique, car susceptible de boire l'eau de la crue et de plonger ainsi l'Égypte dans la famine. Fait assez exceptionnel dans l'architecture égyptienne antique, sur la gauche de la grande porte du 1° pylône, existe une porte secondaire qui conduit directement au mammisi, un petit édifice où était célébrée chaque jour la naissance divine d'Horus. À son tour, ce dernier jouxte, en bordure du rivage, la monumentale porte d'Hadrien qui desservait un temple d'Osiris, aujourd'hui disparu, ainsi que le nilomètre (puits qui atteignait la nappe phréatique). Nous entrons ensuite dans la grande cour du temple d'Isis, vaste et lumineuse, bordée de deux colonnades couvertes, préfiguration des cloîtres médiévaux ; au fond, le 2° pylône, qui ferme la cour au Nord, est composé de deux massifs entourant une porte monumentale marquant l'accès au pronaos qui est orné de scènes d'offrandes effectuées par Ptolémée XII. Après quelques marches, nous entrons dans le pronaos qui nous apparaît avec une partie à ciel ouvert et une autre sous forme de salle hypostyle soutenue par huit colonnes gravées de reliefs de divinités. Le plafond est peint de 7 vautours (figurant la Basse et Haute Égypte) et les travées latérales de barques solaires. Puis nous entrons dans le naos, aux murs et au plafond gravés de scènes religieuses, pour atteindre le sanctuaire. Ce dernier dispose toujours du socle de granit sur lequel était disposé le tabernacle enfermant la statue de la déesse Isis. Parmi les reliefs, on peut y voir, entre autres, le roi offrant quatre vases à la déesse Hathor, allaitant Horus. Comme dans de nombreux endroits sacralisés, le naos dégage un parfum d'éternité et de sacré.

Réflexions initiatiques. Le temple et son Sanctuaire, était entièrement consacrés à la déesse Isis. Elle est la fille de Geb et de Nout, épouse d'Osiris (son demi-frère utérin) et mère d'Horus, elle fut incontestablement la divinité anthropomorphe la plus populaire du panthéon égyptien. Avec Nephtys, elle joue un rôle très important dans le culte des morts en surveillant les cérémonies de momification, en tant que pleureuse et comme protectrice des morts, des rôles qu'elle joue dans la légende osirienne. Toutes les deux sont sœurs et épouses d'Osiris, Isis l'est de manière permanente et sera la mère d'Horus. Nephtys ne l'est que momentanément pour enfanter Anubis, elle est la femme de Seth.

Isis est le symbole de la mère, de l'épouse, mais elle est aussi vénérée en tant que grande magicienne et protectrice des navigateurs ; grâce à ses pouvoirs, elle réussit en effet à ranimer le corps sans vie de son époux et à en être fécondée pour donner naissance à Horus. Elle fut considérée à la Basse époque comme la maîtresse de l'univers. Ses rites mystérieux se répandirent dans tout l'Empire romain. On la représente généralement portant une coiffure en forme de siège semblable à un escalier à trois marches : c'est que signifie le nom d'Isis (Iset le siège). À la Basse époque, de très nombreuses images la montrent tenant Horus sur ses genoux et coiffée des cornes et du disque solaire d'Hathor. Selon Plutarque :  Osiris et Isis furent invités à un festin par Seth où se trouvait un coffre taillé aux mesures exactes d'Osiris. Seth ayant proclamé qu'il en ferait don à celui qui le remplirait et Osiris s'y étant installé, Seth referma le coffre et cloua le couvercle et fit disparaître ainsi son frère. Isis se mit alors à la recherche du corps d'Osiris. Elle réussit à retrouver le coffre à Byblos, où il avait été pris dans un arbre. Elle revint en Égypte et se cacha dans le Delta oriental. Mais Seth découvrit sa retraite et s'empara du cadavre d'Osiris, le dépeça en 14 morceaux qu'il dispersa. Isis parvint à en rassembler treize (seul celui du sexe manquait) et réussit à faire renaître Osiris. Les différentes parties du corps de celui-ci sont gardées dans treize villes d'Égypte comme des reliques. Ainsi, non seulement Isis est à l'origine de la résurrection du dieu Osiris, mais encore elle conçut de lui son fils Horus, qu'elle éleva en secret dans les marais du Delta. Après bien des péripéties, Horus réussit à venger son père.

Il semblerait que c'est, en autres dans ce sanctuaire, dédié à la déesse, qu'étaient perpétués les initiations et les mystères isiaques, ces cérémonies sacrées où le néophyte, puis l'adepte, puis le maître recevaient la consécration par les grades, des longues études, méditations et expériences mystiques qu'ils avaient faites. Les Mystères d'Isis, amalgamés avec les Mystères de son époux et frère, se réfèrent à la contribution de la déesse à la recherche, à la découverte, et à la reconstitution du corps d'Osiris. Intuitivement, je dirai que cette démarche est l'ancêtre de la recherche du Graal. Chacun de nous, en silence et dans son for intérieur, essaie de méditer sur ces parcours, pendant quelques minutes.

À midi, nous retournons au bateau qui prend la route de Kom Ombo et déjeunons à bord.

KOM OMBO

Bâtie sur un promontoire dominant une boucle du Nil, à quarante kilomètres au nord d'Assouan, au cœur d'un important bassin agricole, cette acropole divine abritait un faucon, maître du ciel, et un crocodile, maître des eaux. Ramsès fut comparé à ces deux animaux, rapides, implacables et redoutables combattants. En son être symbolique, Pharaon réalisait l'union impossible du faucon et du crocodile, et offrait l'air et l'eau au peuple. Le temple a remplacé, à l'époque ptolémaïque, un ancien sanctuaire de dimensions moindres (fragment d'Aménophis I° et de Thoutmosis III). Il se dresse au sommet d'une colline, le long du fleuve qui, par érosion, a fait disparaître plusieurs installations annexes. De façon fort originale, le temple de Kôm Ombo (le mot arabe kom veut dire petite montagne) est un temple en double, dédié à deux triades distinctes ; l'une dirigée par le dieu faucon Haroëris (Horus l'Ancien), l'autre par le dieu crocodile Sobek. Le jeu complexe des portes permettait de les isoler ou de les associer selon les nécessités du culte. À l'arrière du pylône, dont il ne reste que quelques assises, une vaste cour donnait accès à deux salles hypostyles dont la plus petite forme le pronaos ; puis trois autres salles (salle médiane, salle des offrandes et salle de l'Ennéade) conduisent vers le double sanctuaire, celui de Sobek et celui d'Horus. Outre les cartouches des souverains Lagides (Ptolémée), on note deux empereurs romains, dont Macrin et Diaduménien (217). Une scène gravée sur le mur d'enceinte est unique : entre le roi agenouillé et le dieu, est figurée une sorte d'armoire contenant des instruments de chirurgie. À l'avant du temple se trouvait un mammisis (temple de la naissance), œuvre de Ptolémée VIII dit Évergète II, qui a été emporté en grande partie par le Nil. La petite chapelle d'Hathor est mieux conservée ; selon une inscription en grec, elle fut décorée, sous l'empereur Domitien, par dame Petronia et des enfants en l'honneur d'Aphrodite ; on y trouve aujourd'hui, entreposées des momies de crocodiles provenant de la sépulture de ces animaux sacrés située à un kilomètre au sud du temple. Le temple est doté, sur ses faces Ouest, Nord et Sud, de deux couloirs périphériques dit couloir intérieur et couloir extérieur. Les murs du couloir extérieur sont ornés des scènes habituelles d'offrandes.

Réflexions initiatiques. Dans le sanctuaire de Sobek, nous essayons d'imaginer le culte à ce dieu crocodile, fils de la déesse aquatique Neith à Saïs. Parfois représenté sous la forme d'un homme à tête de crocodile, originaire du Fayoum et de Kom Ombo, en Haute-Égypte, où il était l'époux d'Hathor et dieu de l'eau. Son culte se répandit à travers l'Égypte et il prit rang de grand dieu avec le syncrétisme solaire qui en fit Sobek Rê. Nous parlerons plus en détail d'Horus quand nous aborderons la visite d'Edfou.

EDFOU

Située sur la rive ouest du Nil, une centaine de kilomètres au sud de Louxor, Edfou, ancienne capitale du second nome d'Égypte, était appelée Djeb par les Égyptiens et Apollinopolis Magna par les Grecs (et les Romains). Son importance s'affirme dès la plus haute Antiquité ; la nécropole archaïque a été retrouvée et on a découvert sur un rocher du désert voisin, le nom d'Ouadjib, un des premiers rois de la 1° dynastie. Un dieu faucon régnait alors sur la cité, et il est attesté dès la III° dynastie que cet Horus de Béhédet (autre nom d'Edfou) était originaire de Haute-Égypte. Parmi les inscriptions du temple d'Edfou on trouve l'histoire des luttes d'Horus et de ses mesentiou, contre Apopis (ce dieu, mi-dragon et mi-serpent, qu'on retrouve dans l'au-delà, où il symbolise les forces du mal et les suivants de Seth). Ainsi Edfou semble avoir joué un rôle important dans l'histoire mythique et primitive de l'Égypte. Gardienne de la porte d'Éléphantine, sous l'Ancien Empire, Edfou, pendant la première période intermédiaire, devint, sous son monarque Ankhtifi, la rivale de Coptos et de Thèbes, qui s'unirent pour éliminer cette concurrente.

Elle doit aussi sa célébrité à son temple, dédié à Horus. La construction de cet édifice fut entreprise sous Ptolémée III Évergète, en -237, sur l'emplacement d'un sanctuaire plus ancien (Thoutmosis III), elle ne fut achevée que près de deux siècles plus tard sous Ptolémée Néos Dionysos. Le plan de cet édifice harmonieux et bien agencé peut être considéré comme le plan type du temple ptolémaïque. On peut estimer qu'il est le plus grand temple égyptien après Karnak, et le mieux conservé.

Nous commençons notre visite en nous dirigeant vers le majestueux pylône d'entrée (36 mètres de haut) devant lequel trônent deux magnifiques faucons de granit noir. Un mur d'enceinte en grès se rattache à ce pylône et englobe l'ensemble des constructions. La face intérieure du pylône présente plusieurs scènes notamment la barque d'Hathor d'un côté et le retour du cortège divin de l'autre. L'immense cour, à portiques, est séparée du pronaos par une rangée de six colonnes reliées par des murs bas d'entrecolonnement. C'est là que pénétrait le cortège d'Hathor, la déesse venue du Nil pour célébrer chaque année la fête de la Bonne Réunion.

Nous nous dirigeons maintenant vers la 1° salle hypostyle (pronaos). De chaque côté de l'entrée de cette salle, soutenue par douze colonnes, s'ouvrent deux petites pièces :  la bibliothèque » et la  chambre des Purifications». Dans cette dernière, nous voyons sur les fresques des murs, le grand prêtre du temple procédant aux purifications rituelles. De là, le grand prêtre allait à la bibliothèque qui renfermait, dans des niches du mur, l'ensemble des textes de l'année liturgique, ainsi que des recueils de formules magiques, des recettes d'onguents ou des papyrus astrologiques

Nous entrons maintenant dans la 2° salle hypostyle ou  salle de l'apparition », dont le plafond est soutenu par deux rangées de six colonnes. Elle communique à l'Ouest et à l'Est par le couloir extérieur. La sortie Est donne accès à une petite chambre, le  trésor d'Horus », de l'autre côté s'ouvre la  chambre du laboratoire », où sont inscrites sur les murs les formules à parfums employés lors des cérémonies. Nous passons à la  salle des offrandes », où un escalier mène aux terrasses, la  salle intermédiaire » communique avec un sanctuaire du Dieu Min et s'ouvre sur le  Saints des Saints » qui contient encore son naos, un monolithe gris de 4 m de haut. Autour du sanctuaire, un étroit couloir (le  couloir mystérieux ») dessert dix petites chapelles. Dédié à Horus de Béhédet, souvent figuré comme un disque solaire aux ailes de faucon, ce temple est entièrement orné de tableaux de caractère religieux et mythologique évoquant les grands épisodes de l'histoire du dieu : tel son combat et sa victoire, sur Seth, relatés sur les reliefs du mur ouest de l'enceinte. Certaines scènes évoquent la cérémonie au cours de laquelle le pharaon, personnifiant Horus, tuait rituellement un crocodile (parfois un hippopotame) représentant le dieu du mal Seth. On les voit sur le grand mur (partie ouest) derrière le temple : le roi tire un traîneau supportant la barque sacrée ; plus bas, on aperçoit un bateau à la proue duquel Isis est agenouillée, tenant un hippopotame enchaîné ; à la poupe, Horus abat au javelot le malheureux animal tandis que, sur la rive, le pharaon enfonce son arme dans le corps du pachyderme. En un mot, les scènes représentent souvent le récit des harponneurs d'Horus contre les Séthiens, rituel du culte journalier et des cérémonies qui avaient lieu lors des quatre grandes fêtes annuelles, récit de la naissance d'Horus, hymnes, et, outre cela, liste des nomes, des produits végétaux et minéraux de contrées voisines, recettes de parfums et d'onguents inscrites dans le laboratoire des livres enfermés dans une niche.

À l'intérieur de l'enceinte, en avant du grand temple se dresse un petit mammisi construit par Ptolémée VII Soter II. Les tableaux qui y sont gravés concernent la naissance d'Horus et son allaitement par Hathor de Dendérah.

À l'ouest du temple, un monticule de décombres recèle les vestiges de la ville antique dont les divers niveaux s'échelonnent de l'Ancien Empire à l'époque arabe. Parmi les mastabas de l'Ancien Empire, le plus intéressant est celui du vizir Izi divinisé par la croyance populaire ; on y a retrouvé une jarre remplie de papiers administratifs, qui appartenaient à un collecteur d'impôts des premiers temps de l'administration arabe en Égypte (703-714).

Réflexions initiatiques. Nous revenons au sanctuaire pour y accomplir quelques minutes de méditation. Nous nous installons autour des murs du naos, ce magnifique bloc de granit noir de 4 m de haut. Il était autrefois fermé par une porte à deux battants en cèdre du Liban rehaussé de cuivre et d'or. Frappé du cartouche de Nectanebo II, il est donc plus ancien que le temple lui-même. Selon un rituel immuable, chaque matin, le grand prêtre brisait les sceaux qu'il avait apposés la veille au soir, puis ouvrait les deux battants pour révéler la statue divine d'Horus et lui permettre d'entamer sa course diurne créatrice. Le soir, il refermait les portes de cèdre, y appliquait les sceaux et se retirait à reculons, après avoir effacé les traces de ses pas à l'aide d'un balai.

À l'exception de la Tradition mystique, l'origine du dieu Horus est aussi obscure que sont confuses les traditions mythiques qui le concernent. Il existait à travers toute l'Égypte un grand nombre de sanctuaires d'Horus, dont le dieu portait souvent des surnoms particuliers. Il semble qu'à l'origine il y ait eu un Horus, en égyptien (Harou), dont le symbole était le faucon (appelé bik par ailleurs). Cet Horus était maître du ciel, royauté confirmée par les textes de l'Ancien Empire qui identifient Horus au  dieu grand », divinité du ciel par excellence. Il reste encore à savoir si Horus a été symbolisé par le faucon parce qu'il était originellement dieu céleste, ou bien s'il était primitivement un faucon et que la nature de cet oiseau volant haut dans le ciel ait fait songer à en faire le maître du ciel. Lors du syncrétisme héliopolitain, Horus fut identifié à Rê sous la forme de Rê-Harakthi (Horus de l'Horizon) qui apparaît dès l'époque Thinite sous la forme d'un homme à tête de faucon. Cet Horus semble être l'Horus de Létopolis (II° nome du Delta), surnommé Hor Khenti irti  Horus qui préside aux deux yeux », les deux yeux étant le soleil et la lune. À côté de cet Horus céleste, on trouve aussi, dès l'époque prédynastique, un autre Horus, dans le mythe duquel de nombreux savants voient une trame historique sur laquelle se serait développée une geste légendaire. À Behedet (l'actuelle Damanhour, dans le XVII° nome du Delta), on trouve un Horus surnommé l'Ancien ou le Grand (Haroeris), qui a été confondu avec un autre Horus de Chemnis, près de Bouto, surnommé le Jeune ou l'Enfant (Harpocrate). Cet Horus, dont on fit le fils d'Isis et d'Osiris, joua le rôle final dans la célèbre lutte entre Seth et Osiris. Les Textes des pyramides nous donnent la plus ancienne version de la légende du Dieu. Isis, sous la forme d'un vautour se plaça sur le corps d'Osiris mort et devint enceinte d'Horus, qu'elle mit au monde et éleva afin qu'il vengeât son père. Devenu grand, Horus provoqua Seth ; celui-ci lui arracha son œil dans le combat (oudjat), mais Horus reprit son œil et vainquit Seth qu'il châtra. L'assemblée des Dieux mit finalement Horus sur le trône de son père Osiris, tandis que Seth fut condamné à porter éternellement Osiris. Plutarque apporte la légende des éléments qui remontent sans doute assez haut ; il fait d'Horus un fils posthume d'Osiris qu'Isis élève dans les roseaux des marais de Chemnis, afin de le cacher aux recherches de Seth. Devenu homme, il quitte Chemnis et vient à Bouto recevoir la couronne de Basse-Égypte, d'où il part en guerre contre les partisans de Seth, aidé par ses propres partisans, les Shemsou Hor (serviteurs d'Horus). Selon un document de la basse époque (Shabaka), Thot ou Geb arbitre la querelle et partage l'Égypte entre les combattants. Geb se ravise et finalement donne toute l'Égypte à Horus. Selon certains auteurs, l'Horus de Behedet (Horus l'Aîné), qui devint par la suite un dieu guerrier, serait le fondateur du royaume du Delta, dominé par les Sethiens du Sud ; par la suite, c'est Horus le Jeune qui aurait conduit la révolte contre la domination des partisans de Seth. Cet Horus aurait ainsi unifié l'Égypte et imposé le culte d'Osiris à toute la vallée du Nil. Lorsque l'Égypte se scinda de nouveau en deux, à la fin du prédynastique, Horus est resté divinité d'État en Haute-Égypte, à Nekhen (Hiérakonpolis). En Haute-Égypte se trouvait aussi un autre sanctuaire d'Horus, celui d'Edfou, qui a conservé le souvenir de la lutte des horiens contre Apopis, c'est-à-dire Seth. Le pharaon d'Égypte était l'incarnation d'Horus, et c'est ce caractère divin qui assurait la légitimité du règne.

Sur le plan symbolique, Horus est un dieu solaire symbolisé par un faucon ou par un soleil ailé.

Tradition mystique. Selon la tradition mystique atlantidéenne, en -9817 en Atlantide, Geb et Nout respectivement roi et reine du continent, décidèrent qu'ils transmettraient le pouvoir à leur fils aîné Ousir (Osiris) et à sa future épouse Iset (Isis) et en même temps ils avouèrent à leur fils cadet Ousit (Seth) qu'Ousir était en fait le fils du Tout et de Nout. Ousit écuma alors de rage, car il s'estimait dépossédé du trône qui légalement devait lui revenir, lui, fils unique de Geb et de Nout. Il contesta avec véhémence et il s'ensuivit une altercation que rien ne pouvait plus arrêter ! Des paroles définitives furent prononcées, occasionnant le départ précipité d'Ousit du Palais, proférant des paroles de vengeance, de revanches et de meurtres. Quelques mois après, il était entré en rébellion et avait monté une armée de mercenaires et de pillards sous le nom de  Mèsit Bétésou », Sit le fils de la Rébellion ». Pendant ce temps, Iset donna naissance à un fils, qui fut nommé Hor, et qui devint Hor-Our : Horus l'Aîné dans la mythologie qui s'établit après le grand cataclysme. À trente-deux ans, Ousir recueillit officiellement le pouvoir de Geb et de Nout et essaya de rétablir l'ordre dans le royaume contre son frère Ousit devenu Sit, mais les oracles prédisaient un grand cataclysme à venir. Il fallait que le peuple se prépare à un exode total. Puis, il ne resta plus que trois ans à égrener dans le tic-tac de l'horloge rythmant la Grande Année ! Horus eut ainsi vingt-quatre ans au moment où son oncle rebelle envahissait son septième État, et dont le premier acte de pouvoir fut d'ordonner la destruction immédiate des quatre mille petites  Mandjit », ces embarcations insubmersibles qui auraient assuré la survie d'au moins trente mille personnes de cette province. Puis vint le 26 juillet 9792 au soir, Sit attaqua la capitale, blessa Ousir, le fit prisonnier et l'acheva. Horus l'ayant appris rejoignit Sit et le défia, mais, blessé à l'œil et fut laissé pour mort. Alors le Tout entra dans une grande fureur et déclancha le Grand Cataclysme et le continent Atlantide s'enfonça définitivement dans les flots le 27 juillet 9792. Seuls survécurent Geb, Nout, Horus sauvé de dernière, Iset, Nekbeth et une armée de survivants d'une part et Sit avec une armée de survivants d'autre part. Ils débarquèrent séparés par soixante kilomètres de côte au Maroc actuel, près d'Agadir. Leurs descendants continuèrent leurs luttes pendant des siècles tout en avançant à travers l'Afrique du Nord et arrivèrent enfin en terre promise l'Égypte où ils fondèrent les deux royaumes : au Nord, les descendants de Sit et au Sud les descendants d'Horus.

5° JOUR : EDFU / LOUXOR

Dans la matinée, notre cicérone organise un forum sur l'Atlantide et ses liens avec l'Égypte Antique (se reporter ci-dessus à la tradition mystique). Nous déjeunons à bord du  Sonesta Sun Godnness ». Le reste de la journée nous le passons en croisière à descendre le Nil en contemplant le paysage et les réminiscences historiques qui s'y combinent et rendent une atmosphère indéfinissable et excitante.

Nous arrivons à Louxor en fin d'après-midi. Nous dînons et dormons sur le bateau.

6° JOUR : DENDÉRAH / ABYDOS

Très tôt le matin, nous quittons le bateau et partons pour la visite de Dendérah et du temple d'Hathor dédié à la déesse de l'Amour, de la Joie et de la Musique. Ensuite nous dirigeons vers Abydos, haut lieu d'Osiris et d'Isis.

DENDÉRAH

À cinquante kilomètres au nord-ouest de Louxor, près de l'actuelle Kenah, se dressent en bordure du désert les ruines de la ville de Dendérah. Capitale du VI° nome de Haute Égypte, elle était appelée Tentyris par les Grecs et Iount Noutert (Pilier - ou Arc ? - de la déesse) par les Égyptiens. Cette ville, située sur la rive gauche du Nil, n'a joué qu'un rôle très effacé dans l'histoire de l'Égypte et elle doit sa renommée à sa déesse protectrice Hathor. Bien que son existence soit attestée dès l'Ancien Empire, les monuments qui font d'elle un grand centre touristique datent en général de l'époque ptolémaïque (temple d'Hathor) ou du Haut Empire Romain (temple d'Isis, mammisi romain). Cependant, on trouve un autre mammisi datant de l'époque de Nectanebo, qui est le plus ancien monument de ce type. Le temple d'Hathor est un des plus beaux monuments de basse époque. Le temple actuel est entrepris sous le règne de Ptolémée XI (80-51 av. JC), achevé sous Tibère (14-37 après JC) et sa décoration est terminée sous Néron (54-68). Néanmoins, dès les premières dynasties, Dendérah fut un lieu sacré du culte Hathor-Isis, non seulement à cause de l'existence du tombeau d'Osiris associé dès l'expansion de la légende osirienne en Égypte, mais à cause de la présence de restes remontant jusqu'à la IV° dynastie (contemporain des pyramides). Dendérah fut d'autre part, le temple qui conserva les secrets de ses Mystères et la tradition initiatrice prêchée jadis dans la Haute Égypte. L'intérêt du temple actuel réside dans son remarquable état de conservation, dans ses reliefs et ses inscriptions, ses cryptes, et dans le célèbre zodiaque ornant le plafond du pronaos, grand vestibule à colonnes précédant la salle hypostyle. À côté d'Hathor, le temple abritait son époux, l'Horus hiéracocéphale d'Edfou, et leur fils Ithy.

Ce temple de la déesse Hathor se distingue des autres temples ptolémaïques par l'absence d'un pylône d'entrée et d'une cour à portiques ; un simple mur, aujourd'hui arasé, est précédé, à quelques distances d'un propylône. Six colonnes hathoriques à chapiteaux corinthiens ornent la façade monumentale de l'édifice auquel on accède en entrant directement dans la première salle hypostyle (ou pronaos), érigée sous Tibère par les Tentyrites. Le plafond du pronaos, supporté par dix-huit colonnes, est essentiellement décoré de représentations astronomiques : les dieux des quatre points cardinaux, les constellations, le zodiaque et la déesse Nout dont le long corps allongé est couvert des flots du Nil céleste. Les parois sont ornées de tableaux concernant la fondation et la consécration du temple, notamment la triade locale : Hathor, Horus et leur fils Harsomtous, ainsi qu'à l'extrême droite Isis et son époux Osiris. La seconde salle hypostyle, ou salle du lever (ou encore de l'apparition), donne accès à six petites pièces les  magasins », où étaient entreposés les offrandes, le trésor et les divers produits donnés au temple. Précédée de la salle de l'Offrande, d'où part un escalier permettant d'accéder à la terrasse du temple, la salle du milieu donne accès au Saint des saints ainsi qu'à l'étroit couloir qui en fait le tour et dessert onze petites chambres. Ce sanctuaire, réceptacle de la formidable énergie créatrice dont était investie la statue divine, ouvre sur le vestibule par une remarquable porte monumentale, qui emprunte sa forme à celle de l'entrée des temples.

Mais l'originalité de ce temple est surtout due à la présence de trois éléments inhabituels : les cryptes ménagées dans l'épaisseur des murs ou des fondations, la chapelle du Nouvel An et le tombeau d'Osiris. Les douze cryptes secrètes, d'un accès parfois difficile, servaient, sans doute pour le profane, de cachettes pour les emblèmes et les instruments cultuels secrets ainsi que pour le trésor du temple ; neuf cryptes sont entièrement décorées de scènes religieuses dont le sens n'est pas toujours élucidé pour le profane aux mystères. La chapelle du Nouvel An, à laquelle on accède par la salle de l'Offrande, était le cadre de la principale fête célébrée dans le temple : la panégyrie du commencement de l'An, le plafond de cette petite pièce est orné de la naissance du Soleil. Le tombeau d'Osiris, construit sur la terrasse du temple est un petit édifice de forme rectangulaire, orné de douze colonnes hathoriques ; il était censé conserver une des seize reliques d'Osiris et était, sans doute, un des points d'arrêt des processions qui avaient lieu dans le temple. Les inscriptions qui y sont gravées relatent le rituel de la résurrection d'Osiris au mois de Khoïak. En avant du grand temple, entre l'enceinte et le propylône se dressent diverses constructions : deux mammisi, ou temples de l'accouchement, l'un de Nectanebo, l'autre édifié sous Néron et décoré sous Trajan et Antonin ; tous deux sont ornés de reliefs relatifs à la naissance et à l'allaitement du roi par la déesse Hathor. Entre ces édifices se dresse une église copte intéressante par la netteté de son plan. À l'angle Sud-Ouest du temple, on trouve le lac sacré, un des mieux conservés d'Égypte. Enfin, au sud, un petit temple d'Isis, érigé sous Auguste, aurait vu la naissance de cette déesse.

Pour revenir au planisphère du temple, il faut signaler que nous n'en voyons qu'une copie, l'original étant au Louvre, qui lors de son arrivée en 1820 fut étudié par les scientifiques et fut qualifié de zodiaque sans valeur. La cause profonde en était qu'en cette époque la Sainte Église était toute puissante et que, dans ses dogmes, Adam était né 5000 avant le Christ et la Terre n'existait qu'un millénaire auparavant. Comment, à cette époque, faire admettre une carte du ciel prouvant mathématiquement qu'un cataclysme avait bien eu lieu un 27 juillet 9792 avant notre ère. Cette gravure remarquable permet de mieux comprendre l'ensemble complexe du Cercle d'or, dont le symbolisme figuratif du Lion est la base et le centre de l'interprétation qui fournira la clé. La catastrophe eut lieu durant la présence du Soleil devant la constellation du Lion. Le cataclysme fut d'une telle violence que la terre pivota sur son axe et que le globe solaire qui avançait dans le ciel ne le fit plus, mais rétrograda, c'est-à-dire qu'il parut reculer alors qu'étant fixe c'était simplement la terre qui avait changé de rotation dans l'espace. Mais le phénomène que retinrent les survivants de cette présumée colère divine fut que le soleil ne se levait plus à l'Ouest mais à l'Est, et qu'il se couchait sur leur pays englouti depuis ce jour-là. Il y a donc eu un phénomène de fin du monde suivi d'un recommencement : une nouvelle création dans un espace-temps en perpétuel redevenir. La ronde céleste ne sera donc pas un cercle parfait mais une spirale. C'est ce que présente en premier le planisphère de Dendérah, visible aujourd'hui au musée du Louvre.

Réflexions initiatiques. Dès les premières dynasties, Dendérah fut un lieu sacré du culte d'Hathor-Isis et fut d'autre part le temple qui conserva les secrets de ses Mystères bien longtemps après la disparition des centres initiateurs d'Abydos, de Thèbes et de Philae. Onze des douze cryptes que nous mentionnons plus haut semblaient servir de lieux d'initiation en fonction de onze divinités. Par exemple dans la crypte V se développait le mystère de la mort et de la résurrection de l'âme-Osiris se ressuscitant comme Horus, mystère de la transformation. Dans le cas d'une initiation, il s'agissait d'une mort simulée pour renaître en tant qu'initié.

ABYDOS

Abydos est la transcription grecque de l'ancien égyptien Abdjou (nom arabe : Arabah el-Madfounah) et est localisée en Haute-Égypte au Nord-Ouest de Thèbes. Ce site était à l'origine la nécropole des souverains de This ou Thinis, capitale du royaume pendant les deux premières dynasties. Quand la III° dynastie s'établit à Memphis, This fut réduite au rang de chef lieu du huitième nome. Le site fut occupé de très bonne heure ; sur son territoire se trouve le site d'El-Amrah et des nécropoles nagadiennes. Avec les deux premières dynasties thinites, le village nagadien devient une cité où les souverains de l'Égypte unifiée aurons leurs tombes, près desquelles se pressent celles des reines et des courtisans ; il est par ailleurs possible que les tombes royales n'aient été que des cénotaphes et que les souverains thinites aient été ensevelis à Saqqarah. De nombreuses stèles funéraires, qui apparaissent à cette époque en Égypte, y ont été découvertes, ainsi que les vestiges de plusieurs temples. La divinité locale était alors un dieu funéraire, Khentamentiou (le premier des Occidentaux). Sous la V° dynastie, Osiris paraît à Abydos et on commence d'y venir en pèlerinage ; cependant sous Téti, premier roi de la V° dynastie, une charte d'immunité protège les biens du dieu Khentamentiou ; ce n'est qu'au début de la XI° dynastie qu'Antef II, s'étant rendu maître d'Abydos, il en fera la cité d'Osiris où auront lieu les célèbres mystères du dieu ; celui-ci a alors complètement assimilé les caractères de l'antique Khentamentiou. C'est au temps de la XIX° dynastie qu'Abydos parvint à son apogée monumental. Séthi I° y éleva un temple à son père Ramsès I° et se fit construire pour lui-même un beau temple funéraire, et un cénotaphe ; naturellement ce grand bâtisseur que fut son fils Ramsès II ne manqua pas de s'y faire édifier un autre temple funéraire, ces deux sanctuaires restant précieux par la beauté de leurs reliefs. Avec ces temples, ces rois restaient fidèles à la tradition qui voulait qu'on eût à Abydos un cénotaphe ou au moins une stèle près de la tombe d'Osiris, car la cité prétendait posséder la tête du dieu démembré. Bien qu'ayant perdu son lustre à l'époque hellénique, Abydos restait toujours renommée pour son culte d'Osiris. Son temple devint un lieu de pèlerinage. De toute l'Égypte on y amena, en barque, les défunts momifiés. Par la suite, ce voyage fut simplement représenté sur les murs des mastabas ou des hypogées ; cette représentation suffisait à assurer la résurrection. Mais par précaution supplémentaire, on éleva aussi, à Abydos, des cénotaphes et des milliers de stèles funéraires ; ainsi l'on se mettait sous la protection d'Osiris, dieu de l'autre monde, et l'on participait aux mystères célébrés dans le temple. Fait intéressant, le temple d'Abydos renferme une liste des différents pharaons ayant régné sur les Deux-Terres depuis les origines jusqu'à la dix-neuvième dynastie. Ce bas-relief occupe tout un couloir appelé de ce fait le  Couloir des Annales ». Nous y voyons Séthi Ier et Ramsès II rendant un culte à leurs ancêtres c'est-à-dire à tous les rois d'Égypte ayant régné avant eux depuis le  temps des dieux ».

Nous commençons la visite du temple de Séthi Ier en traversant une vaste esplanade nue correspondant aux deux cours qui, autrefois, précédaient le temple. On pénètre aujourd'hui dans le temple par un portique qui fermait autrefois la 2° cour. Un passage dans l'axe donne accès à la première salle hypostyle soutenue par deux rangées de 12 colonnes à chapiteaux papyriformes avec des fûts s'ornant de reliefs montrant Ramsès devant chacune des sept divinités. À l'instar de la deuxième salle hypostyle, les murs montrent des scènes d'offrandes. La seconde salle hypostyle se compose de trois rangées de colonnes. Au-dessus d'une frise des nomes d'Égypte, de grands tableaux montrent Séthi Ier présentant des offrandes à Osiris assisté de divinités parmi lesquelles Isis, avec sa coiffure en forme de trône. Hathor représentée de face, ou encore Nephtys et Horus. Une rampe donne accès à sept chapelles, dont la centrale, la n° 4, est dédiée à Amon-Rê, les six autres sont dédiées aux divinités principales de la théogonie thébaine (Ptah (2), Rê-Horakhty (3), Osiris (5), Isis (6), Horus (7) et le pharaon Séthi 1er (1). De la chapelle n° 5 dédiée à d'Osiris on accède à la salle des Mystères d'Osiris. Dans cette chapelle, comme son nom l'indique, se déroulaient les mystères d'Osiris, étapes antérieures des initiations. Il est vraisemblable que les 7 salles étaient réservées chacune aux étapes de certains mystères et initiations.

Nous quittons le temple de Séthi Ier pour nous diriger à l'Ouest, vers l'Osiréion (ou Osirium). Il s'agit soit du cénotaphe de Séthi Ier soit de la tombe rituelle d'Osiris, sous la forme d'un curieux monument souterrain. Le cœur de cet étrange bâtiment, image du tertre originel (qui apparaît aujourd'hui comme une gigantesque fosse) est constitué par une plate-forme de granit entourée d'un canal, telle une île à laquelle aucun pont ne donnait accès. Un escalier moderne permet de descendre au niveau de la plate-forme, mais les infiltrations d'eau empêchent d'aller au-delà. C'est assez cependant pour juger du gigantisme des dix piliers centraux (dont sept sont des monolithes) de la plate-forme, qui servaient d'appuis à des architraves soutenant une probable couverture. L'accès s'effectuait à l'origine par une rampe perpendiculaire à la salle centrale, longue de 80 m et dont l'entrée ouvrait en dehors de l'enceinte du temple. On peut y jeter un coup d'œil depuis la butte qui s'élève au-delà de l'Osiréion. Les parois sont entièrement décorées de textes de livres funéraires aux cartouches de Séthi Ier et de Méremptah, le roi qui acheva la décoration de cet ensemble. Un papyrus tardif, actuellement conservé au musée de Leyde sous le numéro 732 retrace l'initiation dans cet Osirium, d'un prêtre appelé Horsiérius. Ce papyrus a été étudié par l'égyptologue belge Max Guilmot. D'après cet auteur, à l'Époque Ptolémaïque, l'Osirium fut un des temples initiatiques où étaient pratiqués les mystères et initiations osiriens.

Réflexions initiatiques. Nous nous installons confortablement, au soleil, sur la butte initiale, citée précédemment, afin de méditer sur une cérémonie d'initiation osirienne. Nous imaginons le prétendant à l'initiation entrant par l'entrée centrale et voûtée du Nord et accompagné d'un certain cérémonial. Il traverse le puits et pénètre dans le couloir descendant où il commence à prendre connaissance du  Livre des Portes » et du  Livre de ce qu'il y a dans l'Hadès ». Il reçoit d'abord une instruction, puis subit un interrogatoire ; il donne et reçoit des explications sur ces  Livres », révélateurs, initiateurs, très probablement dans le style du XVIIe chapitre du  Livre des Morts » ou de celui des chapitres interrogatoires. Les examinateurs mystagogues sont des prêtres dans le rôle de gardiens des portes ou de dieux des portes. Le dernier Livre sur lequel il doit répondre est le  Livre des Morts » et cette première et longue traversée se termine devant l'entrée voûtée de la première salle transversale. Le prétendant est alors censé avoir obtenu une première initiation par la connaissance théorique de ces Livres. Il est ensuite initié dans les régions dites célestes. Il passe ensuite plusieurs salles avant d'entrer dans celle dite du sarcophage (car elle a la forme d'un sarcophage) où il subit un jugement pour sa purification. Après, il entre dans le Hall central, la région des premières lumières célestes. Ce Hall, qui symbolise l'Île primordiale formée par la colline primordiale émergeant des eaux abyssales, est illuminé d'une lumière crépusculaire. Il subit encore de nombreuses épreuves. Mais l'initié pour devenir un Osiris doit mourir symboliquement comme Osiris et ressusciter comme lui, être le vainqueur de la mort. Il simule donc toutes les épreuves que la légende impute à Osiris. Après encore de nombreux efforts, il arrive enfin à s'introduire dans la salle du sarcophage, salle correspondant à la salle d'or du temple, le ciel réel, la région de Nout, la mère d'Osiris. En ce lieu, il est accueilli par des prêtres et des prêtresses représentant les dieux et déesses. À ce moment, le nouvel Osiris renaît et sa résurrection se complète par la connaissance des plus profonds mystères du ciel. En fin de cérémonies, l'Initié peut alors déclarer  Je suis Osiris, seigneur de Ro-Sétaou et de ceux qui sont au faîte de l'escalier (céleste) ».

La légende d'Osiris. La nécropole de This, après un relatif abandon, bénéficia durant près d'un millénaire de la diffusion du culte d'Osiris. En effet, avant l'union de la Haute et de la Basse Égypte par Ménès, des légendes locales étaient nées autour de dieux honorés dans des villes voisines : en Haute Égypte, Seth d'Ombos s'opposait à Horus d'Edfou ; dans le delta oriental, Seth avait pour rival un dieux de la végétation, Osiris. L'unification politique conduisit à une synthèse de ces différents mythes. C'est alors que se répandit cette magnifique légende qui devait faire la fortune d'Abydos : la traîtrise de Seth qui tue son frère Osiris et le jette, dépecé dans le Nil ; la quête patiente d'Isis qui finit par reconstituer le corps de son époux ; la naissance d'Horus, ses luttes pour recouvrer l'héritage paternel et son triomphe final. Toutes ses actions avaient un accent humain et répondaient à une aspiration universelle : Isis avait su vaincre la mort ; Osiris grâce aux pouvoirs magiques de son épouse et de Thot, avait pu avoir un fils, un vengeur et un successeur, et régner en paix sur le royaume des morts. Osiris avait survécu, les rois de l'Ancien Empire voulurent l'imiter pour s'assurer l'éternité. Le mythe d'Osiris apparaît déjà dans les Textes des Pyramides. Durant le moyen Empire, lorsque les rites funéraires se démocratisèrent, tout le monde se persuada, que pour revivre après la mort, il suffisait, comme pour Osiris, de répéter sur chaque défunt, les gestes magiques d'Isis et de Thot. Le précédent divin justifiait cette foi en la résurrection ; le simple espoir de survie se changeait en certitude.

Nous rentrons à bord, où un dîner de gala avec spectacle nous attend ainsi qu'un orchestre de danse.

7° JOUR : VALLÉE DES ROIS / VALLÉE DES REINES / MEDINET HABU / VALLÉE DES NOBLES / TEMPLE D'HATSHEPSOUT / COLOSSES DE MEMNON

Tôt le matin, nous partons pour explorer la nécropole thébaine sur la Rive Ouest de l'ancienne Thèbes. Avec le Nouvel Empire, les rois d'Égypte préfèrent, aux édifices monumentaux de jadis, de profonds hypogées creusés dans la montagne thébaine pour sépulture.

VALLÉE DES ROIS (BIBAN AL-MOULOUK)

Face à Thèbes, sur la rive gauche du Nil, deux oueds creusent dans l'occidentale montagne libyque deux vallées rocailleuses et desséchées, où les rois du Nouvel Empire installèrent leur nécropole dynastique. Aménophis III et Aï firent creuser leur hypogées dans l'oued occidental (l'actuelle vallée des singes), tandis que les autres pharaons perçaient de leurs tombes les flancs de l'oued oriental (les Portes des rois, Biban al Moulouk, actuelles). Le plus ancien hypogée (caveau mortuaire) est celui de Thoutmosis I°, découvert en 1899, et presque tous les autres pharaons du Nouvel Empire y sont représentés, jusqu'à Ramsès XI dernier roi de la XX° dynastie. On a dégagé actuellement plus de 60 tombes, quelques-unes d'entre elles appartenant à des proches du roi. On pénètre dans la vallée par un défilé très étroit, qui était défendu par des fortins, tandis que d'autres sentiers qui y donnaient accès par ailleurs étaient aussi surveillés par des postes de police. Toutes ces précautions n'ont cependant pas empêché que presque toutes tombes n'aient été pillées, celle de Toutankhamon exceptée.

Creusés parfois jusqu'à deux cents mètres dans le massif calcaire, les hypogées sont d'un plan relativement simple. Par un long couloir, en pente douce, parfois coudé, qui s'élargit pour former une pièce ou deux, supportées par des piliers laissés en réserve dans le rocher, on atteint une ou plusieurs antichambres à piliers, donnant sur la salle sépulcrale. Le sarcophage y est déposé dans un renfoncement du sol, et dans des pièces annexes on trouve le matériel funéraire. Les parois des salles sont décorées d'inscriptions et de représentations religieuses illustrant des recueils funéraires comme le  Livre des portes », le  Livre de la nuit » et surtout le  Livre de l'Am-Dùat », qui décrivent la course du soleil dans l'autre monde durant la nuit. Ces textes magiques devaient permettre au souverain de parvenir sans encombre jusqu'au tribunal d'Osiris, le dieu des morts, en empruntant la barque du Soleil, afin d'éviter les mille dangers et ennemis terrifiants du royaume des morts. On trouve cependant des thèmes de décor moins austères : Thoutmosis III et sa famille, en compagnie de diverses divinités, sont figurés sur des piliers de sa tombe (n° 34) dont le caveau à la forme ovale d'un cartouche royal, dans le caveau d'Aménophis II (n° 35), l'ornementation imite sur fond jaune les vignettes des papyrus sur lesquels étaient primitivement inscrits les textes funéraires. La tombe de Séthi I° (n° 17) est particulièrement remarquable par ses dimensions, son état de conservation et la finesse de ses reliefs en méplat. Elle est la plus étonnante, non seulement en raison de ses dimensions (elle a 119 mètres de long), mais aussi à cause de la richesse de ses fresques et la complexité de son plan. Elle comporte un total de treize chambres reliées entre elles par des galeries ; l'une d'elles, la sixième à partir de l'entrée, est révélatrice de l'ingéniosité de l'architecte qui la tailla de façon à donner l'impression que c'était la dernière, laissant même délibérément les peintures inachevées afin de faire croire que la tombe avait été abandonnée et que le roi n'y avait jamais été enterré. Les tombes de Ramsès VI et de Mérenptah sont typiques de la XX° dynastie : plan sans détour, portes massives et impressionnantes, longues galeries descendantes ornées de reliefs méplats dépeignant des scènes extraites du Livre de ce qui est dans le Douât (Les Enfers). La barque sacrée d'Amon Rê franchissant les douze cavernes du monde souterrain est inlassablement répété. Le pharaon avait le privilège d'accompagner le dieu dans son voyage sur le fleuve infernal qui joignait les deux bords du monde, à l'est et à l'ouest, afin que le soleil revint chaque nuit à l'horizon occidental pour recommencer, à l'est, le lendemain, sa course à travers les cieux.

On retrouve la même scène dans toutes les tombes royales ; Amon Rê est figuré tantôt avec une tête de bélier, tantôt comme un homme bicéphale et emplumé, parfois sous l'aspect d'un scarabée. De temps à autre, des esprits, bons et mauvais, abordent le souverain défunt et l'interrogent : la réponse à leur faire est consignée en caractères hiéroglyphiques. Au terme du voyage, le monarque trépassé arrive en présence d'Osiris, dieu des morts, dans la salle du Jugement ; là son âme est pesée et,  justifié », il accède à la vie éternelle, dieu parmi les immortels, ses pairs.

On peut estimer que tous les pharaons du Nouvel Empire (1580-1085) ou second empire thébain sont représentés dans la Vallée des Rois.

XVIII° dynastie : Ahmosis, les Aménophis, les Thoutmosis, Hatshepsout, Akhnaton, Toutankhamon, Horemheb. Seule la tombe de Toutankhamon a été retrouvée intacte.

XIX° dynastie : Séthi I°, Ramsès II, Mineptah, Séthi II.

XX° dynastie : de Ramsès III à Ramsès XI.

TEMPLE DE MEDINET HABOU

C'est sur ce site, au sud de Thèbes, sur la rive gauche du Nil, aux limites de la zone des cultures et de la frange de désert - du côté de la nécropole - que se trouvait la butte de Djémé, ou se manifesta initialement Amon et où vinrent mourir les dieux de l'Ogdoade hermopolitaine, encore adorés en ce lieu à l'époque ptolémaïque. Une partie de Thèbes s'est étendue en ce lieu où les fouilles américaines on rendu des quartiers et trois palais superposés. Cependant, le site reste intéressant pour son temple funéraire que s'y fit construire Ramsès III et qui reste un des plus remarquables monuments de ce genre ; le temple lui-même est précédé d'une entrée monumentale, qu'on a cru longtemps être une sorte de petit palais et qu'on surnommé pour cette raison le  pavillon » que Ramsès III éleva sur le modèle des forteresses (Migdol) cananéennes. Ce temple est grandiose ; on pénètre dans la première cour par un pylône massif dont les reliefs commémorent les batailles et les victoires de Ramsès III. Dans la deuxième cour, entourée de portiques, les scènes guerrières alternent avec des représentations religieuses ; puis se suivent les salles hypostyles flanquées de pièces latérales, le fond du sanctuaire est presque en ruine. Sur le mur extérieur des reliefs narrent les campagnes du roi ; un combat naval acharné a lieu sur la côte du Delta. Le mur sud de la première cour constitue la façade du palais auquel trois portes donnaient accès ; par une  fenêtre d'apparition », le pharaon pouvait assister aux festivités. Outre, un autre petit temple de la XVIII° dynastie, remanié à basse époque, l'immense muraille de briques crues de l'enceinte englobait encore le lac sacré, le nilomètre, des habitations pour les prêtres, les fonctionnaires, des bureaux, des magasins et des ateliers. À la basse époque, le culte d'Osiris se développa sur ce site, connu comme la butte de Djamé ; sous les XXV° et XXVI° dynasties, les divines Adoratrices d'Amon y érigèrent des chapelles funéraires.

Ici tout évoque l'ère ramesside : aspect grandiose de l'architecture, puissance des colonnes, gravure profonde des hiéroglyphes, floraison des scènes sculptées. À Médinet-Habou étaient ensevelis les huit dieux primordiaux, préexistant à la création du monde ; leur présence silencieuse rappelait l'âge d'or où l'épine ne piquait pas, où il n'y avait pas de crocodile ravisseur, pas de serpent qui morde. À l'abri de ces hauts murs s'accomplissait le mystère quotidien de la renaissance de la lumière.

COLOSSES D'AMÉNOPHIS III, DITS DE MEMNON

Quittant Médinet-Habou et nous dirigeant vers le Nord, nous passons devant les célèbres colosses jumeaux d'Aménophis III, père d'Akhenaton et mari de Tiyi. Les statues à l'image du roi, taraudées et ravagées par trente siècles d'existence, son cependant toujours majestueuses dans leur solitude. Il y a plus de deux mille ans, les voyageurs grecs et romains passaient la nuit à leur pied pour les entendre chanter à l'aube. À cette époque, l'un des colosses, qui avait reçu le nom de colosse de Memnon, faisait entendre au lever du jour une  vibration mélodieuse », due à la dilatation d'une pierre fracturée, chauffée par le soleil, qui crissait contre sa voisine. Ces deux colosses assis sont en fait tout ce qui reste du temple funéraire d'Aménophis ; le temple a disparu, mais les colosses, rongés par intempéries, mutilés, griffés d'initiales laissées par tous les touristes de l'époque des Ptolémées jusqu'à nos jours, ont cependant encore le pouvoir de nous impressionner.

Le soir, nous assistons à un spectacle grandiose de son et lumière du temple de Karnak et rentrons dormir ensuite à l'hôtel Sonesta St George de Louxor.

Réflexions initiatiques. Nous prenons quelques minutes dans le sanctuaire pour réfléchir sur le dieu Amon. Dieu du Soleil, à la tête de l'ennéade, il est originaire de Thèbes ou d'Hermopolis, et devient à partir du Nouvel Empire la divinité principale du pays. Considéré comme le démiurge, assimilé à Rê et à Ptah qui en deviennent des manifestations, il est représenté assis en majesté, tenant le sceptre et le signe ankh, ou debout couronné rehaussée de deux plumes. Son animal emblématique est le bélier. D'un modeste dieu local, peut-être un des huit de l'ennéade d'Hermopolis, il est parvenu à s'élever au-dessus des autres dieux, et fait de Thèbes un centre religieux capable de rayonner dans tout le Nouvel Empire. Il forme d'abord une triade avec Mout son épouse et leur fils Khonsou, dieu lunaire. Amon avait généralement un double aspect : soit l'aspect humain ordinaire, soit l'aspect ithyphallique de Min, dieu de la fertilité. Il porte fréquemment l'ancienne coiffure du dieu Min, et un mortier surmonté de deux plumes. Il est accompagné de la déesse Amonit qui porte également le nom de la déesse Mout. Comme Atoum d'Héliopolis, Amon est le dieu suprême ou dieu cosmique, son nom signifie le  caché ». Créateur et organisateur de tout ce qui existe, il revendique comme Ptah l'ennéade d'Héliopolis, et pour ne pas être en reste, avec Rê, il s'identifie avec le soleil et devient Amon Rê. Par lui, le pharaon est vraiment de race divine : la naissance de l'enfant royal n'est pas soumise aux lois communes. En prévision de l'évènement, Amon devient l'époux de la Reine. Cette condescendance contribua beaucoup à la gloire du dieu : Amon est un dieu social, intimement mêlé à la vie de son peuple. Quand le culte d'Aton fut aboli, le progrès doctrinal ne fut pas interrompu. Le travail d épuration se continue autour de l'idée de l'unité divine. La difficulté était grande pourtant, de proclamer l'existence d'un dieu unique en présence d'Amon, de Rê et de Ptah. Une ingénieuse précision arrange tout : les trois dieux sont ramenés à l'unité de l'essence divine, dont Amon est le nom caché, Rê est la face et Ptah le corps. Parfois représenté avec une tête de bélier, le plus souvent anthropomorphe à la peau bleue, il porte une tiare (ou mortier) surmontée de deux hautes plumes verticales et du disque. Il a la fonction d'un dieu universel. De tous les dieux locaux de l'Égypte, c'est sans doute, avec Osiris, celui qui connut la plus grande fortune. Les inscriptions de l'Ancien Empire ne le mentionnent que rarement, et on le trouve surtout dans l'Ogdoade hermopolitaine, comme le dieu  caché », aux côtés de son expression féminine, Amaunet. Il semble que son origine doit être cherchée dans le nome du Sceptre, près d'Hermonthis. Il ne commença à prendre quelque importance que sous la IX° dynastie, lorsque Thèbes devint la capitale du l'Égypte et qu'Amon associé à Rê eut son temple à Karnak. On ne sait, d'ailleurs quand Amon s'installe à Thèbes ; il y possédait cependant un temple pendant la première période intermédiaire et il est possible qu'il soit arrivé à Thèbes par Coptos. À l'avènement de la XII° dynastie, avec les Amménémès, il devint le dieu national de l'Égypte et va le rester jusqu'à la basse époque. Lors de la guerre contre les Hyksos, c'est Amon de Thèbes qui représente la légitimité nationale contre les envahisseurs. La XVIII° dynastie en fait le dieu dominateur de l'Empire égyptien. Après la brève éclipse de la réforme atonienne d'Akhenaton, Amon triomphe de nouveau avec les souverains de la XIX° dynastie, jusqu'au moment où son propre clergé régnera sur l'Égypte avec les rois prêtres. Quoique ayant perdu une partie de son prestige à la Basse Époque, il n'en sera pas moins honoré par les rois de cette période, qui chercheront à recueillir le prestige attaché au nom de ce dieu en Haute Égypte, en faisant choisir dans leur famille les adoratrices d'Amon. Cependant, son prestige politique a perdu tout fondement, malgré les actes de diplomatie religieuse que représentent la construction d'un temple d'Amon, dans l'oasis de Khargeh, par Darius I°, roi des Perses, ou la visite d'Alexandre le Grand à l'oracle d'Amon, à Siwah.

Au Nord du temple d'Amon, nous accédons par un chemin qui part de la salle Hypostyle au temple de Ptah. On parvient au sanctuaire principal en franchissant cinq portes successives. La chapelle centrale renferme encore la statue du dieu Ptah, mais abîmée. À droite se trouve une chapelle qui contient une statue de la Sekhmet, la déesse lionne son parèdre.

Réflexions initiatiques. 1° Dans la chapelle centrale nous méditons sur Ptah. Il fut le grand dieu tutélaire de Memphis, ou il est le plus vénéré depuis la troisième dynastie et où il figure souvent en triade avec Sekhmet (son parèdre et déesse lionne) et Néfertoum (le dieu lotus). Son nom signifie peut-être  le créateur », ou  le sculpteur ». Il est souvent représenté sous la forme d'un homme à la barbe royale, à la chevelure courte et plaquée, au corps serré dans un manteau collant, les mains sortant de sa poitrine, ornée d'un collier, pour tenir un sceptre. Assimilé par les grecs à Héphaïstos, il est parfois représenté sous la forme d'un homme serré dans une gaine, avec le crâne recouvert d'un bonnet moulant. Créateur du monde,  Maître de l'Éternité »,  Père de tous les dieux », il est considéré comme le dieu des artisans, de la construction, de la métallurgie, des orfèvres, des sculpteurs, et le père de l'architecte déifié Imhotep. Après l'épisode d'Aton, il devient le corps d'Amon, Rê étant son visage. Il est encore Ta-Tenen (la terre qui se soulève), la personnification de la colline primordiale. Il fut particulièrement populaire sous la forme de Ptah-Patèque, nain difforme au crâne aplati, génie protecteur comme Bès. Certains ont rapproché ces bons génies des nains orfèvres fréquemment représentés sur les reliefs des mastabas. Le texte le plus célèbre décrivant son rôle est le  Document de théologie memphite » gravé sur pierre sous la XXV° dynastie. Il considère Ptah comme le créateur qui crée au moyen de son esprit et du verbe. Ce document fait aussi intervenir une ogdoade,  émanation de dieu » :  celui qui s'est manifesté comme la langue sous l'apparence d'Atoum, c'est Ptah le très ancien qui attribua {la vie à tous les dieux} ». Son clergé fut l'un des plus puissants d'Égypte.

Ensuite nous passons dans la chapelle dédiée à Sekhmet où nous nous mettons dans l'ambiance d'une initiation de l'époque. La Puissante » déesse-lionne de Réhésou (nome létopolite en Basse-Égypte) intégrée dans la triade memphite comme épouse et parèdre de Ptah et mère du dieu lotus Néfertoum. Divinité guerrière, elle est représentée comme une femme à tête de lionne couronnée du disque solaire. Celui-ci rappelle que comme Hathor, elle est l'œil de Rê, destructrice des hommes et responsable des épidémies qui s'abattent sur l'Égypte. Elle se déchaînait contre les hommes, surtout pendant les cinq derniers jours de l'année. À ce moment-là les prêtres récitaient de longues litanies afin de l'apaiser. Afin de se rendre propice à une si dangereuse déesse, on avait créé un  rite d'apaiser Sekhmet » et les prêtres de cette divinité formèrent une corporation de guérisseurs qui luttaient contre les maladies par des procédés magiques. Elle est souvent associée à Mout, l'épouse d'Amon, et à Bastet.

Nous quittons Karnak en ayant vu et compris, eu égard au temps imparti, qu'une infime partie de sa richesse culturelle. Pour résumer très rapidement, nous avons pu visiter : le grand temple d'Amon, le pylône d'entrée, la grande cour et la cour centrale, le sanctuaire de Séthi II, le temple de Ramsès III, le kiosque de Taharqa, la grande salle hypostyle, les pylônes 2 à 10, la salle commémorative, la salle des festivités de Thoutmosis III, les obélisques de Thoutmosis I°, Hatshepsout, l'obélisque cassé, le lac sacré qui était relié au Nil par un canal souterrain, les temples de Mout et Khonsou, le temple de Ptah.

MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE DE LOUXOR

Dans l'après-midi, nous visitons le musée archéologique de Louxor, qui possède des chefs-d'œuvre uniques découverts sur le site du temple. On ne peut citer ici que les pièces les plus significatives : la statue du dieu Amon, la tête colossale d'Aménophis III, la tête de la déesse et vache Hathor, peinture murale représentant Aménophis III, etc.

TEMPLE DE LOUXOR ILLUMINÉ (le soir)

Sur la rive droite du Nil, les ruines du temple de Louxor se dressent aujourd'hui au cœur d'une petite ville de Haute-Égypte. Le temple de Louxor était relié aux sanctuaires de Karnak, plus au Nord, par une voie bordée de sphinx, de deux kilomètres environ. Le dieu Amon gagnait par ce chemin, une procession solennelle,  son harem du Sud », au cours de la belle fête d'Opet, pendant laquelle Amon quittait son temple pour faire une visite à Louxor, où régnait son hypostase Amon-Min. le roi officiait en personne, et, après diverses cérémonies au temple de Karnak, on amenait sur des barques portées sur les épaules des prêtres, Amon, Mout et Khonsou, le roi ayant droit à une quatrième barque. Devant une foule de badauds admiratifs, le cortège parvenait au fleuve, où les barques sacrées étaient placées sur les barques fluviales, et, suivi des embarcations des pèlerins, au milieu des hymnes, des sons de sistres, des tambours et des luths remontait le fleuve vers Louxor ; la procession quittait le fleuve pour se rendre dans le temple en effectuant des offrandes dans des chapelles disposées le long du parcours. Des cérémonies que nous ne connaissons pas avaient lieu à Louxor pendant les vingt-sept jours que durait la fête à l'époque ramesside. Le retour du Dieu à Karnak se faisait à peu près dans les mêmes conditions qu'au voyage aller. À cette occasion étaient sacrifiés des bœufs aux cornes ornées de fleurs. Ces détails sont représentés sur la grande colonnade du temple.

L'actuel sanctuaire, construit sans doute sur un temple plus ancien, fut commencé sous Aménophis III, par son architecte Amenhotep, fils de Hapou ; on lui doit en particulier le portique à deux rangées de colonnes fasciculées papyriformes à chapiteaux fermés, d'une rare élégance ; la construction fut poursuivie par Toutankhamon (murs de la colonnade). C'est à Ramsès II que nous devons l'achèvement du monument sous sa forme actuelle. À partir du pylône d'Aménophis III, ce souverain ajouta une grande cour à portiques en faisant légèrement dévier l'axe du temple vers l'Est pour englober une chapelle reposoir de barques de la reine Hatshepsout, de sorte que l'entrée du temple est face à l'allée des sphinx et que la chapelle d'Hatshepsout s'adosse à la paroi intérieure du pylône d'entrée. Ce dernier est entièrement décoré de scènes de guerre : la plus célèbre est la représentation de la bataille de Qadesh, dont le récit nous est rapporté dans le poème du Pentaour. Il est flanqué de six statues colossales de Ramsès II et de deux obélisques dont l'un, offert à la France par Méhémet Ali, se dresse aujourd'hui place de la Concorde à Paris.

La visite commence en remontant l'allée des sphinx. Nous franchissons d'abord l'enceinte de Nectanebo et nous traversons sa cour pour passer sous le pylône de Ramsès II. On croise ensuite, à droite, la chapelle reposoir (en fait trois chapelles contiguës dédiées à la triade thébaine : Amon, sa parèdre Mout et son fils Khonsou). On voit ensuite la mosquée Abou el-Haggag sur la gauche avant d'atteindre la cour de Ramsès II. Nous franchissons ensuite le pylône d'Aménophis III avant de passer au milieu de la Grande Colonnade avec ses deux rangées de hautes colonnes à chapiteaux campaniformes, sur la droite, on peut voir les Reliefs de la fête d'Opet. Nous traversons ensuite la cour d'Aménophis III pour atteindre la Chapelle aux Enseignes. Nous entrons dans le Temple couvert et traversons la Chambre des Offrandes avec sur la gauche la Chambre de la Naissance avec les Reliefs de la théogamie royale d'Aménophis III. Ceux-ci sont disposés sur le mur Ouest en trois séquences, un peu comme nos bandes dessinées modernes. Nous voyons tout d'abord Khnoum, le dieu de la création, pétrir au tour deux petites figurines, l'enfant Aménophis et son Ka (esprit ou  double »), sous le regard attendri d'Isis ; puis cette dernière étreignant Moutémouïa tandis qu'Amon Rê, debout à côté, en tombe amoureux (les inscriptions nous l'expliquent). Dans le tableau suivant, Thot, le dieu à tête d'ibis qui préside à la sagesse conduit Amon à la chambre de la reine où le rois des dieux la connaîtra en l'absence de son époux humain, Thoutmosis IV. Nous atteignons le Reposoir de la Barque d'Amon et ensuite l'Opet du Sud pour entrer dans le Sanctuaire où nous méditons pendant quelques instants. Si Karnak peut être considéré comme le Temple royal synthétique, Louxor est la cathédrale de Haut Enseignement.

9° JOUR : LOUXOR / LE CAIRE

Matinée libre à Louxor - déjeuner - transfert à l'aéroport et départ pour le Caire - Dîner et hébergement à l'hôtel Méridien Pyramids du Caire.

10° JOUR : LE CAIRE / TELL-EL-AMARNA

Tôt le matin, nous partons en car vers la ville de Minieth en Moyenne Égypte pour atteindre ensuite Tell El Amarna la cité d'Akhenaton (le desservant d'Aton). Tell El Amarna est le nom moderne qui recouvre le site ou Akhenaton (ex Aménophis IV) éleva sa nouvelle capitale Akhetaton (l'horizon d'Aton). Dans cet emplacement, situé entre Thèbes et Memphis, les hautes falaises arabiques qui serrent la rive droite du Nil s'écartent du fleuve pour former un hémicycle de 12 Km de longueur et de 30 Km2 de surface. Le paysage se révèle dans toute sa sécheresse caillouteuse. Soulevée par le vent, une brume de sable ocre brouille, de temps a autre, le moindre relief et accentue encore sa platitude. Sa situation géographique n'était pas due au hasard, puisque la cité du soleil, située à peu près à mi-chemin entre Thèbes et Memphis, incarnait un pôle d'équilibre entre ces deux grands centres. Memphis incarnait toute la gloire de l'Ancien Empire, Thèbes celle du Nouvel Empire ; dans le monde spirituel comme dans le monde matériel, Thèbes et Memphis préservaient des valeurs sacrées. Amarna, nouvelle capitale de l'Égypte, s'annonçait comme un troisième terme, comme une révélation nouvelle qui dépasserait les précédentes. C'est sur le lieu qui n'appartenait ni à un dieu, ni à une déesse, ni à un prince, ni à une princesse, qu'Akhenaton, en l'an IV de son règne, jeta les fondations de la cité en l'honneur d'un nouveau dieu Aton (le disque solaire) et qui, pendant un quart de siècle, sera la capitale de l'Empire égyptien.

La ville fut élevée hâtivement en briques crues ; quatre ans après, elle était déjà habitée. Trois grandes rues, parallèles au Nil formaient son armature essentielle ; la conception d'ensemble, simple et claire, aboutissait à un plan qui se voulait aussi lumineux que le dieu Aton, maître de la ville. La ville, se voulait également comme une sorte d'athanor alchimique, de creuset sacré, où Aton était seul à régner. L'espace compris entre les stèles qui limitent la cité est en même temps terrestre et céleste, puisque dit un texte, la largeur d'Amarna  va d'une falaise à l'autre, de l'horizon oriental du ciel à l'horizon occidental du ciel ». Ce symbolisme appelle une comparaison avec celui des Francs-Maçons du Moyen Âge, dont le rituel affirme que la Loge s'étend de l'Orient à l'Occident, du zénith au nadir et du midi au septentrion. La ville entière était probablement considérée comme une  loge », comme un lieu divin.

Les fouilles ont rendu trois palais étagés du Nord au Sud le long du Nil. Au Sud, Marou-Aton était un palais de plaisance, agrémenté d'un lac et de beaux jardins. À l'extrémité Nord, le  palais septentrional » paraît avoir été bâti pour satisfaire l'amour porté à la nature par la famille royale : il possédait de vastes jardins, dont le roi semble avoir fait un parc zoologique, ainsi qu'un lac artificiel. Au centre, se trouvait le palais officiel, relié par un pont à la maison du roi, construite sur une éminence. À l'entour se pressaient les édifices publics : la salle du tribut étranger, la maison du Pa-Nehesy, premier serviteur d'Aton, la maison de vie, l'école des scribes et surtout la place de la correspondance du pharaon où fut trouvée la fameuse correspondance diplomatique. Le grand temple d'Aton occupait une place centrale, à côté des autres sanctuaires royaux, tous dédiés à Aton. Ce devait être le temple offert à la dévotion des peuples de l'Empire. Contrairement aux temples égyptiens habituels où l'on passe de la lumière à l'ombre profonde du saint des saints, le temple d'Aton offrait aux rayons du soleil ses cours à ciel ouvert jusqu'à l'autel couvert d'offrande.

De la ville partaient un grand nombre de chemins encore visibles grâce à leurs bordures de pierres. Ils aboutissaient à la nécropole ainsi qu'aux stèles frontières qui, au nombre de 14, fixaient la délimitation du nome fondé par Akhenaton.

Nous sommes montés à cette nécropole septentrionale, en pleine falaise qui renferme des hypogées préparés pour des personnages importants : grand prêtre d'Aton, scribe ou intendant du harem royal. Mais nul ne sait s'ils furent occupés. Leurs bas-reliefs imposent le style dit amarnien : élongation du corps et des visages, maniérisme et sensualité. Les principaux hypogées sont les tombeaux de Houya chambellan de la reine, Méryrê scribe royal, Ahmès porteur d'éventail du roi, etc.

11° JOUR : VIEUX CAIRE : ÉGLISES SAINTS SERGE ET BACCHU - SYNAGOGUE BEN EZRA - MOSQUÉE RAFAAR - CÉLÈBRE BAZAR KHAN EL KHALILI

En fin de matinée, nous commençons la visite du vieux Caire par l'église Saint Serge, ou la Sainte Famille (Joseph, Marie et Jésus) a été cachée pendant son séjour en Égypte. Nous visitons ensuite la synagogue Ben Ezra pour finir par la mosquée Rafaar.

MUSÉE DU CAIRE

En fin d'après-midi, nous reprenons le bus pour aller au musée du Caire. Il semble impossible dans le cadre de résumé de citer le contenu du musée, aussi me contenterai-je de citer que quelques éléments cités comme marquants.

Au rez-de-chaussée : la palette de Narmer, la statue de Djéser, les triades de Mykérinos, le porteur de Niankhpépi, les reflets du mastaba de Kæmrebou, la statue de Khephren, la statue du cheikh El-Beled, les oies de Meïdoum, le nain Séneb, les statues de Rahotep et Néfret, la statue de Montouhotep, l'expédition de Pount, la chapelle d'Hator, le buste d'Hatshepsout, la statue colossale d'Akhenaton (mi homme mi femme), la Ka du roi Aouibrê-Hor, le buste de Néfertiti, la statue de Ramsès II enfant, le buste de Mérytamon, la statue de Taoueret. À l'étage : Les archers nubiens, le comptage des troupeaux, la vaisselle d'or de Psousennès, la tête du faucon (Horus), le diadème de Sat-Hathor Iounet, le masque d'or de Toutankhamon, la statue d'Anubis, le trône royal, le coffret peint, la paire des statues du Ka royal.

LE SPHYNX

Le sphinx (nom grec venant de l'égyptien shespankh  statue vivante ») est un monstre fabuleux dont l'origine est essentiellement égyptienne. On le trouve représenté sous la forme d'un lion couché, avec un buste d'homme ou de femme ; quelquefois il a une tête de bélier ou d'épervier. De là, plusieurs classes de sphinx : les androsphinx (sphinx à tête d'homme), les criosphinx (sphinx à tête de bélier) et les hiérocéphales (têtes sacrées).. Le sphinx de Gizeh représente le symbole de la puissance souveraine, gardien des portes orientales et occidentales du monde souterrain, était le gardien des lieux de culte ; le clergé d'Héliopolis lui donna une tête humaine, celle d'Atoum, et ainsi naquit le sphinx dont celui de Gizeh exécuté sur l'ordre de Khephren, est le plus ancien et le plus gigantesque. Un tertre naturel de calcaire fut taillé pour devenir le gardien de la nécropole royale et de la porte occidentale, par où partent le soleil et les morts. D'autres sphinx de plus petite taille furent sculptés devant l'entrée du temple funéraire du même pharaon. Les représentations de sphinx, ou la tête humaine d'Atoum était celle du roi qui s'identifiait au dieu, se multiplièrent au Moyen Empire pour garder les temples funéraires des rois, sculptés souvent le grès rose. Ceux-ci furent réutilisés surtout par les Hyksos. Au Nouvel Empire, la paire de sphinx qui gardait l'entrée du temple fut multipliée en une véritable allée, bordée de sphinx au visage du souverain régnant qui conduisait à l'entrée du sanctuaire. Le désir d'assimiler le sphinx à la divinité du sanctuaire qu'il protégeait fit qu'on modifia ces monstres androcéphales en les couronnant du pschent, en leur donnant une tête de faucon ou une tête de bélier, comme à Karnak, où le bélier est consacré à Amon ; dans ce dernier cas, le sphinx se transforme en un bélier, qui se multiplie le long des avenues menant au temple d'Amon.

72,55 m. de long, 20 m. du sol au sommet de la coiffe (12,40 m. au niveau du dos), près de 5 m. entre les oreilles : le sphinx de Gizeh est la plus monumentale statue laissée par les anciens Égyptiens et peut être considéré comme le prototype monumental des sphinx royaux. Seuls les colosses d'Abou Simbel peuvent lui être comparés. Il est presque entièrement taillé dans un seul bloc de rochers et sa construction aurait été effectuée antérieurement aux trois pyramides. Il n'est vraiment pas possible que les Égyptiens aient entrepris ce travail colossal pour le seul plaisir de faire œuvre de sculpteur. Il paraît certain que cette forme avait un autre but et les rayons qui s'en dégagent sembleraient indiquer que le sphinx possédait un rôle radiesthésique de première importance et qu'il fut probablement un lieu d'initiation. Si l'on étudie le sphinx dans le cadre qu'il occupe en Égypte (sur l'une des planches de Champollion) et cela à l'aide d'un détecteur et d'un témoin vide, on constate des réactions positives sous la masse de l'animal. Ces réactions semblent se situer à l'emplacement où normalement doit se trouver l'intestin. On détecte une sorte de labyrinthe dont l'une des extrémités vient mourir sous la grande pyramide de Kheops.

Nous prenons quelques minutes pour méditer en silence quasiment entre les pattes du sphinx, là où les écoles de mystères devaient se réunir. Nous profitons ensuite de cet instant privilégié pour faire une photo de groupe, et aussi avec les organisateurs du voyage.

LA GRANDE PYRAMIDE DE GIZEH

L'origine du nom  Pyramide » a donné lieu à plusieurs interprétations. Les mots chaldéens  Urim-middin » voulaient dire  Les Lumières et les Mesures ». Or en chaldéen et en hébreu,  Urim » s'appliquait à la  lumière » dans le sens de  révélation ». L'interprétation, la plus précise, serait peut-être celle de la langue copte (égyptien pharaonique)  pirimit » ou  piremit » signifierait la  dixième partie » ou  le dixième des mesures ou nombres ».

C'est sur le plateau calcaire de Gizeh, au nord-ouest de Memphis, que se dressent les trois grandes pyramides de trois rois de la IV° dynastie, Kheops, Khephren, et Mykérinos. Elles avaient reçu des noms qui révèlent l'emprise de la religion solaire et de la destinée solaire du roi :  Horizon de Kheops »,  Grand est Khephren »,  Divin est Mykérinos ». La perfection de l'architecture pyramidale est atteinte dans ces trois monuments, aux proportions jamais égalées depuis. La plus gigantesque, Kheops, mesure 230 m de côté et culminait à 146,59 m. Son revêtement en calcaire de Toura a été presque entièrement détérioré.

La construction de ce monument nous laisse entrevoir les connaissances que les Égyptiens possédaient dans tous les domaines, tant en astrologie, en mathématiques qu'en géographie, sont d'une précision qui confond encore actuellement les savants les plus qualifiés. Comment expliquer cette science si complète à une époque où les instruments de précision étaient loin d'égaler les nôtres ? Ils ont construit Kheops sur le 30° à partir de l'équateur, et sur un méridien qui a, tout à la fois, la particularité, non seulement de diviser le Delta du Nil d'une façon précise par le croisement des diagonales, mais de diviser aussi les parties émergées de notre terre en deux fractions égales, tout en traversant le maximum de continents. À une époque où la science et la construction navale ne permettaient pas l'aventure et l'exploration d'un hémisphère à l'autre, une telle précision demeure un mystère. Les cartes anciennes, même postérieures aux siècles pharaoniques, étaient de vagues ébauches qui ne représentaient aucunement la réalité géographique exacte. Pour être parvenus à de tels résultats, deux hypothèses s'imposent à notre jugement : ou les Égyptiens détenaient les secrets d'un lointain passé, de cette génération des  Atlantes » qui les avaient précédés et dont ils étaient les descendants ; ou ils auraient mis à contribution leurs prodigieuses connaissances notamment radiesthésiques.

Kheops a été en partie démantelée, au cours des siècles, et de nombreux blocs ont servi à construire notamment la mosquée Sultan Hassan au Caire dans une anarchie de polarité. Si la grande Pyramide de Kheops fût construite en son temps sur des postulats électromagnétiques et radiesthésiques alors quelle puissance devait-elle émaner sur les forces initiatiques du pays ! Toute la géographie mystique de l'Ancienne Égypte était départagée selon les quatorze parties du corps d'Osiris déchiqueté, les quatorze centres vitaux du pays : ses hauts lieux toujours actuels. Des études de géobiologie nous enseignent que ces gigantesques bâtisses pharaoniques ont ceci en commun que le réseau Hartmann (qui couvre la planète) forme un véritable barrage de 18 lignes telluriques devant le pourtour des bâtiments, et le visiteur qui va les franchir, pour autant qu'il soit un peu sensible, les enregistrera comme un frein, comme un obstacle invisible, et ceci malgré la détérioration des pyramides. Ce genre de cordon d'obstruction ou de protection entourant ces géants se détecte aussi bien autour de Kheops qu'autour des pyramides abritant des tombeaux, telle que la pyramide en gradins de Sakkarah où repose Ptah, patron des artisans de Memphis. Et on retrouve ce même phénomène autour des plus célèbres temples de Louxor, Karnak, Thèbes et Kom Ombo, ainsi que deux tombeaux dans la vallée des Rois. La question se pose de savoir si ces lignes, du réseau H, condensées à l'extérieur des murs comme pour les protéger, ne seraient pas absentes à l'intérieur du bâtiment. Et bien c'est ce que l'on peut constater partout : le quadrillage tellurique est repoussé dans les bords de l'édifice de sorte que l'intérieur jouit d'une immense zone neutre, exempte de rayon H.

La Grande Pyramide, selon l'hypothèse de nombreux savants et chercheurs, a été conçue d'une façon très spéciale par quelqu'un qui était un génie en mathématiques, physique, géologie et astronomie, pour ne nommer que quelques-unes des sciences appliquées dans cette structure particulière. Les proportions et les angles composés de Kheops en font l'instrument efficace pour l'arpentage, le calcul des longitudes et des latitudes, l'établissement d'un système universel de mesures, l'observation des étoiles d'une façon aussi précise qu'avec un télescope, et la réalisation de problèmes mathématiques impossibles comme la quadrature du cercle. Si la Grande Pyramide n'a pas été utilisée pour tout ce que nous venons de nommer, alors nous avons affaire à un hasard des plus sensationnel. L'un des problèmes de l'énergie des pyramides est qu'elle ne peut être mesurée par aucun dispositif communément utilisé pour l'électricité ou le magnétisme. Elle se comporte parfois comme l'électricité, parfois comme le magnétisme, et parfois même comme la lumière, tout en étant très différente. C'est ce qui explique les difficultés que l'on a à la mesurer. Il semble toutefois certain que de nombreux initiés supérieurs, et pas des moindres, sont venus en pèlerinage à la Grande Pyramide durant des millénaires, rechercher une initiation ultime à l'endroit qui fait fonction de Naos ou troisième œil et ou s'élèvent des vibrations dépassant les normes habituelles. C'est le lieu où il n'y a plus rien de physique, ni même d'éthérique, seule la pure vibration spirituelle. Cet emplacement n'était destiné qu'au pharaon et aux prêtres initiés. Aujourd'hui encore cette vibration ne nous permet pas d'y stationner ; l'endroit est trop violent. Il ne faut pas oublier que les initiés y arrivaient après une longue préparation, un entraînement à l'élévation successive de leurs propres vibrations, afin de pouvoir consciemment s'adapter à la vibration divine et de la supporter ; il ne faut pas s'étonner si un tel haut lieu, le visiteur sans aucune expérience, ne se sente pas bien dans sa peau.

À ce stade, il est intéressant à décrire un peu plus profondément le plan de la Pyramide en reprenant intégralement des passages du livre de Georges Barbarin,  Le secret de la Grande Pyramide » (J'ai lu - L'aventure Mystérieuse) :

Couloir d'Entrée. Celui-ci s'ouvre sur une porte extérieure au niveau de la seizième assise. Le bloc pivotant ne fut connu des violateurs d'Al-Mamoun que quand ceux-ci furent remontés jusqu'à lui en venant du premier passage. Au-dessus de l'entrée extérieure, un système de blocs disposé dans la maçonnerie d'une façon particulière empêchait l'entrée de s'obstruer en cas d'affaissement ; le couloir d'entrée descend obliquement durant plus de 28 mètres. Parvenu à cette distance, il continue dans le même axe par le Couloir Descendant. Mais un autre couloir, dit Couloir Ascendant, part du même point et se dirige vers la partie avoisinant le centre de la Pyramide. C'est à l'intersection de ces trois couloirs que se trouvait le  Le Linteau Caché » ou pierre triangulaire destinée à masquer l'existence du Couloir Ascendant. Le Couloir d'Entrée représente, d'après le Livre des Morts, la période de préparation et d'initiation au mystère de l'univers dans un âge qui a spirituellement dégénéré depuis la construction de la Pyramide.

Couloir Descendant. Celui-ci continue à descendre suivant le même axe pendant 77 mètres, après quoi il arrive à un petit couloir horizontal qui aboutit lui-même à la Chambre Souterraine. Sa hauteur moyenne est de 1 m 32 environ et sa largeur de 1 m 06. Mis tandis que le passage d'entrée et tout le reste du système de chambres et de couloirs est compris dans la maçonnerie de la Pyramide, le Couloir Descendant, à part quelques mètres du début, est tout entier creusé dans le roc qui sert de soubassement à l'édifice. On y trouve un certain nombre de fissures résultant d'un tassement d'origine ancienne, qui motiva, en des temps reculés, plusieurs interventions. La principale, de celles-ci, consiste en une galerie forcée dont le point de départ se trouve presque à la fin du Couloir Descendant, après les deux grandes fissures. Le symbolisme du Couloir Descendant est celui de la dégradation de l'homme qui, n'ayant pas trouvé la voie remontante vers la Vérité s'enfonce dans les ténèbres du sous-sol. La chambre souterraine. Celle-ci ou fosse est à cent pieds au-dessous de la première assise de la Pyramide. Elle présente cette particularité d'avoir un plafond lisse et uni comme un plancher et d'offrir, au contraire, un sol de rocher, brut et raboteux. On dirait, en un mot, que cette chambre a été construite à l'envers. Les textes égyptiens lui attribuent une portée allégorique très curieuse. La Cambre Souterraine symbolise la Folie et les Hommes y sont représentés comme déambulant avec des gestes insensés. Là, tout est sens dessus et dessous. Les hommes marchent au plafond dans une attitude renversée comme les mouches et, à coups de hache, s'arrachent le cerveau.

Le Premier Passage Ascendant. Celui-ci commence à son intersection dans le Couloir d'Entrée et le Couloir Descendant. Il a, comme ceux-ci, une section moyenne de 1 m 06. il monte en pente accentuée durant une quarantaine de mètres jusqu'à sa jonction avec le début de la Grande Galerie (qui est d'ailleurs dans le même axe) et avec le début du Passage Horizontal. Le symbolisme des deux passages ascendants les désigne sous le nom de  Double Salle de la Vérité ». le premier passage ascendant, seul, porte dans le Livre des Morts égyptien le nom de  Salle de la Vérité dans l'Ombre ». Le symbolisme architectural l'a traduit par un couloir étroit et assez bas. Il est à noter toutefois que, bien qu'il ait la même section que le Passage Descendant, l'homme courbé y marche beaucoup plus à l'aise.

Le Passage Horizontal et la Chambre de la Reine. Le Passage Horizontal a la même section que le Couloir Ascendant, mais sa hauteur paraît plus petite. Aux derniers mètres, après le passage d'un degré, le sol s'abaisse et le couloir aboutit après 38 mètres à la Chambre de la Reine qui mesure 5 m 23 x 5 m 76. Le Passage Horizontal et la Chambre de la Reine symbolisent l'époque de la Renaissance spirituelle et la  Venue de la Vraie Lumière dans l'Orient » durant les  derniers jours de la Loi ».

La Grande Galerie. À partir du point de jonction du Passage Ascendant et du Passage Horizontal, le plafond s'élève d'un seul coup jusqu'à une hauteur de 8 m 60. La pente (26°) reste la même. La Grande Galerie continue à demeurer assez resserrée, c'est-à-dire que sa largeur principale est à peine de plus d'un mètre. Mais en réalité, deux rampes, percées de trous réguliers, et qui sont maçonnées de part et d'autre, l'élargissent. Sa longueur au sol est de 47 m 85 ; elle est, au plafond de 46 m 63. Ses parois comportent sept assises dont chacune déborde sur l'assise inférieure. Il en résulte que, suffisamment large à sa base, la Grande Galerie est très étroite au plafond. Toujours dans le Livre des Morts égyptien, l'Initié doit justifier de son courage et de sont intégrité avant d'être admis dans la Grande Galerie qui est la  Salle de la Vérité dans la Lumière » ou  Chambre Lumineuse de l'Orbite » et de nouvelles preuves de ses progrès et de sa sagesse seront exigées de lui avant qu'il ne soit admis au Grand Degré.

Le Grand Degré. La rampe de la Grande Galerie finit au Grand Degré après lequel la largeur de la Grande Galerie redevient identique à celle du Passage Ascendant. La hauteur de la Grande Galerie décroît de même, par assises successives. Au bout de 1 m 50 environ avec le Grand Degré, elle se termine à l'entrée du Premier Passage Bas. Le symbolisme du grand Degré est  Le Commencement de la Préparation » en vue de la  Consommation de l'Âge » et de la  Restitution de toutes choses ». En matière astronomique, l'intersection de l'axe de la Grande Galerie et de l'arête du Grand Degré se produit sur le Circuit de la Précession qui est la cinquantième assise, exactement sur le même plan que le sol de la Chambre du Roi.

Les Passages Bas et l'Antichambre. La hauteur des Passages Bas, interrompus momentanément par l'Antichambre, est inférieure à un mètre. On ne peut donc y passer qu'en se tenant très courbé. Leur longueur totale, sans l'antichambre, est de 3 m 88, dont 1 m 32 pour le Premier Passage Bas (avant l'Antichambre) et de 2 m 56 pour le Second Passage Bas (après l'Antichambre et avant la Chambre du Roi). Sur les murs de l'Antichambre se trouvent des revêtements de granit comportant des entailles verticales. En outre, une plaque épaisse et verticale, également de granit encastrée par un côté dans la muraille Est, présente une saillie en fer à cheval de 63 centimètres de circonférence et de 2 centimètres et demi de relief. La partie inférieure de la plaque de granit est exactement au niveau du plafond des Passages Bas, de sorte que, même après s'être redressé dans la première partie de l'Antichambre, le visiteur est obligé, avant de pénétrer dans la deuxième partie de celle-ci, de se baisser à nouveau. Le Premier Passage Bas est construit en pierre calcaire. Le deuxième Passage Bas est construit en granit rouge. Cet ensemble architectural est d'une haute importance dans le symbolisme des anciens Égyptiens. Il s'applique tout entier à la  Période du Chaos », déjà structurellement annoncée par le fait que, à partir du Grand Degré, l'ascension de l'Homme vers les hauteurs est interrompue et qu'il chemine, à partir de ce moment, sur un plan horizontal. L'Antichambre porte, dans le rituel égyptien l'appellation de  Chambre du Triple Voile », correspondant à une période de  Trêve dans le Chaos ». Du point de vue initiatique, les entailles parallèles verticales creusées dans le revêtement granitique des parois Est et Ouest étaient symboliquement destinées à recevoir les écrans successifs qui, en s'écartant, démasquaient l'entrée de la chambre la plus secrète, le Saint des Saints. L'Antichambre était donc le lieu où commence à se  lever le Triple Voile ». En entrant dans l'Antichambre, l'Adepte, non encore devenu Maître, témoignait une nouvelle fois de son humilité devant les mystères en se baissant pour passer sous la plaque verticale de granit et enfin, au bout de l'Antichambre, il s'engageait, le dos fortement courbé, dans le Dernier Passage Bas, symbolisant  l'Humiliation Finale » et pénétrait dans la chambre ultime en s'écriant :  J'ai ouvert les Portes? Béni soit Celui qui est dans le Coffre, car tous les mots auront leur passage fait vers Lui ! »

La Chambre du Roi. Le deuxième Passage Bas aboutit à l'extrémité Est de la Chambre dite communément du Roi, bien que cette dénomination ne soit justifiée ni par l'ancienne tradition ni par les textes. C'est une vaste salle de 10 m 46 de long sur 5 m 23 de large et 5 m 58 de haut. Cette pièce assume les désignations les plus symboliques du Livre des Morts. Elle est la  Chambre du Mystère et de la Tombe Ouverte », la  Chambre du Grand Orient » des anciennes prophéties égyptiennes messianiques, la  Salle du Jugement et de la Purification des Nations », le  Retour de la Vraie Lumière qui vient de l'Ouest », la  Présence Littérale du Maître de la Mort et du Tombeau », signifiant ainsi que  la Mort est submergée par la Lumière » et que  Dieu vit à jamais ». Elle est entièrement nue et ne contient que le Coffre, sorte de sarcophage en granit rouge dont le polissage est parfait. On a longtemps cru que c'était là le tombeau des anciens Pharaons, mais depuis on s'est aperçu que le Coffre ne pouvait avoir reçu cette destination : 1° Parce qu'il ne comporte pas de couvercle. 2° Parce que ses dimensions prouvent qu'il n'a pu être introduit par les Passages Bas, mais qu'il a été inséré dans l'édifice au moment ou l'assise correspondante de la Pyramide était en construction. Le Coffre a les dimensions intérieures suivantes : 1 m 97 de longueur, 0 m 68 de largeur, avec une profondeur de 0 m 85. son volume extérieur représente le double de son volume intérieur, qui est de 69.000 pouces pyramidaux. Sa capacité cubique équivaut, à un sept millième près, à celle de l'Arche d'Alliance construite par Moïse, telle qu'elle est décrite dans la Bible et à celle de la Mer d'Airain vase célèbre construit par Hiram pour le Temple de Salomon, étudié par Arago et dont les mesures se trouvent dans le Livre des Rois ».

Nous terminons ici le texte de Georges Barbarin. Pour clore sur la Chambre du Roi, nous pouvons dire que de nombreux étrangers, postulants à l'initiation égyptienne, sont venus, pendant des millénaires, de tous les coins du Monde pour y vivre l'une des plus grandes initiations eu égard aux dispositions exceptionnelles de la Grande Pyramide. La Tradition dit que notamment les Grecs Thalès de Milet et Pythagore furent initiés dans cette Chambre du Roi.

Réflexions initiatiques. Dans cette Chambre du Roi, et eu égard aux hautes vibrations du lieu, chaque membre du groupe va essayer de vivre intérieurement une cérémonie de haute initiation de son choix. Pour ma part, je me transporte en ce lieu au VI° siècle avant l'ère chrétienne. Pythagore est là, au centre, recouvert d'une étoffe noire et allongé dans le coffre de granit rouge. Autour du coffre les prêtres initiateurs, portant les tenues de Thot, Isis, Osiris, Horus et Anubis, et autres, sont immobiles et en concentration. Tout autour de la Chambre, le long des murs, les prochains postulants à l'initiation attendent leur tour. La Chambre est éclairée par des chandelles. Sous la forme d'une mélopée répétitive, ils invoquent le dieu Râ (ou Rê) et la déesse Maât. L'ambiance est progressivement à électromagnétisme à haute fréquence. L'Osiris, après sa concentration, s'approche du coffre, enlève le voile noir, psalmodie des textes sacrés et ensuite aide Pythagore à se relever. À ce moment, celui-ci renaît symboliquement et sa résurrection se complète par la connaissance des plus profonds mystères du ciel. Ensuite chaque postulant passe par la même initiation. J'arrête ma méditation et nous revenons tous progressivement à la réalité et quittons la Grande Pyramide avec beaucoup de nostalgie.

L'après-midi nous avons quartier libre et faisons du shopping. Le soir nous partageons notre dîner d'adieu à l'hôtel avec toute l'équipe organisatrice, ainsi que notre guide égyptien.

15° JOUR : FIN DU VOYAGE ET RETOUR AU PAYS

Nous partons pour l'aéroport, les yeux émerveillés, la tête remplie à ras bord, mais le cœur un peu triste de quitter ce somptueux pays et cette amitié constituée au cours de ces prodigieux 15 jours. Mais le temps et l'espace n'existent pas pour l'âme et nous serons toujours ensemble au sein de l'âme-groupe que nous avons constituée.

BIBLIOGRAPHIE

Au-delà des souvenirs fugitifs, j'ai eu recours, pour rédiger ces quelques pages, aux ouvrages suivants :

• L'Encyclopædia Universalis.

• Égypte - Guides Bleus - HACHETTE.

• Le Secret de la Grande Pyramide - Georges Barbarin- L'aventure mystérieuse - J'AI LU.

• Hauts-Lieux cosmo-telluriques - Blanche Merz - Énergies subtiles méconnues - GRORG éditeur Genève.

• Essai de radiesthésie vibratoire - L. Chaumery et A. de Bélizal - DESFORGES Paris.

• Le Temple dans l'Homme - R.A. Schwaller de Lubicz - DERVY.

• Akhenaton et Néfertiti, le couple solaire - Christian Jacq - Les énigmes de l'univers - ROBERT LAFFONT.

• Voyage dans l'Égypte des Pharaons - Christian Jacq - ROBERT LAFFONT

• Akhenaton le pharaon mystique - Cyril Aldred - Jardin des Arts - TALANDIER.

• Dictionnaire de la civilisation égyptienne - LAROUSSE.

• Les Temples de Nubie le long du Nil Esnèh, Edfou, Kom Ombo - Giovanna Magi - EB BONECHI.

• L'Égypte - Léonard Cottrell - ARTHAUD.

• Histoire de l'Égypte Antique - ÉDITIONS DU ROCHER.

• L'Égypte des déesses et des dieux - ÉDITIONS DU ROCHER.

• La lecture des hiéroglyphes - ÉDITIONS DU ROCHER.

• Les grands pharaons d'Égypte - ÉDITIONS DU ROCHER.

• Mystères et initiations de l'Égypte ancienne - S. Mayassis - ARCHÈ MILANO

• Le fabuleux héritage de l'Égypte - Christiane Desroches-Noblecourt - Éditions TÉLÉMAQUE.

• Le Mystère du Grand Sphinx - Robert Bauval et Graham Hancock - ÉDITIONS DU ROCHER.

• Mystères initiatiques - Henri Durville - PERTHUIS ÉDITIONS DURVILLE

• Les portes du temple - Henri Durville - PERTHUIS ÉDITIONS DURVILLE

• Le Livre des Morts égyptien - Jean-Yves Leloup - ALBIN MICHEL

Fait à Deauville, le 5 MARS 2007.

PHILIPPE LASSIRE